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Barcelona World Race: Nettoyage de printemps

Et de deux… Sur la route des trois caps, Leeuwin vient, après Bonne Espérance, se profiler dans le sillage du leader. La fin de l’océan Indien, symbolisée par le sud de la Tasmanie, se profile petit à petit dans les étraves. L’entrée dans l’océan Pacifique risque d’être complexe. Les modèles météorologiques se contredisent et les jours à venir devraient rompre avec le train-train des derniers jours. En attendant, chaque équipage en profite pour recouvrer des forces et se forger un moral tout neuf sur un bateau révisé de fond en comble.

Virbac-Paprec 3 au ralenti… Treize nœuds de moyenne reste encore une vitesse honorable, mais comparée à celle des poursuivants du leader, elle marque un coup d’arrêt à l’envolée du dernier-né de Jean-Pierre Dick et Loïck Peyron. Le groupe des trois poursuivants, MAPFRE, Estrella Damm et Groupe Bel pointe maintenant à moins de 700 milles et ne semble pas près d’abdiquer.

Devant eux se profile la mer de Tasman, réputée comme étant une des régions de ce tour du monde les plus sensibles aux aléas météorologiques. La rencontre des vents d’origine polaire avec les masses d’air surchauffées du continent australien est propice à de brusques variations climatiques, difficiles à prévoir avec certitude. Ainsi, de toute évidence, les modèles dont disposaient les deux navigateurs de Virbac-Paprec 3 différaient sensiblement des prévisions de la direction de course. Dans un cas, les hommes de tête risquaient de devoir rallonger sensiblement leur route, dans l’autre, c’est une voie triomphale qui leur était promise jusqu’au détroit de Cook.

Au sein du groupe des trois, Estrella Damm continue de jouer son rôle de trublion. Alex Pella et Pepe Ribes ne sont plus qu’à moins de trente milles de MAPFRE et se verraient bien endosser le costume de dauphin. Trois cents milles derrière ce trio, Pachi Ribero et Tonio Piris continuent de mener leur Renault Z.E à un rythme d’autant plus prometteur qu’il n’est jamais facile, quand on ne dispose pas d’un lièvre, de caler sa vitesse en conséquence.

Pas de deux
Disposer d’un étalon de référence est en effet la meilleure garantie que l’on est bien dans le rythme. A ce petit jeu, les tandems de Mirabaud et Neutrogena semblent avoir bien intégré les règles. Le jeune tandem Ryan Breymaier – Boris Hermann revient régulièrement sur les talons de Michèle Paret et Dominique Wavre jusqu’à ce que le couple enclenche la vitesse supérieure et creuse à nouveau l’écart. Chacun régule sa vitesse sur les performances de l’autre et par effet d’entraînement, continue d’optimiser sa route… C’est peut-être le même sort qui attend Dee Caffari et Anna Corbella qui voient poindre dans leur tableau arrière l’étrave d’Hugo Boss. A moins que Wouter Verbraak et Andy Meiklejohn, au mépris de tous les codes de galanterie, ne décident de continuer de cravacher une machine dont ils maîtrisent chaque jour de mieux en mieux le mode d’emploi. Plus à l’arrière, on est loin de ces considérations. Pour les trois bateaux qui ferment la marche, il s’agit de se préparer au coup de vent qui s’annonce et qui promet d’être brutal. Vents forts, mer creuse et croisée, il va s’agir de faire le dos rond pendant quelques heures.

Grand carénage
Alors que la flotte commence à voir le bout de l’océan Indien, les tandems ont profité des quelques jours de répit pour remettre bateaux comme équipage en ordre de marche. Toilette même succincte, rasage ou shampooing selon les individus, nettoyage du bateau de fond en comble, « les tâches ménagères ne sont pas sans noblesse* »… C’est aussi l’occasion de raccommoder les maux du bateau : réparations de voile à bord d’Estrella Damm, intervention sur le vérin de quille à bord de Groupe Bel, travaux divers mentionnés sur d’autres bateaux : les navigateurs jettent parfois un voile pudique sur leurs petites misères dès lors qu’ils pourraient donner prise à la concurrence. C’est enfin l’occasion de se reposer, de se conforter dans le rythme de la course… Après bientôt quarante jours de mer, les équipiers manifestent plutôt une bonne forme : la navigation en double est manifestement moins génératrice de stress que le solitaire, de même que ne pas avoir à jouer à la roulette russe au contact des icebergs. Les navigateurs de la Barcelona World Race sont d’attaque avant d’entrer dans le Pacifique.

* M Audiard (œuvre de référence).

Classement du 8 février à 15 heures (TU+1) :

  1. VIRBAC-PAPREC 3 à 13992,4 milles de l’arrivée
  2. MAPFRE à 670 milles du leader
  3. ESTRELLA DAMM Sailing Team à 693,9 milles
  4. GROUPE BEL à 810,7 milles
  5. RENAULT Z.E à 1133,4 milles
  6. MIRABAUD à 1565,8 milles
  7. NEUTROGENA à 1605,4 milles
  8. GAES CENTROS AUDITIVOS à 2305,4 milles
  9. HUGO BOSS à 2354,4 milles
  10. FORUM MARITIM CATALA à 3293,9 milles
  11. WE ARE WATER à 3467,5 milles
  12. CENTRAL LECHERA ASTURIANA à 3633,4 milles

ABN FONCIA
ABN PRESIDENT

Ils ont dit :
Jean-Pierre Dick, Virbac-Paprec 3 : «Le détroit de Cook c’est toujours assez magique, au bout d’un mois et demi de mer. On est sale, on a envie de plein de choses et on passe dans un détroit, entre les deux îles de la Nouvelle-Zélande, un pays où la vie est sympa.  Il y a souvent des vedettes qui passent, et le fait de continuer, c’est toujours un peu un arrachement. Voir les gens, voir la chaleur humaine à côté, c’est assez magique. L’endroit en lui-même aussi est magique. Avec les montagnes, c’est majestueux, vraiment impressionnant. Mais il faut faire fi de tout ça et replonger dans le Pacifique.  C’est un peu un déchirement. C’est un moment assez unique. En revanche, le détroit de Cook peut aussi être très violent. On espère que ça sera modéré, on passe en plein été, ça peut réduire un peu le risque. »

Loïck Peyron, Virbac-Paprec 3 : « On n’a même pas eu le temps de regarder le passage sur Leeuwin. Il y a toujours un peu de choses à faire à bord, ne serait-ce qu’un peu de nettoyage, de rangement, un peu de mises au point, de séchage, d’autant qu’il a fait relativement beau ces derniers jours. Il y a pas mal de bancs de brume, on n’avance pas très vite. Mais nous avons fait le check-up du bateau. On a fait aussi un peu la sieste ce qui fait partie aussi de l’organisation générale. J’étais en train de me dire qu’il faudrait aussi penser à me raser la barbe, je ressemble au père Noël là. Les conditions vont être ventées apparemment. Il risque d’y avoir pas mal de manœuvres à faire et de grosses anticipations sur les voiles à utiliser. Les conditions à venir vont être un peu violentes au portant. »

Ryan Breymaier, Neutrogena :
« C’est une belle bagarre avec Mirabaud. On ne les voit pas, c’est dommage. On n’est pas toujours certains de la distance à laquelle ils peuvent être, donc on attend les classements. On a le sentiment qu’on utilise de mieux en mieux le bateau, qu’on trouve plus facilement la toile du temps. Du coup, on se sent plus reposé. On peut dormir. Personnellement, je me sens en pleine forme. On fait une bonne équipe avec Boris. On a terminé la job-list que l’on s’était fixée, du coup on profite, on monte sur le pont pour barrer, on admire le paysage.»

Dee Caffari, GAES Centros Auditivos : « Pour communiquer on dispose de l’iridium, de l’Internet et de la VHF. Mais elle ne porte qu’à vingt-cinq milles au maximum. Peut-être que d’ici peu, on pourra s’en servir pour échanger avec Hugo Boss ! Maintenant, ça fait déjà deux océans qu’on les attend… Dix, vingt, quarante, soixante jours de mer, pour moi, ça ne change rien. Je me sens parfaitement bien, en grande forme, j’aime bien le rythme de la vie en mer. Ce qui nous manque le plus ? Un bon steak frites… »

Crédit Photo: MAPFRE © Maria Muiña

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Plus d’informations: www.barcelonaworldrace.org

– CP –

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