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Transat Jacques Vabre : dans le gros temps…

151026-TJV-the-new-hugo-bossDésormais, la flotte est clairement scindée en deux groupes : les prudents qui ont choisi de faire route au sud-ouest vent dans le nez, et les guerriers qui foncent à l’ouest dans la baston au débridé.

Un abandon et une avarie

Maître CoQ (Jérémie Beyou/Philippe Legros), dont l’avarie est survenue la nuit dernière, a du faire escale à Roscoff pour casse d’une pièce de fixation de l’étai principal. Malgré un travail acharné, il était impossible de garantir en fin de journée que la pièce remplacée serait suffisamment solide pour que le deux marins puissent reprendre la mer en toute sérénité. La décision a donc été prise d’abandonner la Transat Jacques Vabre 2015.

Ce jour, à 16h, le Class40 Club 103 a indiqué à la Direction de Course qu’il faisait route vers Lorient suite à la casse de son bout dehors et à son étrave abîmée. L’équipage devrait arriver demain dans la matinée dans le port breton et rapidement engager des réparations.

Sur un rythme endiablé

Du premier Ultime (Sodebo Ultim’) au dernier Class40 (Concise 2), l’écart est de 120 milles après 30 heures de course. Comprenez que les trimarans géants avancent deux fois et demi plus vite que les monocoques de 12,20 m, lesquels ont affiché tout de même de belles vitesses moyennes toute la journée : entre 12 et 15 nœuds selon leur positionnement. Si le tandem Nicolas Troussel/Corentin Horeau (Bretagne – Crédit Mutuel Elite) ouvre le bal au classement (les plus proches de la route directe), l’histoire ne fait que commencer. Car les Bretons, suivis 35 milles derrière par le bateau normand Groupe Setin (Manuel Cousin/Gérald Quéouron) sont les seuls à avoir mis du sud dans leur route ! Les 11 autres Class40 partent au combat vers la dépression. Deux extrêmistes ont même mis du nord dans leur route : Team Concise (Jack Bouttel/Gildas Mahé) et Solidaires en Peloton ARSEP (Thibault Vauchel-Camus/Victorien Erussard). Trempés, souvent à la barre car le pilote ne joue pas bien son rôle dans ces conditions musclées, les skippers sont bel et bien entrés au combat.

Préserver ou parier

Le scénario est a peu près le même en IMOCA, dont cinq bateaux (Hugo Boss, MACSF, Bastide – Otio, Le Bateau des Métiers by Aerocampus et Spirit of Hungary) ont piqué au sud-ouest pour préserver le matériel en évitant le gros mauvais temps. Les quinze autres, dont quatre nouveaux bateaux à foils (Edmond de Rothschild, Safran, Banque Populaire et St Michel Virbac) déboulent au débridé plein ouest pour attraper la bascule de nord-est qui les fera glisser plus tard. Mais pour l’heure, il partent au front ! Et ce pour deux jours, soit 48 heures à tenir dans une machine à laver…

Tous les multicoques en revanche ont choisi de contourner le sale temps. Les Ultime emmenés par Sodebo Ultim’ (Thomas Coville/Jean-Luc Nélias) naviguent au près sous voilure réduite le long de la dépression, et commencent à tirer des bords dans le golfe de Gascogne. Les Multi50, dont le leader est en ce moment Ciela Village (Thierry Bouchard/Oliver Krauss) font le gros dos. Les bateaux sont très sollicités dans ces conditions de mer forte, et ne peuvent gagner en vitesse. Nuit blanche à venir pour toute la flotte de la Transat Jacques Vabre.

Ils ont dit

Jérémie Beyou skipper de Maître CoQ (IMOCA) : « C’est très dur pour nous deux, pour l’équipe, les partenaires… Mais aujourd’hui les conditions ne sont pas réunies en termes de sécurité pour les hommes et le matériel. Il va falloir se poser et analyser tout cela avec l’équipe. Aujourd’hui il y a 2 scénarii en fonction des conclusions que l’on tirera : soit on convoie le bateau a Saint-Barth pour prendre le départ de la transat B2B et se tester face à la concurrence à armes égales, soit on rentre en chantier afin de naviguer plus tôt en 2016. »

Christophe Lebas, co-skipper de Carac – Advanced Energies (Class40)
« Nous faisons la course avec les cargos et apparemment on va plus vite qu’eux. La première nuit fut rapide, humide, mais les conditions de vent sont stables. Le vent rentre régulièrement, c’est une lessiveuse le bateau. Les conditions : 28 nœuds de vent, ciel couvert. Le vent a tourné à droite et pour le moment la mer est raisonnable, le bateau va vite. Concernant notre choix de route vers l’ouest, c’est parce que nous pensons que c’est la meilleure sortie de cette histoire-là, la solution est dans l’ouest. Louis est en train de faire un café, c’est parfait. Les conditions météo bouffent de l’énergie, c‘est une attention de tous les instants. Il va nous falloir un peu de temps pour avoir un rythme stable, ça va venir gentiment. »

Lalou Roucayrol, skipper d’Arkema (Multi50)
« Nous gagnons vers le sud. Nous avons bien repris du terrain cette nuit. Nous étions à la bagarre avec FenêtréA Prysmian. Nous n’avons pas beaucoup dormi. La nuit fut quand même agitée. Il va falloir essayer de se reposer car le vent va rentrer en fin d’après-midi et cela risque d’être costaud. Ce sera difficile. Pour le moment nous sommes sous deux ris et trinquette. »

Kito de Pavant, skipper de Bastide – Otio (IMOCA)
« Ca secoue, nous sommes au près, ça va durer un petit moment. Nous avons eu des petits soucis cette nuit avec le spi que nous n’avons pas réussi à descendre. La chaussette est restée coincée en haut. A part ça, nous avons eu une descente de la Manche assez rapide une fois qu’on a réussi à se dégager d’Etretat. Il y a pas mal de mer et pas trop de vent, une vingtaine de nœuds. On essaye de ne pas prendre trop de risque sur les routages, on fait des routages à 4 jours. C’est la route qui nous permet d’être devant au début et on verra sur la fin de la semaine. On veut préserver le bateau. Nous sommes sur la route directe avec vent de sud-est. Le gros de la flotte est au nord, ils vont vite mais rien n’est joué. Côté vie du bord, pour l’instant, nous ne sommes pas organisés du tout, depuis le parcours jusqu’à Etretat, il y a eu pas mal de manœuvres, et pas beaucoup de sommeil. On va essayer de se relayer toutes les 2 heures. Donc peu de sommeil sur les dernières 24h. »

Yves Le Blevec, skipper d’Actual (Ultime)
« On est en train d’attaquer un front qui va âtre assez marqué. On va atteindre 35-40 nœuds dans deux heures. Nous nous sommes bien reposés cette nuit, nous avons navigué tranquillement et là nous attaquons un front costaud. Nous nous habillons chaudement et nous réduisons la voile en fonction du temps. On va sans doute encore prendre un ris dans la grand-voile. Il faut adapter le bateau et regarder les trajectoires pour essayer de protéger le bateau sans perdre de temps. On attend de la mer plus mauvaise dès la nuit prochaine. Pour le moment, nous avons un à deux mètres de creux, mais on attend beaucoup plus. Nous ne marcherons pas aussi vite du coup. Nous suivons les oscillations du vent. Les autres ultimes sont partis plus à l’ouest, leur route est plus radicale que la nôtre. Il vont plus vite car ils ont un meilleur mais nous nous donnons une limite de vitesse pour ne pas abîmer le matériel. »

Positions le 26/10/15 – 17h30

Class40

  1. Bretagne Crédit Mutuel Elite
  2. V and B
  3. Carac Advanced Energies

Multi50

  1. Ciela Village
  2. Arkema
  3. La French Tech Rennes Saint Malo

Imoca

  1. Hugo Boss
  2. Bastide – Otio
  3. MACSF

Ultime

  1. Sodebo
  2. Macif
  3. Prince de Bretagne

Tags sur NauticNews: Transat Jacques Vabre, Class40, Multi50, Imoca

Crédit Photo: Hugo Boss

CP –

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