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Barcelona World Race: Mardi noir…

Début de semaine à rebondissements avec l’annulation du changement d’équipage sur Hugo Boss, le démâtage de Président au large du Cap-Vert et l’arrêt programmé de Foncia au Brésil ! Côté alizés, ils soufflent toujours puissamment du côté de l’archipel cap-verdien, mais sont en train de mollir le long des côtes africaines et pour les leaders qui approchent du Pot au Noir…

Noir est ce mardi, onzième jour de la Barcelona Wolrd Race. Aussi noir que le Pot qui se profile à l’horizon pour les premiers, Jean-Pierre Dick et Loïck Peyron : Virbac-Paprec 3 commençait ce mardi en début d’après-midi à entrer dans cette zone de convergence des alizés des hémisphères Nord et Sud… Mais si les vitesses chutent légèrement, elles restent encore élevées car la brise tourne doucement du secteur Nord-Est 20-25 nœuds vers l’Est-Sud Est d’une dizaine de nœuds, ce qui annonce une traversée plutôt rapide et un ralentissement qui ne devrait pas durer plus d’une journée, voire une journée et demie. Bref, les poursuivants ne doivent pas lâcher prise et continuer à mettre du charbon, au risque de se faire sérieusement décrocher : d’ici 48 heures, la situation va radicalement évoluer avec des alizés en berne au Nord et un Pot au Noir en expansion ! Les gennakers ont déjà remplacé les spinnakers et les vitesses sont proportionnelles à la hiérarchie, du moins jusqu’aux concurrents ayant dépassé le Cap-Vert… Car pour les retardataires, la situation météorologique ne va pas être favorable : des alizés qui deviennent asthmatiques, un Pot au Noir qui remonte jusqu’au 6°N, voire plus, une position très Est qui impose une série d’empannages pour atteindre le 26°W au moins avant de s’engager dans le Pot au Noir !

Noir de monde
Virbac-Paprec 3va donc jouer le rôle d’ouvreur de piste… noire ! Car ses poursuivants directs suivent à quelques milles près en longitude, la même voie, ce qui est plutôt rare sur un tour du monde. L’ouverture se situe en effet autour du 28°W et Foncia devrait s’engager dans la « zone noire » environ six à huit heures plus tard, à la nuit tombée. Pour les trois suivants, Estrella Damm, Mapfre et Mirabaud, le décalage devrait atteindre une vingtaine d’heures et une bonne journée pour Groupe Bel et Neutrogena. Mais pour les autres, le changement de décor météorologique va rendre les choses beaucoup plus incertaines ! Car les quatre retardataires, FMC, Hugo Boss, We are water et Central Lechera Asturiana, sont obligés de se décaler à l’Ouest pour ne pas avoir à enchaîner les empannages dans le petit temps au large du Cap-Vert : leur retard va prendre des proportions importantes avant même le week-end… Il va y avoir du monde dans le Pot au Noir pendant longtemps !

Café noir
Pour Michel Desjoyeaux et François Gabart, l’incident technique de dimanche a trouvé une parade : le délaminage de la crash-box d’étrave sera réparé du côté de Recife probablement vendredi 14 janvier. Le détournement n’est pas trop important par rapport à la route normale autour de l’anticyclone de Sainte-Hélène, le port brésilien dispose des infrastructures nécessaires pour lever rapidement le bateau afin de remplacer la pièce préparée actuellement à Port-la-Forêt, et enfin les alizés de secteur Est sont réguliers à cette période de l’année : à part un léger ralentissement en approchant des côtes brésiliennes par effet tampon, il n’y a pas de « fracture météorologique » à ce stade de la course. La perte sèche pourrait être inférieure à huit heures… Le temps que la stratification sèche.

Pavillon noir
Pour Jean Le Cam et Bruno Garcia, le coup est dur ! Au coucher du soleil lundi, Président percutait une vague comme cela lui était déjà arrivé une vingtaine de fois précédemment, mais cette fois, le mât ne résistait pas à la poussée de la grand-voile haute et du gennaker : il se brisait brusquement et Jean Le Cam à la barre ne pouvait que constater les dégâts. Rapidement, l’équipage se débarrassait du gréement et des voiles pour que la coque ne soit pas abîmée par le profil en carbone rompu en plusieurs morceaux. Une fois dégagé de tout danger pour l’hélice, l’équipage faisait route au moteur, travers à la lame, à petite vitesse (4 nœuds), vers l’île de San Antoa à une cinquantaine de milles dans le Sud-Est. Président devrait atteindre le port sous le vent de l’île à la tombée de la nuit ce mardi et il est probable que le duo patiente jusqu’au lever du jour pour embouquer le chenal d’accès.

Classement du 11 janvier à 15 heures :

  1. VIRBAC-PAPREC 3 à 22 099 milles de l’arrivée
  2. FONCIA à 83 milles du leader
  3. ESTRELLA DAMM Sailing Team à 219 milles
  4. MAPFRE à 259 milles
  5. MIRABAUD à 265 milles
  6. GROUPE BEL à 316 milles
  7. NEUTROGENA à 332 milles
  8. GAES CENTROS AUDITIVOS à 538 milles
  9. PRESIDENT à 564 milles
  10. RENAULT Z.E à 567 milles
  11. CENTRAL LECHERA ASTURIANA à 685 milles
  12. WE ARE WATER à 705 milles
  13. HUGO BOSS à 725 milles
  14. FORUM MARITIM CATALA à 765 milles

Ils ont dit :
Jean Le Cam, Président : « Nous avons démâté à une cinquantaine de milles de l’île de San Antao. Le démâtage s’est passé lundi vers 19h00TU, juste avant la tombée de la nuit. Il y avait 20-25 nœuds de vent. Nous étions sous gennaker et grand-voile haute. Nous avons planté dans un train de vagues d’alizés assez courtes, mais cela n’avait rien d’exceptionnel. Le pourquoi du comment, je n’en sais rien. J’étais à la barre à ce moment-là alors que Bruno se trouvait à la table à carte. Ce n’était même pas un enfournement, c’était un petit planté comme cela nous est arrivé une vingtaine de fois. Au niveau du mât, nous avons entendu « crac » et le fagot était par terre. Le temps que tu lèves la tête et il n’y a plus de mât ! Difficile donc de savoir ce qu’il s’est passé. Tout est tombé à l’eau. Le souci, qui est toujours le même, est d’éviter d’abîmer la coque. Le mât était sur le côté, il a donc fallu tout larguer le plus rapidement possible pour éviter d’endommager le bateau. Nous avons coupé les drisses et les écoutes jusqu’à ce que le bateau se sépare du gréement complet. Après vérification nous avons mis le moteur immédiatement pour nous diriger vers le port le plus proche. Nous progressons à 4 nœuds, car pour l’instant nous sommes travers aux alizés donc nous n’allons pas très vite. Au niveau gazole nous avons tout ce qu’il faut à bord puisque nous avions le plein pour notre tour du monde. C’est un coup très dur ! Nous n’avons plus de mât, ni de voiles : il nous est difficile d’imaginer repartir.»

Michel Desjoyeaux, Foncia :
« L’étrave de Foncia est endommagée. Dimanche, en allant à l’avant, nous avons remarqué qu’il n’y avait plus de carbone sur la mousse. Nous ne pouvons pas intervenir en mer. C’est notre pare-chocs : il nous est impossible de faire tout le parcours avec une étrave comme celle-là.  Autant en terme de performance qu’en terme de sécurité. Le crash-box est là en cas de rencontre avec un OFNI (ndlr: objet flottant non identifié). Derrière il y a une étrave structurelle résistante pour naviguer, mais pas pour endurer des vitesses importantes. Notre fusible est donc à réviser. Nous avons découvert cela avant le Cap-Vert mais c’était alors trop court pour réagir avec notre équipe technique. Nous pouvons prendre le risque de pousser jusqu’aux côtes brésiliennes pour perdre le moins de temps. En fonction de ce qu’il restera, nous saurons alors combien de temps prendra la réparation. Ce qui est sûr c’est que le processus d’escale technique et la réparation du crash-box sont bien enclenchés. »

Sébastien Audigane, Groupe Bel : « Nous avons entre 20 et 27 nœuds dans les rafales avec une mer assez courte. Pour nous, à bord de Groupe Bel, il n’y a aucun problème technique. Nous avons appris hier que Jean avait démâté. Nous sommes bien désolés pour lui. De même ce matin nous avons lu que Foncia avait cassé sa crash-box, c’est bien dommage pour eux. Nous n’avons rien à déplorer pour l’instant. Nous allons chercher à descendre dans le vent et chercher l’entrée du Pot au Noir qui est assez Ouest. Il y a, semble-t-il, du vent dedans. Nous devrions y être demain soir je pense. »

Pepe Ribes, Estrella Damm : « Nous avons connu quelques soucis, mais maintenant nous naviguons à 20 nœuds dans des alizés de Nord-Est. La mer a diminué quelque peu : nous avons une houle de 4 à 5 mètres et cela fait plaisir de barrer le bateau. Les surfs sont longs et les sensations très agréables. Cela fait plusieurs jours que nous regardons les calmes équatoriaux. Ils vont nous freiner une journée ou une journée et demie. Nous devons décider si nous plongeons au Sud pour aller chercher Cabo Frio ou pousser au Sud-Sud Est jusqu’à l’anticyclone de Sainte Hélène. Le Pot au Noir semble être assez étroit et nous pensons pouvoir le passer vers 26°W. »

Crédit Photo: © Jacques Vapillon

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Plus d’informations: www.barcelonaworldrace.org

– CP

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