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Transat AG2R: La cabane par-dessus le chien…

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09/05/2008 –

Le classement s’est en effet renversé ce matin. Il a culbuté, il a chaviré. À 900 milles de l’arrivée, les sudistes, emmenés par Concarneau-Saint Barth et SNEF Cliptol Sport, ont pris les commandes de la flotte. Encore derniers il y a quelques jours, les voilà premiers de la 9ème Transat AG2R. Rien – pas même la forte résistance des gens du Nord – n’a pu freiner leur folle remontée au pas de charge sur la route des alizés. Ce jeudi 8 mai marque la fin du règne de Financo et de ses skippers, Nicolas Troussel et Christopher Pratt. Coriaces, ces maquisards ont rendu les armes après 16 jours de domination sans partage…

Ironie du sort, hasard du calendrier ? En tout cas, il a bien fallu attendre ce 8 mai, jour férié en commémoration d’une victoire, pour vivre la fin d’une suprématie et les premiers pas du nouvelle ère.  Le pays du Nord – s’il n’aura vraiment capitulé qu’une fois la ligne franchie – a vécu ses dernières heures en tête du classement. Le Sud remporte une bataille capitale : celle qui donne le coup d’envoi pour un dernier sprint jusqu’à Gustavia…

Sur l’échiquier de l’Atlantique, la 9ème Transat AG2R, qui se déroule sur le mode d’une course à l’élimination, a basculé. Parfois à  mots pudiques et couverts, parfois avec une franchise qui ne manque pas de sportivité, ils se reconnaissent ou ils s’avouent vaincus. Les observateurs avisés, eux, estiment que les jeux sont faits. Kito de Pavant, vainqueur en titre aux côtés de Pietro D’Ali, l’analyse ainsi : « On a la confirmation aujourd’hui de ce qui devait inévitablement arriver. Les bateaux du Sud ont pris le commandement, et du poil de la bête. On peut désormais considérer que la victoire va  se jouer entre les bateaux – et ils sont une bonne dizaine – qui progressent dans ce paquet. Ils se positionnent et anticipent sur ce qui va se passer au dernier moment de la course… »

Dans la Résistance
La cartographie montre bien la répartition des forces sur le terrain. En haut du plan d’eau, ils  ne sont plus qu’une petite poignée. Financo, Défi Mousquetaires, Degremont Suez Sources de Talents, Athema ou encore Atlantik FT sont les purs et durs de la route Nord, ceux qui ont écrit les pages d’une résistance sans faille qui restera dans les annales de la course.  Aujourd’hui, ils dégringolent dans le classement, mais la course n’en est pas pour autant terminée. Loin s’en faut. Chacun aura à cœur de défendre la moindre place jusqu’à l’arrivée : de l’emporter face aux déserteurs, ou les indécis de la route directe. Ils profiteront aussi, peut-être, des mouvements de scissions qui bousculent le camp des alliés sur la route des alizés.

Du côté de l’alliance pas question en effet de baisser les armes, bien au contraire. Pas d’entente cordiale qui tienne non plus entre sudistes et ex-centristes. La victoire connaît beaucoup trop de sérieux prétendants pour se prononcer. Le suspense reste entier, et  c’est tant pieux. Tendus vers le même objectifs, les avis et les options divergent déjà. Quant aux leaders du jour, ils se refusent d’y croire avant de l’avoir attrapée dans leurs voiles. Eric Péron à bord de Concarneau-Saint Barth le mesure du haut de sa place de premier  pourchassé : « Ce n’est qu’un classement. La route est longue. Il va falloir batailler jusqu’à la fin. On se dit qu’il y a quand même 900 milles. Il peut encore se passer plein de choses. On est vigilant. On reste concentré… » Même consigne à bord de SNEF-Cliptol Sport. Figariste rompu à l’art de la dernière cavalcade, son expérience lui dicte la sagesse et la prudence. Jean-Paul Mouren prône la modération des sentiments face aux accélérations de son monotype et des événements : « Le vent va un peu faiblir. Il y a encore 1000 Km. Rien n’est acquis définitivement. Il suffit d’une drisse qui casse, une bûche dans la quille… Le jeu de cartes va être un peu redistribué dans le petit temps. L’extrême sud va sortir du chapeau et l’extrême nord fera son apparition… » La prudence domine.

À l’ombre de la table à carte
Si la guerre de sécession est terminée et réécrite à la sauce Figaro, la lutte continue de plus belle sur l’eau. Sur le mode d’une course de vitesse d’une folle intensité pour les premiers qui se tiennent  en 23 milles. Ou, à l’ombre de la table à carte, où certains équipages, en embuscade, fourbissent leurs armes. C’est le cas du duo de Solarinox qui se démarque encore. Il trace son sillage au Sud du Sud et suscite une certaine méfiance… « Il y a trois ou quatre jours, on était 5 milles devant SNEF-Cliptol Sport, puis on a réfléchi un peu en termes de météo. On est resté sur notre philosophie de routage. On est venu ici car il y doit y avoir toujours un peu plus d’air. S’il y a une rotation du vent, on pourrait rattraper nos milles de retard », confie Ronan Guérin. Et d’ajouter : « On suit notre inspiration jusqu’au bout, et on verra bien à l’arrivée. Je ne suis pas sûr que les premiers seront réellement les premiers à l’arrivée… »
On devine ce soir que la flotte a peut-être mis plusieurs cabanes sur le chien…

Photo: © B.Stichelbaut

– CP –

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