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VG2020 : regroupés

Quel scénario ! Jamais dans l’histoire du Vendée Globe, il n’y a eu si peu d’écart à ce stade de la course : 10 bateaux en 712 milles (de Maître CoQ IV à V and B – Mayenne). Dans ces conditions météo tactiques, le Cap Horn, que les premiers pourraient atteindre le 2 ou le 3 janvier, devrait voir une ribambelle d’IMOCA se succéder au pied de son phare. Souvenez-vous : 800 milles séparaient Armel Le Cléac’h d’Alex Thomson en 2016 sur la route retour au début de l’Atlantique Sud, et au final 15 heures d’écart à l’arrivée. On se prend déjà à rêver d’un incroyable finish aux Sables d’Olonne en ce début d’année 2021…

Noël sans distanciation dans les mers australes

Comment se positionner par rapport à l’anticyclone qui barre la route ? Yannick Bestaven parviendra-t-il à s’échapper devant cette zone de hautes pressions ? Voici les deux questions du jour, auxquelles les réponses ne sont ni franches ni claires. Même le premier concerné navigue un peu à vue : « Si j’arrive à m’échapper, ça peut être banco mais c’est dur à dire, je serai le premier à arriver dans les zones de hautes pressions et aussi le premier à en sortir, normalement ! » expliquait Yannick Bestaven à la vacation de 10h ce matin. Thomas Ruyant, lui, se gratte la tête en ajustant les modèles météo trois fois par jour : « On a encore de la pression pendant un petit moment, mais plus on va avancer, plus elle sera rare. J’espère que Yannick (Bestaven) ne va pas prendre pas la poudre d’escampette. » La seule chose certaine, c’est que cette grande masse dépourvue de vent se déplace vers la Zone d’Exclusion Antarctique, pile poil sur la route des IMOCA et devrait compresser tout ce petit monde. L’image de l’océan Pacifique et ses longs surfs sur le dos des dépressions en prend un coup. En ce moment, c’est plutôt empannages et chevaux de bois au petit trot le long de la barrière des glaces.

Entre deux dépressions

Elle occupe les esprits de trois navigateurs. Cette fameuse bande rouge qui descend de Nouvelle-Zélande est une dépression assez creuse générant des rafales à plus de 40 nœuds. Romain Attanasio, Clarisse Crémer et désormais Louis Burton qui a perdu 400 milles suite son courageux pit-stop à Macquarie (3 montées au mât et réparations réussies) vont devoir faire le gros dos pour gérer entre mercredi et jeudi des vents de nord-est (ils seront donc au près) costauds et une mer bardée de talus. « Il ne faut pas aller trop vite pour ne pas se faire prendre au plus dur de la dépression » lançait Romain Attanasio dans une vidéo envoyée du bord. « Tant pis, je me ferais rattraper par derrière, mais je vais ralentir. Ce n’est pas très logique, j’ai du mal à faire ça » expliquait Clarisse Crémer avant-hier. Pour Louis Burton, le programme est inverse : cravacher maintenant pour passer devant la dépression avant qu’elle ne vienne franchement en travers de sa route.

Destremau à la merci d’un gros ennui de barre

Tout le monde cavale en avant du Cap Leeuwin dans d’excellentes conditions météorologiques pour avaler les milles. Tout le monde, sauf Sébastien Destremau qui ne s’en sort pas de ses multiples problèmes de barre et de pilote automatique, son bateau sursautant dans des embardées imprévisibles et nerveusement infernales à vivre pour le Toulonnais. « On peut dire que ça commence à sentir le sapin et je n’ai franchement pas beaucoup d’autres options que de ramener merci dans le port le plus proche… Ceci étant dit, on n’est jamais à l’abri d’une bonne surprise ! » écrivait Sébastien ce matin. Le skipper laisse planer le doute sur sa volonté de continuer ou pas, voire de s’abriter pour réparer en Australie. Sa trajectoire Nord va le protéger des nervosités du Grand Sud : une grosse dépression devrait secouer les Kerguelen jeudi prochain.

Ils ont dit

Kojiro Shiraishi, DMG Mori Global One

J’ai pu apprendre que le bateau est vraiment super important, surtout après mon avarie de grand-voile. Je fais beaucoup plus attention au bateau. Comparé aux courses que j’ai pu faire auparavant, j’étudie mieux mes prévisions météo. C’est rassurant de mieux savoir ce qui va se passer dans les prochains jours. C’est marrant : c’est la première fois que je participe à une course avec un bateau comme ça, mais je trouve le temps long. J’ai mis beaucoup de temps pour passer le Cap de Bonne-Espérance, et même là, je ne suis pas encore à mi-parcours. Honnêtement, je trouve le temps long, mais c’est marrant. Je ne pensais pas ressentir ça ici en pleine mer. Je m’amuse aussi ! Je suis le seul skipper concerné par le fait de passer sous le Japon, et ça va me faire du bien ! L’engouement grossit autour de notre projet, c’est motivant. Le nom Vendée Globe est connu au Japon, ce n’est plus seulement une course autour du monde. C’est top de pouvoir sentir que l’engouement se créer chez moi.

Isabelle Joschke, MACSF

Depuis quelques jours, je me fais des nuits d’anthologie. Il fait soleil, les températures sont agréables, le début d’après-midi est très agréable ! Je profite bien, parce que dès la fin de journée, quand le jour tombe, il fait un froid de canard, et les interventions sur le pont sont dures dans le froid. Je profite de ces instants plutôt cool, la mer est clémente depuis plusieurs jours et je refais le plein d’énergie. À la sortie de l’Indien, je sentais des tensions dans le dos alors que j’en ai très peu depuis le début de la course. La cause était une grosse fatigue cumulée suite à plein d’interventions et à un gros manque de sommeil. J’ai l’impression de me retaper complètement, musculairement et structurellement, ça va super bien. Je mange beaucoup aussi, parce que j’ai faim, le froid demande à avaler des calories pour se réchauffer. Tout cela fait que, doucement, je m’acclimate après les moments très durs.

Maxime Sorel, V and B – Mayenne

Côté navigation, pour l’heure, c’est un grand ‘tout droit’ le long de la zone d’exclusion antarctique. Et puis un peu avant Noël, une dépression va passer au ras des fesses. Il faut que je cravache pour que ça passe. Si ça ne passe pas, ce sera le drame : je serai quasiment contraint de ralentir pour la laisser passer. Je navigue tout seul depuis un moment, je traîne la patte en suivant… et je suis seul pour prendre mes décisions, puisque j’ai rarement le même système que les autres (devant comme derrière). Les conditions sont plutôt correctes, il y a du vent, qui est assez instable, mais la mer n’est pas trop désordonnée. Et il y a des petits oiseaux partout ! Ce matin (ou c’est après-midi ? Je suis perdu avec le temps TU), je suis passé au Sud de l’île Macquarie. Je savais qu’il y avait des cailloux, les Bishop, mais je pensais qu’ils étaient au ras de l’eau. 

CLASSEMENT à 15h00 Heure Française

1. Yannick Bestaven, Maître CoQ IV, à 10 574.8 milles de l’arrivée
2. Charlie Dalin, Apivia, à 112.95 milles du leader
3. Thomas Ruyant, LinkedOut, à 153.14 milles du leader
4. Boris Herrmann, SeaExplorer – Yacht Club de Monaco, à 362.68 milles du leader
5. Jean Le Cam, Yes We Cam!, à 389.57 milles du leader

Crédit Photo : M. Sorel

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