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Yacht Classique : Les romans d’Amadour

Amadour Régates Royales cannes 1

C’est en découvrant une photo d’Amadour en 2007, que Tom van der Bruggen, son propriétaire actuel,  tombe sous le charme de la coque. « C’était l’amour tout de suite de cette ligne « bananée » formidable », raconte t’il avec plaisir. « Mais il y avait beaucoup, beaucoup de travail à faire ». L’ancien ébéniste/menuisier confie à Gilbert Pasqui l’importante restauration du voilier de 28 tonnes, possédant 3.5 cm de teck massif sur des membrures en chêne et des menuiseries en acajou. Amadour passera 3 années au chantier de Villefranche-sur-Mer. Mais  grâce à l’intervention d’un nouveau passionné de ses courbes généreuses, le Ketch de 17 mètres hors tout, construit en 1938 à Marseille par l’ingénieur russe Lomakhine, poursuit en Méditerranée sa belle et tumultueuse histoire.

Le roman historique

Après avoir appartenu à un Monégasque, le voilier entre en possession du célèbre architecte Jean Walter à la fin de la seconde guerre mondiale dont la maîtresse Juliette Lacaze, dite Domenica, a hérité de l’impressionnante collection de tableaux de son défunt mari Paul Guillaume. A la mort de Jean Walter en 1957, et suite à un procès retentissant, le ministre de la culture de l’époque André Malraux fait saisir pour le musée de l’Orangerie 146 tableaux, dont 24 Renoir, 12 Picasso, 15 Cézanne, 10 Matisse, 29 Derain, 22 Soutine, qui deviennent la collection Walter-Guillaume. Amadour est vendu en 1961 au ministre du budget de Monaco qui durant 10 ans naviguera tout les étés à bord du Ketch désormais gréé avec des wishbones. Il sera ensuite détenu par un homme d’affaires allemand, puis un Français avant que le Hollandais Tom van der Bruggen ne soit séduit à son tour et décide de poursuivre l’histoire malgré l’ampleur des travaux.

Le roman maritime

Parfaitement restauré, Amadour sillonne désormais le circuit classique méditerranéen mené par la skipper Frédérique Brulé. Savourant particulièrement le moment où le moteur s’arrête et que ne reste que « la musique du voilier tiré par le vent », la Nantaise aime régater avec cet « objet très joli et très bien fait ». Surtout si la brise dépasse les 15 nœuds et qu’Amadour peut exprimer tout son potentiel. Aux Régates Royales 2011, NauticNews.com a pu apprécier le plaisir de naviguer à bord de ce voilier historique. Lorsque le spi de 180 m² reçoit un peu de pression, Amadour glisse sans à coup et dessine un sillage parfait. Au près, dépassant facilement les 6 nœuds, le voilier se montre équilibré. L’intérieur du bateau, tout en bois, aux bordées apparentes, est magnifique. Le pied de la table, en se dépliant prend la forme d’un violon et la cuisine a été astucieusement placée dans la coursive à la place d’une cabine. Suscitant la passion de ses propriétaires et des navigants, le grand voilier n’a donc pas fini de ravir les cœurs des amateurs de belle plaisance comme d’œuvres d’art.

Amadour Régates Royales cannes

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Crédit photos : Eleonore Diot

-NG-

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2 Commentaires

  1. Lux Odile 30 juin 2015 at 0 h 42 min

    nous souhaitons savoir si le mon que porte de très beau bateau AMADOUR à une relation avec Rocamadour dans le Lot en France.
    Saint AMADOUR repose au sanctuaire de Rocamadour.
    Rocamadour a aussi un vrai lien avec les marins
    merci par avance pour vos réponses

  2. Gilbert Millon 1 juillet 2015 at 10 h 12 min

    Dans l’émission TV Thalassa, FR3 vendredi 26 juin 2015, Tom Van der Bruggen a raconté que Lord Mountbatten, Grand Amiral de la Flotte anglaise…et Vice-roi des Indes, avait dû ôter ses chaussures pour monter à bord de l’Amadour, où il était invité par son ami Jean Walter.
    Pour l’avoir vécue, j’ai moi-même raconté cette anecdote à Mr Van der Bruggen, quand je l’ai rencontré sur l’Amadour en 2008.
    Pendant 10 ans, mon frère Georges Millon s’est occupé de l’entretien de l’Amadour (acheté par Jean Walter, sur ses conseils). Mon père, Elie Millon, en a été le capitaine, pendant la même période.
    Le jour d’été 1947 où Lord Mountbatten est monté à bord, avec ses chaussures de ville, mon père, qui venait de lui être présenté, s’est adressé à lui: « Amiral, s’il vous plaît, vos chaussures… » Lord Mountbatten s’est aussitôt aimablement excusé (en français) et s’est
    déchaussé sous l’œil amusé de Jean Walter et sous mes yeux stupéfaits. J’étais censé aider mon frère à quelques raccords de vernissage à l’avant du bateau. En vérité, juste pour voir le Vice-Roi!

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