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Solitaire Bompard Le Figaro : Yoann Richomme au sommet (2ème étape)

Rapide dans toutes les conditions, incroyablement opportuniste, toujours dans les bons coups, Yoann Richomme (Skipper Macif 2014) a donné une leçon de maîtrise parfaite de sa course à ses petits camarades de jeu. En remportant ce midi cette deuxième étape de La 47e Solitaire Bompard Le Figaro entre Cowes et Paimpol/Lézardrieux, le Lorientais de 33 ans confirme qu’il est entré cette année dans la cours des « grands », celle des Figaristes affûtés, celle des meilleurs compétiteurs sur l’eau. Ce premier succès sur une étape pour Yoann le propulse en tête du classement général provisoire, 30 mn devant son « collègue » Macif, Charlie Dalin (Skipper Macif 2015), et 1 heure devant Nicolas Lunven. Du beau et bon boulot…

« Je me suis fait mal, jamais je ne m’étais autant fait mal. Je suis cramé » avouait, sans cacher son émotion, « Yoyo » à son arrivée au ponton de Lézardrieux. Les traits tirés, les paluches usées, la démarche chaloupée valent mieux qu’un long discours : le marin s’est arraché jusqu’à plus soif sur cette étape diablement compliquée. Tout a commencé à la sortie du Solent où Yoann se fixe comme objectif de coller au train Gildas Morvan (Cercle Vert), le Géant Vert sur motivé aux crocs acérés, en tête depuis la ligne de départ. Commence alors un duel d’anthologie le long des côtes anglaises. A toi, à moi… Gildas et Yoann donnent un rythme fou à la course enchaînant les virements de bord façon tricotage à maille serrée, apprivoisant les oscillations du vent, ne faisant qu’une bouchée des renverses de courants. Le divorce a lieu sur la traversée de la Manche où Yoann à la trajectoire rondement menée prend la poudre d’escampette à l’entrée de la mer d’Iroise. A partir de là, malgré des camarades de jeu affamés, Skipper Macif 2014 continue sur sa lancée laissant pantois Nicolas Lunven (Generali), Charlie Dalin (Skipper Macif 2015) et Gildas Morvan qui jamais ne réussiront à le rattraper…

Will Harris (Artemis 77), premier au classement Bénéteau des bizuths

« Il fallait être dessus tout le temps. Si tu dormais, tu perdais des places. » expliquait Sam Matson (Chatham), 12e de cette deuxième étape, le premier des Britanniques sur la ligne d’arrivée. Autre sujet de Sa Majesté à avoir parfaitement géré sa course, malgré les difficultés du parcours et le niveau relevé du plateau de coureurs, Will Harris (Artemis 77), 24 ans, termine 16e et premier au classement Bénéteau des bizuths, à quelques minutes seulement de Vincent Biarnès (Guyot Environnement), local de l’étape dont c’est la 8e participation à La Solitaire Bompard Le Figaro cette année. Comme après chaque manche de cette cruelle mais si belle course en solitaire à armes égales, il y a les heureux et les déçus, mais tous gardent en ligne de mire qu’il reste encore deux étapes, deux parcours à courir, deux gros morceaux à avaler. L’heure est au repos des guerriers qui ont puisé au maximum de leur énergie. Robin Elsey (Artemis 43) en a fait les frais : le skipper s’est endormi sur la dernière ligne droite du parcours et a talonné sur un caillou…

Ils ont dit à leur arrivée :

Yoann Richomme (Skipper Macif 2014), premier à Paimpol/Lézardrieux : « Je suis séché complet, cette étape a été encore plus dure que la première, j’ai l’impression de ne pas avoir dormi pendant quatre jours. Quelle bataille, je n’ai jamais lâché. Le long de l’Angleterre, c’était instable, il fallait être dessus, dès que tu dormais, tu payais cash. Il fallait se faire mal, je me suis rarement autant fait mal. Je me sens bien, mes coups tactiques passent quasiment tous. Avec Gildas, c’était super, j’ai réussi à le rejoindre, ensuite il m’a largué. J’avais peur qu’il parte définitivement. Et puis, il a fait une traversée de la Manche moyenne, il m’a ouvert la porte et je l’ai prise. C’est génial, je n’en reviens toujours pas. A chaque fois, je suis dans les bons coups. Je n’ai jamais navigué comme ça. J’ai puisé loin et ça paye. Ce matin, je ne tenais plus, je m’écroulais dans le cockpit. Derrière, ils sont morts de faim, je ne pouvais rien lâcher. J’avais envie, j’avais enchaîné les places de deuxième en début de saison, mais je sentais que j’en avais sous le pied. Je préfère finir ma dernière saison avec Macif sur une bonne note ! Une victoire d’étape, c’est un rêve. Pour moi, c’est même presque plus dur que de gagner La Solitaire. C’est beaucoup d’émotions. »

Nicolas Lunven (Generali), 2ème : « Je suis content de ma prestation. Yoann a vraiment été au-dessus du lot, il a été impressionnant du début à la fin. Le résultat est un peu meilleur que sur la première étape. On verra ce que cela donne au général. Il y a eu beaucoup de rebondissements, il s’est passé beaucoup de trucs notamment dans le groupe de tête. C’est chouette de faire étape comme ça, de se bagarrer à ce point là, c’est sûr qu’on ne s’est pas ennuyé. Il ne fallait surtout pas décrocher. Il y a eu pas mal d’élastique sur cette étape et de temps en temps, il se rompait, il fallait toujours rester du bon côté de la rupture. J’ai pas mal dormi dans la descente de Wolfrock à Portsall et la dernière nuit sous spi le long des côtes de Bretagne nord. Ça tire un peu, c’est sûr ; mais je me suis vautré dans mon avitaillement et j’ai surtout faim ! »

Charlie Dalin (Skipper Macif 2015), 3ème : « Je suis fatigué, et il fait humide. C’était une belle grosse étape. Encore une fois, j’ai dû cravacher pour remonter après un début de course compliqué. Je me suis énormément battu. Yoann et Gildas (Morvan) ont pris la poudre d’escampette lundi matin, je savais qu’il me restait jusqu’à mercredi pour remonter. Je savais qu’à l’Occidentale de Sein et dans le Four, ça allait repartir par devant. Le plus petit écart que j’ai eu, c’est 1,9 mille, et ensuite cela s’est donc un peu creusé. Heureusement, le courant et le vent fort ont permis de limiter les écarts en temps à l’arrivée. Avec Generali, on était ensemble tout le temps, on a vraiment eu une belle bagarre avec Nico, on s’est vu toute la course. Je n’ai pas pris d’option extrême. Je ne suis pas parieur, je me place sans prendre de gros risques. Une fois que la course en mer est terminée, la course à la récup’ commence. Hydratation, alimentation, sommeil pour être d’attaque samedi. Tant que la 4è étape ne sera pas finie, la course continue. Je serai vraiment content quand je serai sur la première place du podium. »

Gildas Morvan (Cercle Vert), 4ème : « Cette étape a vraiment bien débuté avec un beau départ de l’île de Wight, c’était vraiment sympa de partir au coup de canon du Royal Yacht Squadron. Je double en tête aux Needles et après, j’ai continué à bien tricoter, à garder Yoann Richomme derrière moi et à passer Wolf Rock avec un petit peu d’avance sur le reste de la flotte. Malheureusement, j’ai mal « timé » l’arrivée sur Portsall par rapport au front qui est arrivé en retard et c’est à ce moment là que Yoann s’est barré par devant. L’affaire était presque pliée. Au final, je suis forcément déçu de ne pas l’avoir gagnée cette étape. Mais, je suis content d’avoir fait un bon jeu sur ce parcours, d’avoir été devant longtemps, d’avoir fait une belle navigation. Après une place de 20è à 7 heures sur la première, c’était important pour moi que je parvienne à naviguer devant. J’ai manqué un peu de réussite sur cette étape, ce sera pour la prochaine ! »

Erwan Tabarly (Armor Lux), 5ème : « C’était une étape éprouvante, le vent changeait beaucoup de direction, je suis bien crevé. J’ai décroché des quatre premiers à Land’s End, c’est dommage, j’étais encore avec Generali et Skipper Macif 2015. J’ai fait un mauvais bord et ensuite avec les renverses de courant, j’ai lâché le peloton de tête. Après une mauvaise renverse de courant, ce n’était plus possible de revenir. Le vent est complètement tombé quand on est arrivé à Carn Base avant Wolf Rock. Derrière les premiers qui sont partis, on a dû batailler contre 2-3 nœuds de courant. Là, c’était rideau ! »

Alexis Loison (Groupe Fiva), 6ème : « C’était une étape difficile, donc je suis content de terminer 6è, même si j’ai longtemps été à la bagarre pour le podium. J’ai laissé un petit regret à la pointe anglaise, c’est le jeu. J’ai tenté des options auxquelles je n’ai pas suffisamment cru une fois prises. C’était une super étape, je me suis régalé. En nav’, on a tout eu, on était toujours en train de chercher le prochain coup à faire. Au niveau du général, on va regarder la montre et voir les écarts. Je dois remonter de deux places, mais certains m’ont mis deux fois un caramel. Le top cinq est encore possible, si je m’arrache. »

Corentin Douguet (Sofinther-Un Maillot pour la Vie), 7ème : « C’était une étape compliquée, c’était rien de le dire. J’ai réussi à sauver les meubles. La côte anglaise est vraiment tordue. A Cowes, je n’arrivais pas à être déçu de ma sixième place, mais là, je n’arrive pas à être content. Il reste deux étapes, il y a encore des coups à faire, il peut se passer des choses, il y a encore du temps à reprendre, ou à perdre d’ailleurs. Pour l’instant, je suis 6è au général, cela n’est pas un drame, loin de là. Je vais maintenant essayer de me reposer à peu pour repartir samedi à bloc ! »

Sébastien Simon (Bretagne-CMB Performance), 8ème : « Je termine 8ème, et non sans peine, parce qu’à un moment je passe 25è et je remonte petit à petit. Je ne m’attendais pas à une étape avec autant d’écart en temps. Il s’est passé énormément de choses, même à l’arrivée, il a fallu rester concentré. »

Will Harris (Artemis 77), 16ème – 1er bizuth : « C’était très particulier et trop cool de partir de Cowes, j’ai pu montrer à ma famille et à mes amis, ce qu’était La Solitaire. Je suis resté éveillé toutes les dernières 24 heures. A un moment j’ai réussi à avoir du vent, une bascule heureuse qui m’a permis de reprendre 10-12 bateaux. »

Justine Mettraux (TeamWork), 19ème : « Je suis plutôt contente de ma course en général. J’ai fait quelques coups à l’envers, mais c’était très intéressant. C’était une étape très difficile au niveau du repos. Il va donc falloir que je dorme beaucoup avant les prochaines. »

Benoît Hochart (Presqu’île de Ruys-Miramar), 31ème : « C’était bien, très varié : pétole, grosses conditions, des gros passages à niveau qui tirent devant. J’apprends plein de trucs. Il y a des phases de course, où je me suis bien senti, même si cela ne se voit pas encore ! »

Yves Ravot (Hors la Rue), 35ème : « Quel que soit le résultat, si on n’a pas le sourire, alors autant arrêter ce qu’on fait. »

Tags sur NauticNews : Solitaire Bompard Le Figaro, Solitaire du Figaro, Trophée Eric Bompard

– CP –

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