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Solitaire du Figaro : Eliès démâte, Dalin et Beyou s’échappent

C’est un coup dur pour le double vainqueur en titre de La Solitaire du Figaro-Eric Bompard cachemire : alors qu’il avait impressionné tous ses adversaires depuis le départ de Deauville (partant dernier après un rappel individuel !) en grappillant les places en vitesse pure et en changeant judicieusement son fusil d’épaule lors des calmes de l’île de Wight, Yann Eliès a dû jeter l’éponge pour cette première étape qui devrait arriver à Plymouth mercredi soir…

C’est le hauban intermédiaire tribord (D1) qui a cassé juste après avoir viré de bord pour déborder le phare de Wolf Rock et le skipper s’est fait une frayeur lorsque son Figaro Bénéteau 2 s’est fait déporter sur les roches : heureusement, le courant le décalait d’une cinquantaine de mètres alors que la brise soufflait à plus de 25 nœuds sur une mer très agitée. Le solitaire pouvait alors se libérer de son gréement pour éviter d’abîmer voire de percer la coque, puis Yann Eliès faisait route au moteur vers Falmouth qu’il devrait atteindre ce mardi soir : il a déclaré son abandon pour cette première étape, mais espère bien rejoindre la flotte avec un nouveau gréement à Plymouth.

La flotte s’étire…

Charlie Dalin qui avait choisi une trajectoire au vent de la flotte avant le cap Lizard n’était qu’à une minute du premier pour virer le phare et prenait alors la tête avec dans ses basques Jérémie Beyou. Les deux solitaires commençaient alors à faire le break avec un mille d’avance sur un premier groupe de poursuivants emmenés par Alexis Loison (Fiva) aux côtés d’Erwan Tabarly (Armor Lux-Comptoir de la mer), Fabien Delahaye (Skipper MACIF 2012), Adrien Hardy (Agir Recouvrement) et Paul Meilhat (SMA). Le premier « novice », le Britannique Sam Matson (Artemis 21) pointait à une très belle neuvième place à 2,5 milles du leader en compagnie de son compatriote Henry Bomby (Red).

Mais ce passage de Wolf Rock a surtout eu pour conséquence d’étirer la flotte sur plus de dix milles avec deux retardataires : le Normand Joan Ahrweilleur (Région Basse Normandie) handicapé par sa drisse de grand-voile cassée dès Deauville, et l’Anglais Edmund Hill (MacMillan-Cancer Support) qui semble avoir aussi des problèmes techniques à bord. Sur un bord obligatoire vent de travers, il n’y a pas d’option possible et la meute se suit comme un petit train. Il en sera ainsi jusqu’à l’atterrissage sur l’île de Batz où le vent va commencer à sérieusement mollir avec le coucher du soleil !

Il faut donc s’attendre à ce que « l’élastique » se tende au profit des leaders qui vont creuser l’écart lorsqu’ils pourront envoyer le spinnaker entre l’île de Batz et l’arrivée. Les prévisions de Météo Consult confirment que le flux de Sud-Ouest va très sensiblement s’écrouler avec l’arrivée d’une bulle anticyclonique sur la Manche dès la nuit prochaine. La brise sera donc plus favorable pour les premiers, et les retardataires devraient cumuler plusieurs heures de retard à Plymouth. En revanche, les deltas entre les deux leaders et leurs douze premiers poursuivants ne devraient pas dépasser une heure…

En bref :
A noter que Yann Eliès abandonne cette première étape et sera donc classé avec le temps du dernier de cette étape, plus deux heures. Il peut donc prendre le départ de la deuxième étape de La Solitaire du Figaro-Eric Bompard cachemire dès qu’il aura effectué les contrôles de jauge.

Enfin, un prix spécial, les 100 milles de la Brittany Ferries, sera décerné au solitaire qui effectuera le meilleur temps entre la première bouée de chenal tribord à Roscoff et l’arrivée à Plymouth, un tracé qui correspond à la ligne historique des bateaux de la compagnie maritime bretonne qui effectuent l’aller-retour tous les jours…

Ils ont dit…
Yann Eliès (Groupe Quéguiner-Leucémie Espoir) : « Je venais de virer de bord devant le phare de Wolf Rock depuis trois minutes et je suis rentré à l’intérieur pour finir de matosser : j’ai entendu un crac et quand je suis sorti, le mât était par terre ! J’étais en tête devant Charlie Dalin : il y avait 23 nœuds de vent… C’est le câble intermédiaire tribord qui a cassé : j’ai été obligé de tout larguer parce qu’il y avait pas mal de mer et surtout, j’avais peur de dériver sur les roches du phare et heureusement le courant m’a fait passer à cinquante mètres… J’ai eu une petite frayeur !

Je rentre au moteur vers Falmouth que je devrais atteindre vers 20h au mieux, parce qu’avec la mer qu’il y a, je me fais valdinguer ! Je suis assez tenté de continuer La Solitaire du Figaro-Eric Bompard cachemire, mais il faut que je trouve un mât et des voiles. Mais là, je suis cuit : je vais essayer de dormir pour tout remettre à plat. Si je reviens, c’est pour gagner au moins une étape ! Déjà j’étais en tête et j’étais bien parti pour la gagner cette première étape… J’étais en forme, rapide, dans une bonne phase même si j’avais de petits soucis de pompe de ballasts. »

Charlie Dalin (Normandy Elite Team) :
« J’ai mis du temps à récupérer de mon départ. Le retour va être très compliqué, car la fin de parcours va être difficile et rien ne sera joué d’ici Plymouth. Je suis content d’être là, content de ma vitesse j’essaie de ne jamais faire des choix extrêmes depuis le début, j’essaie d’être dans le paquet. »

Gwenaël Gbick (Made in Midi) :
« J’imaginais le rythme mais tant que tu ne l’as pas vécu… Ce n’est pas croyable ! Je pense qu’il peut se passer encore des choses en arrivant sur la côte anglaise s’il n’y a pas trop d’écarts. Le plus compliqué, on est en train de le vivre en ce moment ! »

Erwan Tabarly (Armor Lux-Comptoirs de la mer) :
« On fait du près un peu abattu et ça avance vite, mais ça mouille… La nuit ne s’est pas trop mal passée : j’ai fait un petit coup d’option avant le coucher du jour qui m’a rapproché du groupe de tête. On pique vers Roscoff dans du vent toujours soutenu qui oblige à barrer. Il faut réguler en permanence à l’écoute de grand-voile… »

Paul Meilhat (SMA) :
«  J’ai pu faire quelques petites siestes toutes les six heures et ça va. Cet après-midi, on va être encore à la même allure que maintenant, mais sur l’autre bord ! Le vent va mollir au fur et à mesure que nous allons nous rapprocher de la Bretagne. Le prochain point difficile sera l’approche de la bouée devant Roscoff car il va y avoir une molle… »

Adrien Hardy (Agir Recouvrement) :
« J’ai bien dormi la nuit dernière mais j’ai quand même vu un truc rare en mer : un arc-en-ciel avec la lune ! Cet après-midi, on va être sur un bord tout droit dans un vent bien établi : il n’y aura pas grand-chose à faire et ce sera l’occasion de se reposer puisque la fin de course va être compliqué avec du vent faible… »

Crédit Photo : Alexis Courcoux

Tags sur NauticNews: Solitaire du Figaro, Trophée Eric Bompard

– CP –

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