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Vendée Globe : 10 000 kms séparent les premiers des derniers…

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La flotte du 8e Vendée Globe s’étale ce soir sur plus de 10 000 km. Un quart du globe sépare les deux derniers (Didac Costa et Sébastien Destremau) des deux premiers (Armel Le Cléac’h et Alex Thomson) qui filent en moyenne trois fois plus vite. Déjà 28 jours de course depuis le départ des Sables d’Olonne le 6 novembre ! De l’Atlantique Sud aux confins de l’océan Indien, les marins sont passés en mode guerriers. En tête, ça file désormais à plus de 20 nœuds, et pour la majorité des marins, les polaires trois-couches, les bottes et les cirés sont de rigueur pour affronter le train puissant de dépressions des mers australes.

Il fait moins de 10° dans la coque carbone, la température de la mer ne dépasse pas 4°, les paquets de mer cognent contre la coque en carbone qui émet des craquements, les safrans sifflent, ça bouge, ça tape, et pourtant… Bonnet vissé sur la tête, combinaison étanche, Armel Le Cléac’h répond en direct à la visio du jour : « Ça va vite, entre 20 et 25 nœuds, nous sommes en avant d’un front, on est en avance sur les chronos, mais on surveille la météo pour les prochains jours, car on risque d’avoir encore plus de vent. » racontait Armel. Le Breton parvient ce soir à contenir le Britannique aux choix de route et de voiles souvent plus extrêmes. 9 milles les séparent, une goutte d’eau sur cette planète bleue. Lundi matin, tous deux devraient doubler le cap Leeuwin au sud-est de l’Australie. Ça va vite, très vite…

Attention, action !

Pour Yann Eliès (Queguiner-Leucémie Espoir) les choses se corsent à l’approche de cette méchante dépression qui le hante depuis trois jours. « Je suis le dindon de la farce, j’espère que ça va bien se passer, je vais faire le dos rond avant de reprendre le chemin de la compétition. » Le Briochin a du ralentir depuis ce matin (7 nœuds de moyenne depuis 24h) pour ne pas se faire coincer dans la tempête générant des vents de 50 nœuds et des creux de 8 mètres. La nuit va être difficile. Jérémie Beyou (Maître CoQ) et Paul Meilhat (SMA), en avant de cette dépression, ne doivent pas non plus rigoler. Demain matin, ils vont se faire secouer comme des pruniers… Kito de Pavant (Bastide Otio), sait aussi qu’il va se faire cueillir dans les prochaines heures par un front puissant. « Je me suis changé, je sais que pendant trois ou quatre jours je n’aurai pas l’occasion. J’ai remis des fringues neuves, le bateau est prêt. Tout est matossé, le vent va rentrer progressivement, la nuit va être agitée, et demain matin il y aura le passage du front. Ça va être rock n’roll. » expliquait le Méditerranéen au Vendée Live ce midi.

Le Vendée Globe des bizuths

Louis Burton (Bureau Vallée), qui ne cesse de creuser l’écart avec le peloton (200 milles) est en passe de doubler pour la première fois de sa carrière de marin, le cap de Bonne Espérance ! Un moment qui tarde également à un des bizuths du Vendée Globe, Romain Attanasio (Famille Mary-Etamine du Lys) : « Ça dépote, il y a 35 nœuds de vent, on est au portant, la mer est formée, il commence à faire froid et j’ai vu mes premiers albatros. Ça y est, on est dans les mers du Sud, c’est velu comme on dit ! Vivement qu’on passe le cap de Bonne Espérance. » Eric Bellion (CommeUnSeulHomme), Fabrice Amedeo (Newrest-Matmut) racontent également leurs toutes premières impressions dans le grand Sud et leurs premières catastrophes évitées dans ce vent puissant auquel ils doivent s’adapter. « Il y a 35 nœuds, il m’est arrivé pas mal de choses au petit matin, j’étais sous deux ris et trinquette, le vent est monté à 40 nœuds, j’ai fait un surf à 32 nœuds… J’ai plié un outrigger, quand c’est monté j’ai voulu affaler la trinquette, par miracle j’ai réussi à l’affaler… et à sauver la voile. C’est un peu chaud. » confiait Fabrice.

Péripéties, acrobaties, grand écart, vitesses affolantes, solitude, frustration… les mots du quotidien ne manquent pas sur cette immense boucle à parcourir en solitaire dans les endroits les plus reculés de la planète.

Ils ont dit

Yann Eliès, Queguiner-Leucémie Espoir
« Pour l’instant, je suis encore sur la retenue, j’essaie de ne pas avancer trop vite, la mer est cabossée. D’ici 4 à 5 heures, ça va rentrer pour 40 nœuds d’un coup. Je m’attends à une nuit compliquée, je vais éviter le gros des conditions de mer et de vent. C’est dur d’accepter le retour des copains de derrière, et de voir les deux de devant partir. Je suis le dindon de la farce, J’espère que ça va bien se passer, je vais faire le dos rond avant de reprendre le chemin de la compétition. »

Fabrice Amédéo, Newrest-Matmut
« Il y a 35 nœuds, il m’est arrivé pas mal de choses au petit matin, j’étais sous deux ris et trinquette, le vent est monté à 40 nœuds, j’ai fait un surf à 32 nœuds… J’ai plié un outrigger, quand c’est monté j’ai voulu affaler la trinquette, par miracle j’ai réussi à l’affaler… et à sauver la voile. C’est un peu chaud. Derrière le front, il fait beau mais il y a de la mer, croisée, ça sent l’océan Indien, ce sont des murs d’eau… »

Armel Le Cléac’h, Banque Populaire VIII
« Je suis en tête ce matin parce que c’est l’anniversaire de mon fils aujourd’hui, j’ai voulu lui offrir un beau cadeau d’anniversaire, il a 6 ans aujourd’hui Edgar ! Je lui avais promis que je serai en tête pour son anniversaire, donc il a fallu cravacher un peu pour revenir. »

Sébastien Destremau, TechnoFirst-faceOcean
« Il n’y a pas de temps limite pour finir le Vendée Globe, donc je passerai le temps qu’il faudra pour tenter de réparer mon démarreur de moteur, jusqu’à ce qu’il n’y ait plus de solutions. Ce qu’il faut, c’est aller au bout des choses, et on va aller au bout de ce qu’on peut faire. Mais on ne peut pas envisager de faire le Vendée Globe sans énergie. »

Kito de Pavant, Bastide Otio
« On sait que ça va se gâter. Il n’y a pas de mer, du soleil, il fait un temps incroyable, on se croirait en Méditerranée avec du mistral ! Je marche entre 15 et 18 nœuds. J’ai fait une toilette ce matin, je me suis changé, je sais que pendant trois ou quatre jours je n’aurai pas l’occasion. J’ai remis des fringues neuves, le bateau est prêt. Tout est matossé, le vent va rentrer progressivement, la nuit va être agitée, et demain matin il y aura le passage du front. Ça va être rock n’roll pendant trois quatre jours. »

Romain Attanasio, Famille Mary-Etamine du Lys
« Ca dépote, il y a 35 nœuds de vent, on est au portant, la mer est formée, il commence à faire froid et j’ai vu mes premiers albatros. Ca y est, on est dans les mers du Sud, c’est velu comme on dit ! Après le peu de vent dans l’atlantique sud, on a attrapé depuis le train des dépressions, c’est la deuxième, le front m’est passé dessus ce matin. Vivement qu’on passe le cap de Bonne Espérance. J’essaye de m’accrocher au peloton, mais mon bateau est le plus vieux de la flotte, il a 18 ans. Mon objectif est de finir, je ne veux pas faire n’importe quoi.»

Tags sur NauticNews : Vendée Globe, IMOCA
Crédit Photo : Kito de Pavant / Bastide Otio / Vendée Globe
– CP –

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