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Gianni Zuccon : « Je me bats pour rester au sommet »

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08/2010 –

On ne présente plus Gianni Zuccon. Pourtant, cet architecte italien, à la tête du bureau romain Zuccon International Project, est un homme de l’ombre. Parlez-lui de son épouse, Paola Galeazzi, de l’intraitable Norberto Ferretti, du design, des yachts, de la crise, de l’écologie, du futur… Parlez de tout, sauf de Gianni Zuccon ! NauticNews.com publie un témoignage saisissant de celui qui veut se surpasser en toute modestie.

NauticNews : Comment est née votre attirance pour le nautisme ?
Gianni Zuccon : Je suis né à Rome en 1944, et depuis que je suis môme je dessine des bateaux. Navette, vieux gréement, peu importait le style ! J’éprouvais une sorte d’attirance pour les objets flottants. Plus tard, je me suis passionné pour le design tout court. Et me voilà !

NN : Vous avez obtenu votre diplôme d’architecture navale à l’Université de Rome dans les années 60. Est-ce que les architectes d’aujourd’hui sont formés différemment ?
GZ : Oh que oui ! Dans les années soixante, on nous enseignait qu’il fallait toucher à tout. De la cuiller aux villes, nous disait-on. Aujourd’hui, l’accent est mis sur la spécialisation. Et pourtant, je sais par expérience qu’il faut être capable de se diversifier. De toute façon, j’ai horreur de me borner à un seul domaine.

NN : Quand et où avez-vous commencé à exercer votre métier ?

GZ : En 1976, nous avons remporté avec mon épouse l’appel d’offres lancé par la chantier Posillipo pour dessiner un bateau de plaisance. C’est comme cela que tout à démarré. Très vite, nous avons atteint les sommets. Mais je peux vous assurer qu’aujourd’hui encore, nous devons nous battre pour garder nos entrées à l’Olympe.

NN : Vous avez créé votre bureau d’architecture avec votre épouse. Quels sont les avantages et les inconvénients de travailler avec son partenaire ?
GZ : Le fait est que nous nous connaissons parfaitement, cela aide beaucoup dans notre travail ! Ce n’est pas notre cas, mais je pense que le principal problème de travailler en couple est de céder à la compétition.

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NN : Lesquels de vos yachts considérez-vous comme les plus réussis et pourquoi ?
GZ : On dit toujours que le prochain sera le meilleur.

NN : Avez-vous un yacht favori ?
GZ : Pas vraiment. Cependant, j’ai un fort penchant pour les gammes qui restent longtemps sur le marché, comme la Custom Line 94, née en 1995.

NN : Comment avez-vous rencontré Norberto Ferretti ? Quel homme est-il au travail ?

GZ : Je l’ai rencontré avec son frère en 1990 à l’occasion d’un projet pour une nouvelle gamme de yachts et pour améliorer la qualité des produits. C’est le plus difficile de mes clients. Il est très exigent et très compétent puisqu’il est également designer… Tant et si bien que je ne pense pas travailler avec quelqu’un d’autre.

NN : Comme tous les architectes vous avez dû avoir des passages à vide. Comment avez-vous réussi à passer outre ?
GZ : Bien sûr que j’ai eu des moment difficiles ! Je pense que le secret pour les surmonter est d’aller de l‘avant et surtout garder un certain amour pour son métier. Je pense d’ailleurs que c’est le seul moyen de résoudre tous les problèmes au travail.

NN : Que pensez-vous de la crise économique et financière d’aujourd’hui ?

GZ : Je positive, parce que je suis persuadé que c’est une occasion de nous améliorer.

NN : Vous sentez-vous concerné par l’écologie ?
GZ : Absolument ! J’ai eu la chance de pouvoir dessiner le Long Range 23 (Mochi Craft, ndrl) qui est, à ma connaissance, le seul yacht qui accède aux parcs aquatiques naturels interdits aux bateaux à moteur.

NN : Êtes-vous impliqué dans d’autres domaines de design ?
GZ : Depuis 1977, je m’occupe des nombreux projets de génie civil, comme les immeubles de bureaux pour la branche italienne de l’agence aérospatiale européenne.

NN : Il y a une tendance au gigantisme sur le marché nautique actuel. Quel regard portez-vous sur cette mode ?
GZ : Je pense qu’elle est utile. Cela donne une occasion de sortir des sentiers battus.

NN : Qu’avez-vous éprouvé lorsque vous avez reçu le prix du Pionnier du bateau le 8 juin dernier ?
GZ : De la joie ,bien évidemment. Le problème, c’est que depuis je fais une fixation sur mon âge !

NN : Le groupe Ferretti présente au Festival de la Plaisance de Cannes cette année au moins deux de vos bateaux – le Ferretti 800 et le Custom Line 124. Quelques mots sur ces yachts ?
GZ : J’ai dessiné ces yachts comme de véritables objets de design parce qu’il sont issus d’un processus d’innovation réelle.

NN : Quoi de neuf en 2011 ?
GZ :  Il y aura des bateaux de série et des semi-custom, mais surtout des mega-yachts custom de plus de 110 mètres.

NN : Comment voyez-vous le marché de la plaisance du futur ?
GZ : J’ai l’intime conviction que les armateurs vont passer aux yachts lents, silencieux, écologiques, et de plus en plus confortables.

Crédit photos : Zuccon International Project

Tags : Gianni ZucconZuccon International ProjectFerretti GroupNorberto FerrettiLong Range 23Custom Line 124Ferretti 800Posilippo

-KL-

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