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Transat AG2R: Pince crocodile

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11/05/2008 –

La tenaille va-t-elle se refermer sur SNEF & Cliptol Sport et Concarneau Saint-Barth ? Dans leur sud les deux taiseux de Solar Inox continuent d’alimenter la chaudière de l’express pour Saint-Barth. Au nord, les deux complices de Cercle Vert tentent, à la faveur d’une bascule de vent, de venir couper la route des deux leaders du classement général de 11h. Comme un remake au ralenti des Dents de la Mer, les deux tandems du centre donnent le dernier coup de rein pour échapper à la gueule du monstre…

Sauf surprise de dernière minute, la victoire ne peut plus échapper à la bande des quatre. Mais, bien malin qui pourrait aujourd’hui donner le tiercé dans l’ordre tant les navigateurs prennent un malin plaisir à entretenir le suspense. Et chacun d’afficher une confiance absolue dans sa trajectoire et ses chances finales. Et tant pis si, au bout du compte, il faut troquer un bond de kangourou pour un saut de puce pour être devant. Seule la victoire est jolie et qu’elle le soit de quelques secondes ou de plusieurs heures n’a guère d’importance. Jean Paul Mouren sur SNEF & Cliptol Sport n’hésitait d’ailleurs pas à l’évoquer : « Solar Inox arrivera probablement en tête dans les eaux territoriales de St Barth, de nuit. Puis il va s’empétoler pendant que nous ferons un petit détour pour revenir. Quand le vent s’établira, ce sera égalité puis match racing.»

En clair, la pression est au sud et pour avancer toujours plus vite, il faut du vent. La petite rotation attendue des vents devrait permettre aux tenants de la route du nord de se recaler. Gildas Morvan joint à la vacation de ce midi continue de pousser les feux de son Cercle Vert avec une grande sérénité apparente : « On a un petit décalage ; maintenant on fait route sur St Barth. La course va se juger à Colombier pour moi, suivant les angles. » Quand aux deux tenants de la route directe que sont les duos Pellecuer – Mouren et Danet – Péron, ils espèrent que leur position avancée va leur permettre de s’extirper de la mâchoire du squale. Dans une telle situation, beaucoup pourraient perdre les pédales, mais Miguel Danet sur Concarneau – Saint Barth préférait se la jouer à la vacation dans le style « même pas peur » : « Trois, deux ou un, ça reste notre objectif final ; ça ne change pas, mais il ne faut pas trop en demander non plus. Vous devriez pouvoir nous payer des coups, je dis bien « des » coups et non pas « un », dans la nuit de lundi à mardi ou mardi matin ; avec l’or autour du cou bien sur ! » Verdict dans quarante-huit heures devant la pointe à Colombier.

Lièvres ou tortues ?
En retrait du quatuor infernal, la course n’a évidemment plus tout à fait la même saveur pour les équipages qui tentent tous de rallier Saint-Barth au plus vite. On se donne des objectifs intermédiaires, on se dit qu’entre le travail à la mine et le grand soleil des alizés, la balance est inégale… Vient déjà l’heure des premiers bilans, des projets d’avenir. Erwan Leroux à bord de Lenze avouait ainsi que, si les circonstances le veulent bien, il serait sûrement à nouveau au départ de Franck Le Gal : « La vie à bord avec Franck c’est que du bonheur ! Il m’a déjà proposé de la refaire dans deux ans! On rigole beaucoup et il fait bien à manger en plus. Donc on va le garder ! ». D’autres cherchaient encore comment le sort avait pu se retourner contre eux après avoir longtemps mené la danse sur la route du nord. Pourtant tous le jurent : aucun d’entre eux n’a pris le temps de batifoler dans la luzerne quand les tortues de la route du sud affichaient plus de 500 milles de retard. Vincent Biarnes à bord d’Athéma ne cachait pas sa déception de ne pas pouvoir rivaliser avec la tête de flotte : « On a eu une petite baisse de moral il y a deux ou trois jours mais on a rien lâché pour autant. C’est ma première transat, et mon sentiment c’est que c’était très intéressant. Jusqu’à Porto Santo c’était un régal, puis ensuite entre Porto Santo et St Barth l’option a été dure à choisir car avec la météo à 7 jours ce n’était pas évident. On aurait pu faire mieux, mais étant donné les fichiers qu’on avait à Porto Santo, descendre dans le sud n’était, pour nous, pas très logique. » Les gros matous du nord regretteront encore longtemps d’avoir laissé danser les souris du sud…

Ils ont dit

DEGREMONT SUEZ SOURCE DE TALENT – Alexandre Toulorge – 12ème au classement de 11h
« Ca va impeccable. L’arrivée approche, tout va bien. C’est la course dans la course, le but est de finir en tête du paquet Nord donc voilà un match dans le match. On a le décalage qu’on voulait dans le sud par rapport à Financo. On n’a pas du faire trop d’erreurs, je pense, car Nico il ne pardonne pas ! Je regardais à l’instant la météo et les positions et ce n’est pas évident de prévoir l’arrivée…Ca va finir avec du sud-est ; donc les gars du sud, tels que Guerin et Poupon sont peut être pas mal…L’anticyclone au nord bouge sans cesse, ce n’est donc pas évident de se positionner pour l’arrivée. Il devrait y avoir du suspense jusqu’au bout. J’aimerais bien que ce soit Laurent et Jean-Paul (SNEF & Cliptol Sport) qui l’emportent. Ils ont pris des risques et comme j’ai déjà navigué avec eux, je les soutiens ! Moi j’ai déjà fait deux Transat AG2R avec Jean-Paul. On avait même fini second en 2002. Avec Laurent j’ai couru le Trophée BPE en 2003 donc je connais bien les deux loustics ; ils naviguent très, très bien au large. C’est un bon couple qui fonctionne bien. Je suis encore la tête dans le guidon donc, non , nous n’avons pas encore tiré de bilan… En tous cas, je n’ai pas trop de regrets car la situation n’était pas évidente. On a joué mais ça n’a pas trop payé.

La musique que l’on avait amenée était très utile, c’est une bonne drogue, ça motive ! Après la ligne la première chose sera de retrouver ma nana, lui faire un gros bisou puis manger un gros steak frites ! »

SABLIERES PALVADEAU – Aymeric Belloir – NL au classement de 11h
« J’avoue que l’on n’est pas à l’heure du bilan de la course, mais on fait tout de même un petit bilan personnel à chaque portion. Ce que je peux vous dire c’est que nous sommes assez contents de la préparation du bateau et de la façon dont on avait préparé notre vie à bord. On n’a pas toujours fait les meilleurs choix ; la pétole au large du Portugal a été difficile, mais après on a tout de même gardé confiance en nous. »

Photo: © MOCHET Marcel / AFP

– CP –

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