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L’été polynésien et studieux de Tara

Tara goelette oceanographique en polynésie francaise

De juin à août, la goélette océanographique Tara fera le Tour de la Polynésie française. Une mission d’étude sur les coraux sera réalisée aux Iles Gambier, du 25 juin au 10 juillet. 30 plongées sont au programme (2 par jour). Au-delà de l’étude de la biodiversité corallienne des récifs des Gambier, cette mission vise à approfondir et compléter les connaissances sur les récifs coralliens de l’Indopacifique, dans un contexte de changement climatique. Elle fait suite à plusieurs études menées par Tara à Djibouti, Saint Brandon (Maurice) et Mayotte en 2010. Cette mission est dirigée par Francesca Benzoni, la coordinatrice des missions coraux de Tara Oceans et scientifique de l’Institut de Recherche pour le développement (IRD) à Nouméa. C’est la première fois que les études sur les coraux vont être couplées à des études sur le plancton lors de l’expédition Tara Oceans. Les scientifiques du consortium espèrent ainsi établir des liens entre la vie des récifs et la vie planctonique.

La pertinence d’une étude aux Iles Cambier

« A l’inverse de l’Archipel des Marquises, explique Michel Pichon, spécialiste des espèces marines tropicales, les Iles Gambier n’ont été l’objet que d’un nombre très limité d’expéditions et d’études scientifiques, en partie du fait de leur relative isolement. En ce qui concerne les scléractiniaires et les récifs coralliens, la seule publication disponible est celle de Chevalier (1974), faisant suite aux missions effectuées par le Muséum national d’histoire naturelle sous contrat avec la Direction des centres d’Expérimentations Nucléaires. Dans cette publication Chevalier mentionne (après mise à jour de la synonymie) la présence de 54 espèces de scléractiniaires à zooxanthelles. Cette valeur est anormalement basse, si on la compare au nombre d’espèces recensées dans diverses zones ou localités de la région. La faune corallienne des Iles Gambier est notablement plus pauvre que celle de Mururoa, et du même ordre de grandeur que celle de Pitcairn, pourtant située à la fois plus à l’Est et surtout plus au Sud. Cette situation n’est pas conforme aux tendances suggérées par des considérations biogéographiques, lesquelles voudraient que la faune corallienne des Iles Gambier soit, en particulier, significativement plus diversifiée que celle de Pitcairn. Ceci est d’autant plus vrai que la diversité morphologique des formations coralliennes des Iles Gambier (récifs frangeants, barrière émergente, barrière immergée, formations de lagon) est en elle même, de par la multiplication des types de milieu qui en résulte, un facteur de diversité spécifique. Il est donc très vraisemblable que l’anomalie apparente que constitue actuellement la faible diversité corallienne soit le résultat d’un très net sous-échantillonnage. Si l’attention des autorités a été attirée sur cet état de fait, aucune initiative n’a été prise jusqu’à maintenant pour rectifier cette situation. La faune corallienne des Iles Gambier est donc incomplètement connue, et il existe une déficience qui demeure à combler en ce qui concerne la biodiversité et la biogéographie des scléractiniaires. »

Mission d’étude avec un « glider »

Le bateau fera escale à Mangareva (Iles Gambier) du 22 au 25 juin et du 10 au 13 juillet. Puis une mission d’étude avec un « glider » (planeur sous-marin) et des bouées dérivantes est prévue au large des Iles Marquises pendant une dizaine de jours, à partir du 24 juillet. L’objectif sera de caractériser l’écosystème planctonique présent sous le vent des îles, la zone se situe dans un bloom (efflorescence) de phytoplancton. Le « glider » et les bouées dérivantes caractériseront les masses d’eau (données physico-chimiques) tandis que l’équipe à bord de Tara recevra les informations en temps réels et d’après cette cartographie en 3D s’attachera à en échantillonner la biologie aux endroits les plus pertinents. Une autre bouée (Provbio) qui fera des allers-retours verticaux dans la colonne d’eau sera aussi opérationnelle pour aider à caractériser la masse d’eau échantillonnée. Cette mission est codirigée par les scientifiques Fabrice Not (coordinateur scientifique de Tara Oceans), de la station biologique de Roscoff (CNRS-UPMC), Daniele Iudicone (également coordinateur scientifique Tara Oceans), de la Stazione Zoologica Anton Dorhn de Naples et Fabrizio d’Ortenzio du Laboratoire d’océanographie de Villefranche sur Mer (CNRS-UPMC). Elle est le fruit d’une collaboration avec le laboratoire LOCEAN à Paris, l’Ecole Normale Supérieure (ENS) à Paris, l’Institut français de recherche pour l’exploitation de la mer (Ifremer) et le Centre de Recherches Insulaires et Observatoire de l’Environnement de Moorea (Criobe). Le bateau fera escale à Taiohae (Iles Marquises) du 21 au 24 juillet.

Tags sur NauticNews.com : TaraOcéanographie

Crédit photo : F.Aurat/Tara Expeditions

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