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WHY: un pas est sur le point d’être franchi (1ère partie)

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10/2009 –

Lorsque la pensée arrive à s’extraire de l’état de connaissances culturelle, industrielle ou artistique, un pas est franchi qui mènera peut-être l’Homme à un stade supérieur de son évolution. Les personnes capables de cette abstraction, de cette extraction, sont généralement classées, tôt ou tard, dans la catégorie des « génies ».

Le projet WHY (Wally Hermes Yacht) réunit un certain nombre de caractéristiques laissant penser qu’un pas est sur le point d’être franchi. Il pourra être qualifié d’extravagant, d’extrême, de spectaculaire, etc. il est la synthèse de deux mondes: celui de l’habitat et celui du bateau. Bien sûr, lorsque deux grands noms du luxe comme le chantier Wally (avec à sa tête Luca Bassani Antivari) et la maison Hermès (avec Pierre-Alexis Dumas comme Directeur artistique et Gabriele Pezzini comme Directeur du design) se rencontrent, on ne parle plus « d’habitat » et de « bateau » mais bien de « villa luxueuse »  et de « mega-yacht ». Le résultat est surprenant, à la hauteur de la réputation de ces deux grands et des visionnaires qui en font la richesse. Un pas est sur le point d’être franchi.

Extraits d’une conversation entre Luca Bassani Antivari, Pierre-Alexis Dumas et Gabriele Pezzini autour de WHY

Vous souvenez-vous de la première fois où vous avez mis le pied sur un bateau ?
Luca Bassani Antivari C’était à Portofino. Mes parents étaient des passionnés de la mer. Ce dont je me souviens, c’est que c’était un grand bateau à voile, le Miranda, qui gagnait toutes les courses ! J’avais six ans, il y avait de grosses vagues, j’étais fasciné ! À l’âge de soixante ans, mon père a pris sa retraite et a embarqué avec ma mère sur son voilier pour un tour du monde qui a duré vingt ans. Un voilier que j’avais dessiné à main levée. C’était mon premier bateau …

Pierre-Alexis Dumas J’avais deux ans. C’est tout juste si je marchais déjà. C’était en Grèce, sur l’île de Spetsès. La barque d’un pêcheur, en mer Égée.

Gabriele Pezzini Sur un voilier, pendant les vacances. En Méditerranée. J’étais étudiant, emmené par un ami enthousiaste et passionné. Ce fut une expérience fabuleuse, avec tempête de rigueur. Peur de rien ! J’étais même amusé

Comment s’est amorcée la première rencontre entre Hermès et Wally ?
P.-A.D. Je savais que Luca Bassani rêvait de faire quelque chose avec Hermès. J’aime beaucoup les voiliers Wally. Leur design est efficace, les carènes sont tranchantes, les couleurs sont marines. Et cette idée de continuer le pont à l’intérieur … Nous nous sommes rencontrés à Paris. Luca envisageait alors un projet d’intérieur accessoirisé pour l’un de ses bateaux. Mon intuition m’a dit de ne pas laisser tomber. Je suis descendu à Monaco à l’automne 2007, accompagné d’un ami marin à qui « on ne la fait pas ». J’y ai revu Luca qui m’a sorti son projet de super-tanker de 100 mètres de long, avec court de tennis et palmiers. J’ai été impressionné par l’audace du projet, mais je me suis senti loin de toute cette puissance nécessaire à la vitesse.

L.B.A. Effectivement, mon idée première était un Wally habillé par Hermès, dont je suis un bon client depuis longtemps. J’ai toujours apprécié dans cette maison, au-delà de sa qualité intrinsèque, une audace, un radicalisme et une volonté d’aller au-delà des tendances, de ne pas les suivre, de ne pas faire de compromis, de maintenir l’authenticité de la marque. Wally porte aussi ces mêmes valeurs jusqu’au-boutistes. « Hermès-sur-Terre », « Wally-sur-Mer » : la rencontre était inéluctable

Au cours de cette réflexion cabotant à contre-courant, comment a surgi l’idée d’une coque triangulaire ?
P.-A.D. Tout évolue par cycles. Nous évoluons non parce que nous nous lassons d’une forme ou d’une couleur, mais parce que nos valeurs se bonifient avec le temps. Mon inspiration reste le caïque grec, ample, généreux et lent. Cet éloge de la lenteur est revendiqué d’une manière splendide. Un renoncement qui n’a rien de futile. Pour tenir la mer confortablement, il fallait une coque stable. L’idée d’une coque triangulaire, inexistante dans le monde du nautisme de loisirs, est venue de celui de la marine marchande et utilitaire.

L.B.A. Oui, c’est vrai, j’ai mis quelques mois à renoncer à mon idée, à mon goût de la vitesse ! L’été 2008, je suis tombé par hasard, en lisant un magazine professionnel, sur la photo d’un géant : un pose-câble de l’industrie géominière et de la recherche sismologique en mer du Nord, inventé par un ingénieur naval norvégien, Roar Ramde, et dûment breveté. Ce navire n’avait rien d’une nouveauté puisqu’il était en service depuis vingt‑cinq ans. J’ai aussitôt sauté sur mon téléphone et appelé mon architecte naval, Mauro Sculli. Il a consulté le Rina, le registre italien naval de classification : inconnu au bataillon du yachting ! Tant mieux. On tenait notre base.

G.P. Au lieu de choisir une structure qui exprime et appelle la vitesse, nous avons opté pour une dynamique qui impose la lenteur via la stabilité. Si l’on observe ce pose-câble dans ses manoeuvres, il n’est pas beau, il est brutal, puissant, incroyablement stable ; ses proportions sont pharaoniques. Et puis, l’on s’aperçoit qu’il est comme une clé anglaise. Tout son potentiel est concentré dans une fonction.

P.-A.D. Et sa vitesse optimale est de 14 noeuds. Le point de départ de tout le projet.

Quelle vision marine s’est alors imposée ?
L.B.A. Un amphithéâtre sur la mer. Comme Portofino !

P.-A.D. Un morceau de terre détaché, mais pas à la dérive. Habiter le mythe de la vague. Ou celui de la baleine. Le surf et Moby Dick : la figure du « tube » et de la baleine blanche. Un nouveau territoire.

A suivre…
Voir la Galerie Photo NauticNews.com du WHY

– AlP –

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