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Route du Rhum-Destination Guadeloupe 2018 : au cœur du coup de vent

Si les deux premiers trimarans ULTIME ont réussi à éviter le coup de vent, il n’en est pas de même pour le gros de la flotte de cette onzième Route du Rhum-Destination Guadeloupe. Le vent de Sud-Ouest a forci cette nuit, puis le front est passé sur les leaders de chaque catégorie en basculant à l’Ouest, créant une mer très désordonnée. Plusieurs solitaires ont choisi le repli vers des ports bretons ou espagnols…

Après 40 heures de course, de nouveaux solitaires ont décidé de s’abriter au vu de la situation météorologique : la deuxième dépression commence à sévir sur les concurrents au cœur du golfe de Gascogne et les conditions, surtout de mer, se sont sensiblement dégradées… Ainsi parmi les Rhum Multi, Loïck Peyron suivi par Yann Marilley tout comme Gilles Buekenhout, tente de rallier la côte Nord de l’Espagne, probablement vers Gijon ou La Corogne, tandis que Charlie Capelle, Pierrick Tollemer, Christophe Bogrand, Gérald Bibot font route vers la Bretagne Sud.

Faire le dos rond

Il faut dire que le golfe de Gascogne est particulièrement agité depuis le début de cette deuxième nuit de course avec l’arrivée d’un flux de Sud-Ouest puissant et une mer très formée et chaotique : les Class40 sont ainsi secoués par une houle de Nord-Ouest contrariée par des vagues de Sud-Ouest et un vent qui oscille entre 35 et 40 nœuds avec rafales ! Et il y a déjà plus de 150 milles d’écart latéral entre Louis Duc, au Nord et Kito de Pavant, au Sud. Difficile de déterminer qui s’en sortira le mieux car il semble qu’il y a moins de mer au septentrion alors que la porte de sortie apparaît plus ouverte dans le secteur méridional. Or pour l’instant, c’est au centre que la solution est la meilleure puisque Yoann Richomme conserve le leadership.

Côté monocoque IMOCA, la bataille Nord-Sud perdure toujours avec le Britannique Alex Thomson qui conserve la main sur la route directe (orthodromie) tandis que Vincent Riou et Paul Meilhat ont croisé en milieu de nuit, l’un choisissant de partir à l’Ouest derrière le front quand l’autre plonge vers le Sud face à une mer très dure… Or la situation est déjà très différente pour les Multi50 puisque deux d’entre eux ont réussi à déborder le cap Finisterre cette nuit : Armel Tripon et Lalou Roucayrol glissent désormais le long des côtes du Portugal, certes dans un flux de Sud-Ouest mais nettement moins musclé qu’au Nord, et surtout avec des vagues plus négociables que pour Thierry Bouchard, Thibaut Vauchel-Camus ou Gilles Lamiré en plein milieu du golfe de Gascogne.

Échappée par le Sud

Enfin pour les grands multicoques, deux d’entre eux vont pouvoir éviter le gros de la dépression, voire passer dessous : François Gabart et Francis Joyon ne se quittent pas d’une semelle et ont déjà atteint la latitude du cap Saint-Vincent, pointe Sud-Ouest du Portugal. Dans un vent de secteur Ouest d’une douzaine de nœuds, ils cherchent à accrocher les alizés canariens, mais la brise est vouée à mollir ces prochaines heures.

Ce qui n’est pas le cas pour Armel Le Cléac’h, 200 milles plus au Nord, qui a dû enchaîner deux virements de bord cette nuit. Le premier lorsque le vent s’est installé au Sud-Ouest 35-40 nœuds au large du cap Finisterre, le second quelques heures plus tard quand la bascule à l’Ouest 30-35 nœuds a eu lieu derrière le front. Il y a ainsi plus de 300 milles de décalage Nord-Sud entre les deux leaders et leur poursuivant ! Quant à Romain Pilliard, toujours au cœur du golfe de Gascogne, la situation météo n’est pas très favorable à la glissade : 35 à 40 nœuds de Sud-Ouest et une mer forte…

Ils ont dit

François Gabart (ULTIME-MACIF) :  » Une seconde nuit un peu plus tranquille pour le moment que la première, avec une petite dorsale entre les deux depressions. La mer s’est assez aplatie, on est sur le même bord avec un vent est assez irrégulier et instable. J’ai réussi à faire pas mal de petites siestes, donc je suis pas mal préservé mais cela ne va pas durer longtemps car on a un petit bord dans la dépression à faire ce matin. Il y aura du vent, de la mer, tout ce qu’il faut.
Je pense qu’on va réussir à éviter le gros de la dépression, on n’est pas très loin avec Idec , on va passer dans le sud et éviter la zone la plus embêtante. Il va falloir essayer d’accrocher l’alizé, il y a l’anticyclone qui se décale un petit peu sous nous mais il se fait un peu écraser par la dépression qui arrive. Il y a quelques opportunités pour essayer de le traverser, en particulier dans le front. Ce n’est jamais simple, Il faudra être rapide, anticiper et saisir l’opportunité. Le premier qui sortira aura fait une bonne partie du travail. Il faudra être bon à ce moment là. »

Paul Meilhat (IMOCA-SMA) : « On est dans le passage de front dans du Sud Sud-Ouest. Ce sont des conditions assez dures. C’est assez compliqué car on a eu jusqu’à 40 noeuds de vent quand même et surtout on a une mer de face assez violente. Donc je fais attention à ne pas aller trop vite. Je viens de virer de bord, le but c’est vraiment d’éviter au maximum la mer forte en allant vers le Sud. Ca tape fort mais le bonhomme et le bateau sont en forme. J’ai réussi à me reposer un peu. J’ai pu enchainer les deux virements sans encombre donc c’est déjà pas mal, je suis assez content. La réalité est à peu près conforme aux prévisions. Cela va durer au moins jusqu’aux Açores cette affaire. Cela va faire du bien d’avoir une mer un peu plus calme car c’est un peu le rodéo de matosser les voiles à l’avant. »

Armel Tripon (Multi50-Réauté Chocolat) : « C’était le challenge de réussir à passer à temps le Cap Finisterre, donc c’est une bonne chose. Il y a 22 23 noeuds de Sud-Ouest, avec une mer relativement calme, on arrive à être rapide. L’objectif est de descendre assez Sud pour avoir le passage de front le moins dur possible avec un état de mer à peu près maniable. On va longer les côtes du Portugal pour ensuite aller chercher le front dans l’Ouest. On aura des vents à 35 noeuds et des rafales à 40. L’idée est d’aller chercher un peu moins de vent et un peu moins de mer. Pour moi il n’y avait pas d’issue dans l’Ouest. Ce sont des bateaux qui ne sont pas faits pour naviguer dans 3, 4 mètres de vagues au près car cela devient un peu problématique. Cette dernière journée m’a permise de récupérer un peu, le bateau allait bien sous pilote et j’ai pu engranger un peu de sommeil.​ »

Claire Pruvot (Class40-Service Civique) : « C’est humide et ça tape fort. J’ai des claques à 35 noeuds de vent établis. Je suis passée 3 ris tourmentin là, je ne peux plus trop réduire mais je ne veux pas aller trop vite car ça tape fort déja. Pour l’instant il fait nuit mais quand le jour va se lever ce sera surement plus impressionnant. Faut se tenir et arriver à ne pas se blesser car on est projetés assez violemment. Il faut aussi faire gaffe lorsque l’on va manoeuvrer. Mais ça va, ça va… j’essaie de me reposer mais je suis trempée. Jusqu’à présent c’était à peu près rangé mais désormais j’essaie de récupérer les trucs à droite à gauche qui ont volé un peu partout dont ma cagoule. »

Fabrice Payen (Rhum Multi-Team Vent Debout) : « A bord cela se passe bien, je suis en train de rentrer dans le front, j’ai entre 30 et 35 noeuds et j’espère en sortir assez vite. L’idée était de contourner cette première dépression par le Nord et de prendre moins fort sur cette route là et de réussir à passer à un moment ou un autre. La mer est un peu formée mais ce n’est pas encore ce qu’ils nous annoncent pour vendredi, qui sera le plus dur. Après le front l’objectif est de faire une longue descente vers le sud pour essayer de se dégager de ce train de houle. Je découvre un peu le bateau dans des conditions au près et ça va. En revanche, j’ai un pilote qui consomme un peu trop donc je me pose des questions sur mon économie de gasoil par rapport à ma consommation »

Crédit Photo : V.Curutchet

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– CP –

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