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Solitaire du Figaro : incertitude totale

Alors que les premiers solitaires approchent à grands pas de la bouée d’Antifer (au Nord du Havre), tant le podium de cette quatrième étape que le classement final de cette 44ème édition de La Solitaire du Figaro-Eric Bompard cachemire sont totalement incertains : entre Adrien Hardy, Yann Eliès, Xavier Macaire et Yoann Richomme pour la pole position à Dieppe, entre Yann Eliès, Morgan Lagravière et Xavier Macaire pour la victoire finale…

Tous les scénarii sont envisagés mais aucun ne va peut-être refléter la réalité d’ici quelques heures… Car la forte brise d’Ouest qui souffle actuellement sur la Manche associée à une mer bien formée et un courant de marée montante laisse entendre que le rush de 55 milles entre Antifer et Dieppe va être extrêmement tendu !

Déjà que les 34 skippers encore en course se sont fait brassés pendant douze heures au portant le long des côtes anglaises avec jusqu’à 35 nœuds de vent sous spinnaker et des moyennes ahurissantes de 14 nœuds… Qu’en sus ils ont dû traverser la Manche travers au vent et à la mer pendant plus de huit heures avec très peu de repos depuis le départ de Roscoff jeudi.

Duthil écarté

La seule certitude en cette fin d’après-midi, c’est que le leader en Bretagne va perdre sa couronne : Frédéric Duthil (Sepalumic) s’est fait décrocher dès le passage à Wolf Rock vers minuit vendredi, puis a progressivement perdu du terrain pour pointer à plus de 25 milles du leader. Soit forcément plus d’une heure et demie de retard à l’arrivée en Normandie sur le groupe de tête emmené par Adrien Hardy (Agir recouvrement, 18ème au classement cumulé à Roscoff) et Yann Eliès (Groupe Quéguiner-Leucémie Espoir, 3ème à Roscoff avec 32′ de retard), au coude à coude à l’approche d’Antifer.

Et derrière ce duo, Xavier Macaire (Skipper Hérault, 4ème à Roscoff avec 13′ de retard sur Eliès et 15′ sur Lagravière) est en embuscade avec à peine deux milles de décalage sur le leader actuel et 5 milles d’avance sur Morgan Lagravière (Vendée). Et s’il y a du match pour ce podium final, il y en a aussi pour les places d’honneur !

Yoann Richomme (DLBC) réalise un superbe parcours en se plaçant en quatrième position avant Antifer, ce qui le ferait grimper à Dieppe à la quatrième place au classement général tandis que Jérémie Beyou (Maître CoQ) pourrait aussi s’adjuger la cinquième place devant Frédéric Duthil, le grand perdant de ce parcours de 520 milles plutôt costaud…

La classe et la casse

Mais attention : les derniers milles s’annoncent très virils ! Plus de trente nœuds sur une mer formée, cela peut aussi dégénérer en vrac spectaculaire quand le spinnaker emmène à plus de vingt nœuds le Figaro-Bénéteau au creux d’une vague plus abrupte que les autres. Un mât et une tête de mât en ont fait les frais la nuit dernière : Damien Guillou (La Solidarité Mutualiste) et Paul Meilhat (Skipper Macif 2011) ont dû jeter l’éponge en Angleterre… Et on ne sait pas trop ce qui a ralenti certains gros bras de la flotte : le bilan avaries à Dieppe risque fort d’être impressionnant.

Le final n’est donc pas acquis car il faudra une sacrée concentration après deux jours et demi de mer particulièrement intensifs pour ne pas partir en vrille sur une vague : cela coûte rapidement un quart d’heure de temps pour tout remettre en place soit, à plus de 12 nœuds de moyenne, trois bons milles ! Et le résultat peut être encore plus lourd si d’aventure, le spinnaker se déchire ou une bôme se casse, un tangon se rompt…

La seule certitude concerne l’état des solitaires à l’arrivée : sous pression depuis Roscoff, trempés depuis Ouessant, ballotés depuis Wolf Rock, chahutés depuis l’île de Wight, ils vont encore stresser d’Antifer à Dieppe. Les leaders sont attendus sur la ligne d’arrivée entre 22h00 et 23h00 selon que la brise aux abords du port normand mollisse un peu comme l’annoncent les prévisions météorologiques.

Ils ont dit

Paul Meilhat (Skipper Macif 2011)
« Je suis plein vent arrière, sous grand-voile avec un ris et ça marche à 10 nœuds : c’est quand même assez rapide ! Je pense arriver dans l’après-midi à l’île de Wight. J’ai encore quelques camarades à côté de moi. Je mange la totalité de ce qu’il me reste de nourriture pour me venger. Il n’y a pas grand-chose à faire. Vendredi soir j’ai entendu un crac, je pensais que c’était l’étai. J’ai tout contrôlé sur le bateau et ce matin quand le jour s’est levé, j’ai vu que la potence de pataras s’était cassée. C’est la même avarie que sur la deuxième étape. Il y avait 30 à 35 nœuds de vent, on faisait des pointes à 20 nœuds… Au cap Finisterre, sur la première étape, on avait eu plus fort mais on savait que ça durerait moins longtemps. Je pense que ça va être dur de finir cette étape là. Le dernier bord va être très compliqué. »

Jérémie Beyou (Maître CoQ)
« On s’est fait une nuit bien tonique. Ce n’est pas compliqué : pour être devant, il fallait envoyer du « gros » sous spi. Les premiers à dégainer, c’étaient Yann (Eliès) et Adrien (Hardy). Je me suis un peu décalé au vent sous génois et après j’ai envoyé le spi. C’était un peu chaud mais ça l’a fait. Là on est sous 30 nœuds de vent en moyenne et on est au reaching vers Antifer. Je suis sous foc solent et un ris. Le vent est bien dense et il y a de la mer. Toute la nuit, j’étais sous petit spi un ris. C’était un peu olé olé ! Je suis étonné des écarts, je pense que les autres n’ont pas spié. On a un peu tiré sur le matos comme des brutes. On a une quarantaine de milles à faire sous spi à la fin entre Antifer et Dieppe : il faudra être bien réveillé et ne pas faire de bêtises à ce moment. Les autres sont loin devant mais je vais essayer de gratter Yoann Richomme et j’ai aussi Momo la Vendée (Morgan Lagravière) aux fesses, donc il ne faut pas que je m’endorme. Dans dix heures on est arrivé ! »

Corentin Horeau (Bretagne-Crédit Mutuel Espoir)
« On est à 45 milles d’Antifier (à15h30) et il y a 28 nœuds de vent… Même si on est assez abattu, ça tape et c’est très humide ! Vendredi soir, j’étais à côté de Damien (Guillou) quand il a démâté et ça m’a refroidi un peu. J’ai tout de même passé une bonne nuit à l’attaque sous spi et c’était costaud. Maintenant, il faut tout donner puisqu’il ne reste plus beaucoup de milles sur cette dernière étape. Le vent sera fort dès Antifer avec du spi ensuite : il ne faudra pas faire de sortie de route… Il faut barrer parce que j’ai renvoyé la grand-voile avec le solent et on a les vagues qui nous poussent un peu aux fesses… »

Crédit Photo: COURCOUX Alexis

Tags sur NauticNews: Solitaire du Figaro, Trophée Eric Bompard

– CP –

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