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VG2020 : une option, un même objectif et 23 réalités

Plus l’arrivée se rapproche, plus l’issue de la course est incertaine. Certes, Louis Burton pourrait tirer son épingle du jeu, mais il faut prendre trop de pincettes pour y croire déjà. Ce 74e jour de course est l’occasion, aussi, de s’épancher sur l’effet d’une si longue route seul en mer. Maxime Sorel évoque la difficulté de se projeter sur l’arrivée, Manuel Cousin sa façon de se surpasser, Clément Giraud ses podcasts et Kojiro Shiraishi le bonheur d’être en mer. Ainsi va le Vendée Globe, où certains subissent des grains, de fortes chaleurs et même de la neige…

Louis Burton toujours légèrement avantagé…

Le suspense continue, plus tenace que jamais. Pourtant, l’hypothèse d’un petit avantage pour Louis Burton, évoqué sur notre site hier, se confirme à nouveau ce jeudi à l’étude des fichiers météorologiques. Sébastien Josse, consultant météo du Vendée Globe, explique : « il peut se faufiler à la limite d’un couloir de vent de sud très localisé ». Pourtant, cet avantage est précaire. « Plus Louis est lent, plus le couloir sera étroit et plus il est rapide, plus il s’élargit ». Seule certitude : le skipper de Bureau Vallée 2 est le seul du groupe de tête à pouvoir bénéficier de ce « couloir ».

… Mais rien n’est fait pour autant

Cela ne veut pas dire que ce qui attend Louis est un long fleuve tranquille. On constate d’ailleurs la présence d’une bulle sans vent à quelques milles à l’Ouest du couloir que doit franchir Bureau Vallée 2. Sébastien Josse l’atteste : « Il convient de veiller à la fois au fichier, mais aussi à ce qui se passe en mer. Il y a des nuages, des grains, des fronts et de la pluie… Il faut être très observateur, naviguer aussi au feeling. C’est sur le pont que ça va se passer ! » Yannick Bestaven (Maitre CoQ IV) partage le constat : « il y aura pas mal de manœuvres, des empannages, des passages de front, ce n’est gagné pour personne ! » Boris Herrmann (SeaExplorer – Yacht Club de Monaco), heureux 2e depuis ce matin « même si ça ne veut pas dire grand-chose » tempère-t-il, ajoute : « la semaine qui arrive sera la plus incroyable du Vendée Globe et de tous les Vendée Globe ! »

Quand ça se rapproche, ça se complique

Il y a un facteur qu’en tête de course les skippers évoquent peu : la difficulté de voir l’arrivée se rapprocher alors que tant reste encore à faire. Cette étape de transition entre la longue aventure et l’arrivée, Maxime Sorel (10e, V and B – Mayenne) englué ces dernières heures dans le Pot-au-Noir, l’a évoqué lors des vacations : « bien sûr que je me projette sur l’arrivée. Plus on se rapproche, plus c’est dur. On voit les routages, on a l’impression d’y être parce qu’il y a moins de dix jours à faire. Et pourtant il reste encore de très gros morceaux, les alizés et une belle série d’empannages jusqu’à l’arrivée et sans doute deux dépressions d’hiver qui vont bien nous calmer… »

Kojiro, les mots d’un skipper épanoui

« Tous les jours à naviguer, je suis le plus heureux du monde ». Échanger avec Kojiro Shiraishi, c’est la garantie de faire le plein d’enthousiasme. Le skipper est actuellement sur le point du globe le plus éloigné du Japon, sa terre natale. Alors, il reçoit des dizaines de messages de fans, d’admirateurs et de curieux. « Ils me disent tous que le nom Vendée Globe est désormais connu de tous au Japon ». Pour Kojiro, être encore en course tient du « miracle » alors que sa grand-voile s’est déchirée. « Je ne pensais pas qu’elle allait résister autant. Il reste encore beaucoup à faire et j’espère qu’elle tiendra jusqu’au bout ». DMG MORI Global One pointe actuellement au 19e rang de la course.

Manuel Cousin, témoignage poignant

21e de la flotte, Manuel Cousin continue de contourner l’anticyclone de Sainte-Hélène par le Nord-Ouest. Rien n’est facile après la décharge d’effort dans les mers du sud, la sortie des Falklands, le constat que ceux d’avant progressent plus rapidement et que ceux derrière (Miranda Merron et Clément Giraud) reviennent fort. Et alors ? « Bien sûr que moralement, c’est compliqué. Mais quand c’est le cas, il faut se rappeler à quel point j’ai une chance extrême. Ça me pousse à mieux me connaître, à apprendre sur moi, à forger mon caractère, à puiser des ressources que je ne soupçonnais pas, à me battre malgré la fatigue ». Le skipper de Groupe SÉTIN poursuit : « c’est peut-être utopique, mais c’est ce que je suis venu chercher ». Et le marin de citer ensuite « tous ces moments extraordinaires » : un lever de soleil, une teinte de l’eau, un ressenti et l’idée, toujours aussi intense et magique, de « faire le tour du monde à la seule force du vent ».

De la neige sur la route du Vendée Globe

Chacun sa route et chacun ses conditions sur le Vendée Globe. À plus de 5 900 milles de la tête de course, Alexia Barrier progresse toujours dans le Pacifique. « Le Cap Horn, ça se mérite ! », lâche-t-elle à la vacation du matin. Elle devrait le passer en fin de semaine, mais avant, rien n’est facile dans le grand sud. Après une dépression ayant des rafales de 50 nœuds, TSE-4myplanet devrait affronter à nouveau plus de 40 nœuds demain. Et là, le mercure se rapproche des 2°C. « J’ai même eu de la neige et dans les grains, il y a parfois de la grêle… » À la vacation, elle s’amuse : « j’ai l’impression d’être la reine des neiges ! » Elle est loin, très loin, des fortes chaleurs ressenties par ceux qui longent les côtes brésiliennes.

Les bonnes ondes de Clément Giraud et Romain Attanasio

Ce midi, Fabrice Drouelle, présentateur d’« Affaires sensibles » sur France Inter, était l’invité du Vendée Live. Et ça tombe bien : ses podcasts sont écoutés par Romain Attanasio et Clément Giroud. « Étant donné la difficulté de lire à bord de nos bateaux, ça fait un bien fou d’écouter ces livres audios, cela nous ramène à la réalité de la terre », assure le skipper de Compagnie du lit / Jiliti. « C’est très émouvant de voir que les histoires qu’on raconte sont écoutées au bout du monde », a ajouté Fabrice Drouelle.

Ils ont dit

Boris Herrmann (SeaExplorer – Yacht Club de Monaco)

Je me sens bien, c’est bon pour le moral d’être deuxième sur la cartographie, même si en ce moment, cela ne veut pas dire grand-chose. La semaine qui arrive sera la plus incroyable du Vendée Globe et de tous les Vendée Globe. Les six ou sept bateaux de devant peuvent être proches les uns des autres et Jean Le Cam aussi. Je n’ai pas de place acquise sur le podium, c’est bien sûr mon rêve et mon objectif, mais tout sera très serré. Il y a beaucoup à jouer. Ce sera une semaine difficile, mais j’ai vraiment hâte d’y être.

Yannick Bestaven (Maître CoQ IV)

Je vais passer près de l’archipel des Açores et il y aura pas mal de manœuvres pour y aller ! Des empannages, des passages de front : ce n’est gagné pour personne encore… Surtout que j’ai toutes mes voiles de portant : j’ai pu réparer un peu mes enrouleurs et j’ai en dehors de mon grand spinnaker, un gennaker de tête et un de capelage. Je n’ai rien à perdre puisque je suis actuellement à la cinquième place et certains ont des problèmes techniques à résoudre. Cela donne envie de tenter des options…

Maxime Sorel (V and B Mayenne)

Je suis enfin sorti de l’influence de la grosse masse qui a composé le pot au noir. J’ai arrêté de bricoler. On est sur la tranche, très penché, ça mouille beaucoup. Je surveille ce que j’ai bricolé précédemment. Je surveille mes voiles, mais pour certaines on ne va plus beaucoup les utiliser d’ici la fin. On se permet de tirer un peu plus dessus, au pire ça casse ! Je n’ai pas un bateau à 100%, mais il va bien. Je vais continuer à faire mon max !

Kojiro Shiraishi (DMG MORI Global One)

Avec mon avarie de grand-voile, j’ai pensé me retirer de la course. Si je suis encore en course, c’est grâce à la force de mon équipe et à mes supporters. Je ne pensais pas que la voile tiendrait aussi bien. C’est presque un miracle ! Je suis le plus heureux du monde, tous les jours. Je suis toujours en course, même si je suis un peu à l’arrière du peloton. Je suis heureux d’être sur l’eau, de naviguer. Il y a eu des moments de petits plaisirs comme Noël, le Nouvel An… Ce sont des moments spéciaux à vivre sur l’eau. Je navigue actuellement au point le plus loin du Japon, je suis vraiment à l’opposé de la terre. J’ai reçu beaucoup de messages de mes supporters au Japon. Le Vendée Globe est maintenant connu là-bas et j’en suis vraiment content !

Alexia Barrier (TSE-4myplanet)

Il ne fait pas vraiment chaud ! J’ai même eu de la neige et dans les grains, il y a parfois de la grêle… Mais c’est bientôt fini : je ne suis plus qu’à 1 000 milles du Cap Horn et donc je vais vers des jours plus chauds et meilleurs. La semaine dernière, on a passé cinq jours dans la même dépression avec du vent entre 35 et 50 nœuds…Et dans moins de 24 heures, j’aurai de nouveau 40 nœuds. Pour dire que le Cap Horn, ça se mérite… Et le Grand Sud, c’est quelque chose à vivre : il y a des lumières, des nuages, des levers et couchers de soleil absolument fantastiques !

CLASSEMENT à 15h00 Heure Française

  1. Charlie Dalin, Apivia, à 2 114,68 milles de l’arrivée
  2. Boris Herrmann, SeaExplorer – Yacht Club de Monaco, à 76,82 milles du leader
  3. Thomas Ruyant, LinkedOut, à 88,37 milles du leader
  4. Louis Burton, Bureau Vallée 2, à 108,38 milles du leader
  5. Yannick Bestaven, Maître CoQ IV, à 129,42 milles du leader

Crédit Photo : A.Barrier

Tags sur NauticNews : Vendée GlobeVG2020

– CP –

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