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Barcelona World Race : la mer d’Alboran en rangs serrés…

On leur promettait le pire : des trous de vent inexpliqués, des nœuds dans les neurones, des heures d’angoisse à l’idée de voir une part de la flotte s’échapper pendant que l’on reste collé sur l’eau. Et finalement, cette première journée de janvier s’est montrée bien plus clémente et stable qu’attendue.

Jusqu’ici la flotte a progressé à bonne vitesse dans un vent un peu plus orienté au nord que prévu ce qui a permis de descendre quasiment sur un seul bord de Barcelone jusqu’à la latitude d’Alicante. Seuls les deux attardés We Are Water de Bruno et Willy Garcia et Spirit of Hungary de Nandor Fa et Conrad Colman ont payé au prix cher leur décalage le long des îles Baléares qui les a obligés à plusieurs empannages pour revenir sur la route. Avec au final, un débours d’un peu plus de 60 milles.

Des erreurs facturées cash

Pour autant, même si les conditions sont beaucoup plus maniables, l a moindre erreur se paie immédiatement. A bord de Renault Captur, Sébastien Audigane et Jörg Riechers avaient parfaitement entamé leur course, se payant même le luxe de rester un temps bord à bord avec Hugo Boss ou Cheminées Poujoulat. Mais durant la nuit, un problème à l’heure de hisser le spi s’est traduit par une montée dans le mât pour Sébastien avec comme conséquence la perte de contact avec le trio de tête et le besoin de récupérer des efforts consentis. Monter dans le mât d’un IMOCA, même en double, n’a jamais rien d’une partie de plaisir d’autant que Renault Captur disposant d’un mât aile (gréement de thonier) n’offre que peu de prises pour aider celui qui vous hisse sur une des drisses de secours.

A bord de Neutrogena, c’est une option poussée un peu trop dans l’est qui a provoqué le petit décrochement de Guillermo Altadill et José Muñoz par rapport au trio de tête. Le skipper c atalan l’avouait sans ambages à la vacation : hors de question de se satisfaire de cette position.

Trio de pointe

En tête de flotte, pas question d’amuser la galerie. Alex Thomson et Pepe Ribes (Hugo Boss) continuent d’imprimer une cadence soutenue, suivis comme leur ombre par Bernard Stamm et Jean Le Cam (Cheminées Poujoulat) et GAES Centros Auditivos (Anna Corbella et Gerard Marin). Ces trois-là naviguent à vue et chacun peut ainsi s’étalonner en permanence sur ses deux concurrents. Une situation idéale pour s’échapper et transformer les quelques milles d’avance en un matelas confortable. Les premiers concurrents envisagent maintenant d’atteindre le détroit de Gibraltar dès demain après-midi ce qui permettrait d’exploser le record de l’épreuve détenu par Jean-Pierre Dick et Loïck Peyron en 2010, en 3 jours, 7 heures et 11 minutes. Mais pour ce faire, impossible de se relâcher un instant. Alex Thom son qui a joint son équipe ce matin, le racontait : devant un vent plus faible et plus nord que prévu, les deux co-skippers ont pris la décision de jouer la route directe et de rester concentrés sur le pont afin de trouver les meilleurs réglages. Impossible dans ce type de situation de laisser s’instaurer la « routine nécessaire » à une bonne récupération des organismes.  C’est le prix à payer pour aborder en tête la sortie de Méditerranée. Mais bénéficier en premier des alizés de l’Atlantique Nord devrait générer des dividendes autrement plus conséquents. Savoir investir fait aussi partie des indispensables de la course au large.

Classement à 14h00 TU :

  1. Hugo Boss (A Thomson – P Ribes) à 23 154,7 milles de l’arrivée
  2. Cheminées Poujoulat (B Stamm – J Le Cam) à 3,8 milles
  3. GAES Centros Auditivos (A Corbella – G Marin) à 5,7 milles
  4. Neutrogena (G Altadill – J Muñoz) à 15,9 milles
  5. Renault Captur (J Riechers – S Audigane) à 41,4 milles
  6. One Planet One Ocean & Pharmaton (A Gelabert – D Costa) à 44,1 milles
  7. We Are Water (B Garcia – W Garcia) à 62,9 milles
  8. Spirit of Hungary (N Fa – C Colman) à 75,9 milles

Ils ont dit :

Guillermo Altadill (Neutrogena) : « La nuit a été plutôt bonne. Les conditions étaient plus difficiles au moment du départ, il n’y avait pas de vent, il est rentré plus tard. Nous avons été assez rapides cette nuit, nous avons essayé de revenir sur Hugo Boss et Cheminées Poujoulat, que l’on voit toujours sur bâbord. Nous restons au contact avec eux. On espère pouvoir encore revenir un peu quand le vent va de nouveau perdre en instabilité après le détroit de Gibraltar vers lequel nous progressons actuellement au portant. Je pense que le rythme va s’accélérer un peu, on devrait y être demain à la mi-journée. A minuit, nous avons eu pas mal de travail sur le pont pour procéder un changement de voiles et passer sous Code 0. Et il était plus de 03 heures du matin quand nous avons remarqué le changement d’année. On était surtout occupé à faire marcher le bateau… »

Sébast ien Audigane (Renault Captur) : « C’était un peu compliqué le départ dans le petit temps, et on a dû se mettre dans le match d’entrée de jeu. Mais cela s’est plutôt bien passé pour nous, on n’était pas très loin derrière Cheminées Poujoulat, à un moment on était avec Hugo Boss. Plus tard dans la nuit, on a perdu un peu de terrain. Il devait être 04 heures du matin, tout se passait bien jusqu’au moment de l’envoi du spi… J’ai été obligé de faire une petite ascension dans le mât. Et pour moi, comme pour Jorg, cela a été un petit peu physique cette histoire. Hier soir, après le départ, on a profité d’avoir des conditions un peu établies au reaching pour faire des petites siestes d’une demi-heure, une heure chacun son tour. Cela nous a bien aidés puisqu’on a perdu pas mal d’énergie avec la petite grimpette dans le mât. Depuis ce matin, on fait avancer le bateau pour revenir dans le match…  »

Crédit Photo : Nico Martinez

Tags sur NauticNews: Barcelona World Race, Open 60 IMOCA

– CP –

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