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VG2020 : demain l’equateur?

LES SABLES D’OLONNE, FRANCE – NOVEMBER 8: LinkedOut, skipper Thomas Ruyant (FRA) is taking the start of the Vendee Globe sailing race in les Sables d’Olonne, France, on November 8, 2020. (Photo by Jean-Louis Carli/Alea)

COMME DES FLEURS DANS LE POT ?

En fin de matinée, l’homme de Gosport – le lieu de résidence d’Alex Thomson, dans le sud de l’Angleterre – a fait le premier son entrée dans la zone de convergence intertropicale, plus communément appelée Pot au Noir. Cette étendue maritime qui sépare les deux hémisphères, est une frontière où entrent en collision les alizés de Nord-Est et ceux de Sud-Est. Une zone hasardeuse parsemée de nuages, de grains et parfois d’orages, où le vent peut varier de 50 degrés en l’espace de quelques minutes. « Ce n’est pas qu’une transition entre deux vents, c’est aussi une transition entre deux mers » précisent Sébastien Josse et Christian Dumard, les consultants météo du Vendée Globe. Le terrain sera donc cabossé. Les vitesses seront plus erratiques et les trajectoires moins lisses. Pour s’en sortir, il y a une recette magique : traverser perpendiculairement cette large bande de 300 milles et… garder son calme. « Chaque mètre gagné vers le Sud est un mètre gagné vers la sortie du tunnel » poursuit  Sébastien Josse.

HUGO BOSS, LinkedOut, Yes We Cam! et Apivia ont commencé à ralentir à la mi-journée et s’apprêtaient à aborder ce no man’s land météorologique. Si tout va bien, ils devraient sortir du marasme demain mercredi, au prix, certainement, de quelques efforts. Toutefois, le Pot au Noir semble montrer cette année un visage conciliant. Les concurrents de tête pourraient donc passer comme des fleurs.

TROUSSEL ABATTU

Nicolas Troussel aurait bien aimé, lui aussi, partager avec ses camarades ses inquiétudes pour le franchissement du « Pot ». Le sort et la mécanique en ont décidé autrement.

Le visage fatigué, les yeux gonflés après des heures de boulot sur le pont pour dégager le gréement du bateau qui menaçait d’abîmer les foils, Nicolas Troussel s’est exprimé ce matin : « Ce n’est pas mon premier abandon sur une course. Mais c’est dur. J’ai surtout des pensées pour les gens qui ont travaillé, m’ont soutenu et qui ont fait que ce projet existe. Ce sera long à digérer ». Le double vainqueur de la Solitaire du Figaro fait  route au moteur à petite vitesse vers Saint Vincent, au Cap-Vert, où son équipe technique l’attend. CORUM L’Epargne est donc le premier bateau à se retirer de la course.

BEYOU COMBATTANT

Plus chanceux, Jérémie Beyou a désormais les moyens de repartir pour un challenge qui sera bien différent de ses aspirations de victoire. A 15h15, il quittait les pontons des Sables d’Olonne. Avant de repasser la ligne de départ aux alentours de 16h30 / 17h00 (en passant à tribord la cardinale Nouch Sud), la volonté du skipper et de son équipe était de tester, pendant une heure au moins, la bonne tenue des réparations effectuées ces dernières 48 heures. Charal repart avec un hémisphère de retard sur la tête de course. Du jamais vu sur le Vendée Globe. Les conditions météo qu’il va rencontrer dans sa descente de l’Atlantique Nord seront relativement favorables après la traversée d’un premier front mercredi en milieu de journée.

Ils ont dit

Nicolas Troussel, CORUM L’Épargne 

J’ai démâté hier matin avant le lever du jour. Il faisait nuit quand je suis sorti du bateau et quand j’ai vu les dégâts, ma priorité était de dégager le mât car ça tapait un petit peu. Le foil n’était pas loin et je ne voulais pas que ça l’abîme davantage. Donc j’ai découpé les écoutes et ensuite j’ai sorti la meuleuse pour les câbles.  Je ne cache pas que je n’ai pas regardé précisément où le mât avait cassé, mon objectif était de tout dégager pour ne pas abîmer le bateau et les foils. J’avais pas mal de voiles en l’air donc j’ai été obligé de tout découper et j’ai gardé la bôme.

Là, je réalise que tout est fini… Je suis en route vers le Cap-Vert, presque face au vent et face à la mer donc je vais mettre un petit peu de temps pour y arriver. J’avance à environ 4 nœuds et il me reste 180 milles à parcourir. J’ai dû faire 70 milles depuis que je suis reparti. J’ai surtout des pensées pour les gens qui ont travaillé, qui m’ont soutenu et qui ont fait que ce projet existe aujourd’hui. Personnellement je me laisse aller. Je n’ai pas spécialement envie de retourner à terre tout de suite et de voir des gens. Je vais mettre du temps pour digérer ça.

Isabelle Joschke, MACSF 

C’est agréable, il y a du vent, ça va vite et surtout, la mer est calme, donc le bateau file et ne tape pas du tout. Toute la nuit, ça allait vite tout en restant confortable. Je me suis donc reposée, c’était ma première vraie nuit de repos depuis le début de la course, j’en ai énormément profité. Je me donne à fond, je suis à l’affût de toute opportunité pour pouvoir revenir dans le match. Je ne cache pas que la note est salée, ma prudence m’a coûté cher en début de course. Je n’ai pas fait le début de course dont j’avais rêvé, ça n’a pas été facile à vivre et ça ne l’est toujours pas d’ailleurs. Comme c’est le Vendée Globe, tout est un peu différent, toute ma façon de réfléchir et d’agir est différente. J’ai encore de la route et des opportunités j’en aurais peut-être, le temps va être long, il va falloir faire durer le bateau tout autour du monde. Et il faut que je suive moi-même aussi, il faudra être en forme en entrant dans les mers du Sud.  Tout ça entre dans la balance, je prends plus de temps pour réfléchir avant d’agir. Il faut faire des compromis, je pense que le Vendée Globe est une histoire de compromis. C’est une histoire qui se construit, elle a mal débuté et peut-être que ça sera pire après ou bien il y aura des bonnes surprises.

Thomas Ruyant, LinkedOut 

Ça commence à bourgeonner un peu à l’approche du Pot au Noir, on y est quasiment, il y a déjà quelques petits grains qu’on peut bien voir sur les images satellites. Je regarde assez régulièrement pour essayer de trouver un petit passage. Ça n’a pas l’air trop actif mais on ne sait jamais à quelle sauce on va être mangé, c’est un peu la surprise à chaque fois. Je commence à avoir vraiment chaud, ce n’est pas les conditions que j’aime le plus. Dans le bateau c’est vite la fournaise avec en plus les charges moteur. Mais on est sur un bon angle pour aller vite donc ça reste super pour naviguer. J’ai 18/20 nœuds, je suis à 110/120 degrés du vent. Ce sont des conditions agréables même si parfois c’est un peu sauvage car ça accélère fort. Le Pot au Noir fait 300/350 milles de large, donc on peut espérer en sortir demain soir si les choses se goupillent bien mais ça peut mettre beaucoup plus de temps, c’est très compliqué d’avoir des prévisions fiables. 

CLASSEMENT

15:00 (heure française)  
 
1. Alex Thomson, HUGO BOSS, à 21 576 milles de l’arrivée
2. Thomas Ruyant, LinkedOut, à 88 milles du leader
3. Jean Le Cam, Yes We Cam!, à 119,2 milles du leader
4. Charlie Dalin, Apivia, à 133,8 milles du leader
5. Kévin Escoffier, PRB, à 228,5 milles du leader

Crédit Photo : Jean-Louis Carli/Alea

Tags sur NauticNews : Vendée GlobeVG2020

– CP –

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