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Les Trimarans signés VPLP expliqués par Vincent Lauriot-Prévost

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02/2010 –

Le début de l’année 2010 est marqué par l’omniprésence des Multicoques, avec la 33ème Coupe de l’America et le Trophée Jules Verne. Engagé dans les 2 compétitions avec BMW Oracle d’un côté, Groupama 3 et Maxi Banque Populaire de l’autre, le cabinet d’architectes navals VPLP est au cœur de cette actualité. NauticNews.com a interviewé Vincent Lauriot-Prévost, l’un des 2 associés du cabinet, pour qu’il nous présente les choix architecturaux de ces 3 bateaux et qu’il nous parle des différents projets de VPLP.

NauticNews.com : Groupama 3 est en mer pour le Trophée Jules Verne, Banque Populaire V en Stand By et BMW Oracle est engagé sur la 33ème Coupe de l’America. Vous avez dessiné ces 3 bateaux, pourquoi avoir fait 3 Trimarans ?

Vincent Lauriot-Prévost : Il faut dissocier la démarche architecturale. Groupama 3 et Banque Populaire V  sont des bateaux de large, faits pour traverser l’océan et effectuer des tours du monde. Oracle a été quant à lui optimisé pour des régates en baie avec une force de vent faible ainsi qu’un état de mer faible. En plus, au moment de la conception de ce dernier nous ne connaissions ni la date, ni le lieu de l’événement. Nous avions un spectre assez large de scénarios possibles. Nous avons donc opté pour une formule polyvalente, le Trimaran.

NN : Pour la Coupe de l’America, est-ce que ce n’est pas finalement la météo qui va désigner le vainqueur entre le Catamaran d’Alinghi et le Trimaran d’Oracle ?

V.LP. : La météo va y contribuer mais la fiabilité également. Celui qui aura le moins de soucis techniques sera sûrement celui qui l’emportera. Il faut voir que ce sont des bateaux qui n’ont quand même pas énormément navigué. Leurs phases de développement sont allées très tard dans le timing, et ont retardé la fiabilisation. Je pense que la fiabilité va être un atout important, comme les conditions météo car on sait qu’il y‘en a qui a plus d’atout que l’autre dans des conditions bien définies.

NN : Justement, quelles sont les conditions idéales pour Oracle ?

V.LP. : Je pense que c’est à partir de 7/8 nœuds de vent jusqu’à au-dessus [comme lors de la 1ère régate courue quelques jours après cet interview, ndlr]. En dessous, on ne sait pas trop car même si le bateau a énormément progressé dans ces phases-là, on sait que le Catamaran Alinghi a été dés le début de sa conception typé pour ce genre de conditions.

NN : Quel a été le rôle de VPLP dans la conception d’Oracle ?

V.LP. : Nous avons été designers dans la première partie et collaborateurs dans la phase de développement. On peut considérer que c’est nous les architectes du bateau. Dés l’origine, ses mensurations, toutes ses cibles et caractéristiques de performances, la plate-forme, la coque centrale, les flotteurs, les bras, et les implantations de tous les éléments viennent de notre agence. Après il y a eu énormément de développement et de modifications, dont l’aile, mais le bateau est quand même signé par notre cabinet.

NN. : Que vous a apporté cette expérience ?

V.LP. : C’est important pour une équipe comme la nôtre de pouvoir collaborer avec des gens de ce calibre et avec des budgets de recherche de cette importance. On a acquis aujourd’hui une expérience et une banque de données sur le fonctionnement de ces bateaux qui nous font progresser et vont nous faire encore progresser. Cette forme d’acquis pour l’agence est très importante.

NN. : Parler nous maintenant de Groupama 3 et du Maxi Banque Populaire.

V.LP. : Pour Groupama 3 et Banque Populaire V, nous avons également opté pour la polyvalence des Trimarans. Dans le Trophée Jules Verne, il faut un bateau capable de bien gérer les systèmes météo différents rencontrés dans l’Atlantique Nord, puis le Sud, puis l’Indien, le Pacifique et enfin les 2 atlantiques.

NN. : Pourtant le Trophée Jules Verne est détenu par Orange 2, un catamaran.

V. LP. : On pense que pour battre le record il faut améliorer les performances dans les trajets Nord/Sud et Sud/Nord. Groupama 3, lors de ses 2 premiers départs [le 3ème étant en cours au moment de l’interview, ndlr], est parvenu à tenir les cadences d’Orange 2, même dans des conditions non optimums. Cela nous a donné la confirmation que ça marche bien dans ces phases-là. Il faut qu’ils concrétisent ensuite.

NN. : Groupama 3 a subi des avaries lors de ses 2 premières tentatives, est-ce que les Trimarans sont plus fragiles ?

V.LP. : Les Trimarans sont peut-être un peu plus vulnérables avec leur flotteur au vent dans des conditions de mer extrêmement fortes et croisées. Là où un Catamaran est posé sur ses 2 coques, le Trimaran a toujours un flotteur en l’air. Ce flotteur est peut être secoué et sollicité, et je crois qu’il faut avoir une attention particulière. Le talon d’Achille de ces bateaux est sûrement là.

NN : Pour finir, vous pouvez nous en dire plus sur le projet MOD 70′ [Multi One Design 70 pieds, ndlr] ?

V.LP. : Le projet MOD 70’ est un projet de courses Off Shore, Tour de l’Europe ou Tour du monde en équipage de 6, sur des Trimarans de 70 pieds. C’est un peu la relève de l’Orma. Un premier bateau est en construction pour Steve Ravussin tandis que Michel Desjoyeaux vient de signer pour le second. C’est une monotypie stricte, les voiles seront également fournies, avec au maximum 12 unités, dont 4 seulement pourront être détenus par des coureurs de même nationalité. Cela a pour but d’internationaliser cette flotte dont le circuit sera en place pour 2012. Je crois qu’il y a à ce jour une vingtaine candidatures.

Propos recueillis le 5 février 2010.

Tags sur NauticNews.com : Cabinet VPLPBMW OracleGroupama 3Banque Populaire VTrophée Jules VerneCoupe de l’AmericaMOD 70’

Crédit Photo et Informations : Site de VPLP.

-NG-

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