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La victoire et le record pour FenêtréA-Cardinal sur la Transat Québec Saint-Malo

Ils étaient attendus mardi soir mais la météo en a décidé autrement. Après une ultime nuit à batailler dans les petits airs le long des côtes bretonnes, Erwan Le Roux et ses hommes ont finalement coupé la ligne d’arrivée de la Transat Québec Saint-Malo hier, à 7 heures 56 minutes et 05 secondes devant les remparts de la cité corsaire. Le Team FenêtréA-Cardinal s’adjuge ainsi la victoire sur cette huitième édition de l’épreuve et pulvérise le temps de référence avec un chrono de 9 jours 14 heures 21 minutes et 05 secondes, contre 11 jours 3 heures 19 minutes pour Franck-Yves Escoffier en 2008. Avec cette superbe victoire, le skipper morbihannais, Yvon Cardinal, Matthieu Souben et Antoine Carpentier entrent dans l’histoire de cette grande course et ouvrent une page heureuse pour FenêtréA et Cardinal.

Le dimanche 22 juillet dernier, les eaux du Saint-Laurent libéraient la flotte de l’édition 2012 de la Transat Québec Saint-Malo pour une bataille prometteuse. Annoncé comme le grand favori de ce rendez-vous, Erwan Le Roux entendait bien honorer son statut en s’imposant sur l’Atlantique, avec l’art et la manière, visant ainsi un nouveau temps de référence et une belle entrée en jeu pour sa première course océanique à la barre de son nouveau trimaran FenêtréA-Cardinal. Dans des conditions idéales, la navigation sur le célèbre fleuve offrait une mise en jambes parfaite, avant que la météo ne vienne cueillir à froid les marins :  » Le départ s’est fait dans de la brise avec du très beau temps. Toute la descente du Saint-Laurent a été exceptionnelle. Après ça s’est un peu gâté parce qu’on est sorti au près dans des conditions de vent raisonnables mais dans une mer désordonnée. Le bateau a beaucoup souffert et l’équipage aussi. On a eu du mal à s’amariner, à s’alimenter correctement. Le plafond nuageux était très bas, l’humidité à 100%. On a été tout de suite trempé et ça a duré neuf jours. Quand on a des conditions comme ça au départ, ce n’est jamais simple pour la suite. On a su trouver ensuite le bon rythme, une fois qu’on a passé Saint-Pierre « .

Aux prises avec une dépression bien décidée à les garder dans ses filets, les hommes de FenêtréA-Cardinal souffraient du « chahut » permanent. Privilégiant la raison et la préservation de l’équipage et du bateau, ils faisaient alors le choix de lever le pied pour laisser passer le phénomène indélicat :   » Quand on a vu qu’on avait la possibilité de faire une traversée de l’Atlantique jusqu’à Saint-Malo en quatre jours, on s’est dit que c’était bien, mais on pouvait aussi échapper au front qui nous tenait depuis plusieurs jours. On a décidé de ralentir sur les bancs de Terre Neuve. Le bateau était à 10 nœuds au lieu d’être à 25. Ce qui nous a fait prendre cette décision c’est que dans tous les cas, même en passant dans le front, on arrivait à la même date au Fastnet. On s’est dit autant attendre 24 heures, se reposer des trois jours qu’on a pris au près et pouvoir après enquiller des bonnes journées avec une mer belle. Il a fallu rester en arrière du front en attendant qu’il se résorbe. On a su renvoyer les voiles et attaquer dans le bon tempo. Après ça a été la traversée expresse, on a pris énormément de plaisir avec ce bateau qui est fait pour ça. On prend confiance avec ce genre de bateau, à aucun moment ça n’a été chaud. Quand on est arrivé au Fastnet, on avait encore 3 nœuds de marge. On arrive à garder une stabilité de 24 nœuds sous pilote avec juste une main sur l’écoute. On a pris beaucoup de plaisir à voler, surfer dans les trains de houle ces derniers jours « .

A compter de ce soir jeudi et demain vendredi, Saint-Malo va vibrer avec les arrivées en cascades des principaux protagonistes de la Transat Québec Saint-Malo. En classe Open d’abord, avec le dauphin point encore désigné d’Erwan Le Roux. Le Malouin Gilles Lamiré (Défi Saint-Malo Agglo) est suivi comme son ombre par Erik Nigon (Vers un Monde sans Sida). Les deux hommes viennent de contourner la marque du Fastnet au sud de l’Irlande et entament le sprint final vers la cité Corsaire à 270 milles de leurs étraves. Le régime de vent d’ouest est bien établi et devrait leur éviter l’épreuve rencontrée hier matin par le vainqueur Erwan Le Roux, « collé » dans une zone sans vent à quelques encablures de la ligne d’arrivée. Lamiré ou Nigon ? Nigon ou Lamiré ? Réponse la nuit prochaine.

La formidable bagarre qui anime la Classe des monocoques de 40 pieds depuis le départ de Québec le 22 juillet dernier tourne ostensiblement à l’avantage du Normand Halvard Mabire. Leader sur Campagne de France depuis le 29 juillet, il a repoussé tous les assauts et affiche par exemple ce matin une avance de 64 milles sur son dauphin d’hier, le jeune et talentueux Sébastien Rogues (Eole Generation-GDF SUEZ). C’est le tenace Allemand Jörg Riechers (Mare) qui est à présent l’outsider le plus sérieux pour empêcher Mabire, déjà vainqueur lors de la précédente édition, d’accomplir un doublé inédit dans cette transat en équipage d’ouest en est. Riechers a tiré cette nuit l’une de ses dernières cartouches en montant au-dessus de la route directe pour chercher un point névralgique où empanner, virer de bord au vent arrière, dans le fort flux de secteur ouest. Positionné dorénavant plus nord que le leader Mabire, il va plonger vers la Manche et Saint-Malo avec un angle au vent qu’il espère plus favorable à la haute vitesse pour combler son retard. Les classements du matin lui donnent pour l’heure raison, et l’Allemand qui fait équipe avec l’Américain Ryan Breymaier, et les Français Rémi Aubrun et Sam Manuard fonce à 14,6 nœuds de moyenne sur la route. A 385 milles de l’arrivée, Mabire a anticipé cette manœuvre de son adversaire le plus menaçant et a lui aussi empanné. Il va tenter de protéger son petit matelas de 33 milles d’avance et s’intercaler aujourd’hui entre son adversaire et la marque. En tout état de choses, c’est à une arrivée très serrée entre les deux hommes à laquelle le public malouin peut s’attendre dans la soirée de vendredi.

Le gros du peloton est à plus de 160 milles du leader. Il est désormais emmené par le Belge Michel Kleinjans (Roring Forty 2) qui vient imperceptiblement de se glisser devant Thierry Bouchard (Comiris-Elior) à la 5ème place du général. Tout ce petit monde envisage une somptueuse arrivée sous les remparts dans la journée de samedi prochain.

Crédit Photo: JM LIOT

Tag sur NauticNews: Transat Québec-Saint-MaloErwan Le Roux

– CP –

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