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VG2020 : ça passe ou ça casse

Le siège du leader, Yannick Bestaven, n’a rien d’un trône, mais plutôt d’un fauteuil à bascule. Toute l’attention aujourd’hui se porte sur l’avancée du skipper de Maître CoQ IV le long de la barrière des glaces, ligne virtuelle imposée par la Direction de course pour limiter la rencontre des IMOCA avec les icebergs et growlers. Car si Yannick parvient à se glisser dans l’Est de la bulle sans vent, c’est le jackpot ! Il pourrait considérablement creuser l’écart avec ses poursuivants Charlie Dalin et Thomas Ruyant. Sinon, ce sera un éternel recommencement avec un regroupement général…

Dans cette configuration météorologique, la Zone d’Exclusion Antarctique ou barrière des glaces ne facilite pas du tout la navigation pour le premier « paquet » de ce 9e Vendée Globe.  Tous aimeraient bien filer dans le Sud pour contourner la vaste zone de hautes pressions qui leur arrive droit dessus, mais ils n’ont tout simplement pas le droit, sécurité oblige. Il faut donc faire avec et manœuvrer, enchaîner les changements d’amure, « être dessus » comme disent les marins. Maître CoQ et Apivia multiplient les empannages dans une position plus sud que LinkedOut. La nuit à venir (la journée pour eux) devrait être cruciale.

Promesse de jours meilleurs pour les chasseurs

Cette zone de vents faibles et erratiques concerne les six premiers. Derrière, à partir de GROUPE Apicil rien ne devrait vraiment les arrêter, du moins la route sera moins chaotique, beaucoup plus directe avec un bon flux de nord-est pour avancer. « Il va y avoir un regroupement, ça va revenir fort par derrière, c’est un peu énervant, mais c’est le jeu » confiait Benjamin Dutreux dans un mot écrit du bord ce mardi. Damien Seguin, lui, est paré à revenir au cœur du match : « J’ai l’opportunité de revenir. Je suis prêt à batailler. J’attends le bon moment » confiait-il ce matin. Maxime Sorel et Louis Burton ont eux aussi toutes les chances de recoller, tandis que pour Romain Attanasio et Clarisse Crémer, ce n’est pas du tout à l’ordre du jour. Tous deux sont concentrés sur la façon dont ils vont négocier la dépression jeudi 24 décembre. « Je dois chercher à savoir si j’attaque la dépression par l’arrière ou si j’attends de me faire rattraper par le vent d’après. Je vais virer de bord dans la nuit, faire du Nord » explique Clarisse Crémer. Celui qui a gros à gagner face à cette situation peu habituelle dans le Pacifique Sud, c’est Armel Tripon sur L’Occitane en Provence. Le Nantais affiche ce jour la plus belle vitesse moyenne de la flotte : 446 milles avalés en 24h contre 257 pour Thomas Ruyant. Les chiffres valent mieux qu’un long discours. Tripon écrivait ce matin après son entrée dans le Pacifique Sud : « À ma droite l’Antarctique, immense continent que je rêve de voir de près, et face à moi, loin, très loin, le Cap Horn ! Entre nous, un océan gigantesque et des petits bateaux sur l’eau que je rêve de doubler ! ». Son rêve va bientôt se réaliser…

Didac Costa : 40 ans et un Cap Leeuwin !

Le pompier de Barcelone, actuellement en 19e position, fête ce mardi 22 décembre ses 40 ans et devrait avant minuit (TU) doubler le cap australien. Sur l’ex-Kingfisher d’Ellen Mac Arthur avec lequel elle avait remporté la Route du Rhum 2002, le Catalan vit avec son bonheur son deuxième Vendée Globe sur le même bateau. Dans son groupe de 5 IMOCA, le match est aussi palpitant qu’en avant de la flotte. Didac livre une superbe bagarre avec la Britannique Pip Hare, Stéphane Le Diraison, Manu Cousin et Arnaud Boissières, le meneur de la petite troupe.

Deux chevaliers et un officier

Suite au sauvetage de Kevin Escoffier le 1er décembre dernier, la ministre de la Mer, Annick Girardin, a fait savoir hier à Jean Le Cam, Jacques Caraës (Directeur de course) et Christophe Gaumont (président du Comité de course) par le biais d’une visio, qu’ils allaient être distingués par l’ordre du mérite maritime. Jean Le Cam sera promu officier dans l’ordre du mérite maritime, Jacques Caraës et Christophe Gaumont auront le privilège d’être nommés chevaliers dans l’ordre du Mérite maritime.

Ils ont dit

Romain Attanasio, Pure – Best Western

Ce matin, je suis passé entre l’île (Macquarie) et le caillou (Bishop). Il y avait un plateau avec 100 mètres de fond donc je m’inquiétais un petit peu de savoir si ça n’allait pas déferler, mais il n’y avait pas plus de 2 mètres de houle derrière moi donc j’ai tenté le coup et c’est bien passé. Je ne voyais pas du tout l’île et à un moment donné, un rayon de soleil est passé dans le bateau et quand je suis sorti c’était super beau, c’est la première terre que je vois depuis le départ. Ça fait 2-3 jours qu’on scrute les fichiers pour savoir comment on va réussir à passer ces 50 nœuds au près devant. Il faut essayer de trouver un passage pour éviter cela. Je commence à y voir plus clair, on verra demain. Là, le vent mollit. La nuit va peut-être être plus compliquée que la nuit précédente. On sait que ça va tamponner un petit peu, il va falloir gérer la vitesse. Il y a deux options, soit il faut aller dedans, mais ça veut dire prendre 50 nœuds au près le long de la zone des glaces, ce qui me parait être délirant, soit passer par le haut de cette dépression et ça a l’air de se décanter et de ne pas passer si mal que cela. Je m’oriente là-dessus et je pense que Clarisse (Crémer) aussi. 

Damien Seguin, Groupe APICIL

Il y a des probabilités pour qu’on puisse recoller devant, donc je travaille bien niveau météo pour comprendre exactement ce qu’il va se passer dans le système dans lequel on va tomber avec l’anticyclone et les passages à niveau. Ça nécessite de prendre une bonne connaissance de tout cela, il va falloir être opportuniste et avoir un petit peu de chance. Généralement dans les contournements d’anticyclones comme cela, il faut sa part de chance. Il va falloir être bien réveillé à ce moment-là. Mais ce n’est pas la partie la plus intéressante, l’approche de l’anticyclone. C’est bien d’avoir une opportunité météo de pouvoir recoller à la tête de course. J’ai un peu décroché de Jean (Le Cam) et de Boris (Herrmann), je vais revenir sur eux et peut-être sur ceux qui sont devant aussi. Ça sera surement un nouveau départ. C’est bien que l’élastique ne se tende pas toujours dans un sens, c’est bien qu’il se détende et qu’on revienne. Ça va relancer un petit peu de suspense et de stress, comme je le disais, il va falloir être prêt. 

Louis Burton, Bureau Vallée 2

Je suis super content d’y être retourné à chaque fois (dans son mât, ndlr) et de ne pas avoir abandonné. J’étais à deux doigts de le faire, et j’aurais regretté. Je viens de changer de voile d’avant, car ça a molli, et je suis sur le point d’envoyer ma grand-voile haute, pour la première fois depuis un mois. J’ai attendu (pour le faire) que ça mollisse. La réparation tient, pour l’instant. J’ai fait des empannages, ça n’a pas cassé. La pièce est beaucoup plus solide que la précédente. J’ai vraiment besoin d’envoyer la grand-voile si je ne veux pas arriver en retard dans le système d’après. Bref, je suis content et heureux ! Une dépression est devant moi, je vais me glisser en dessous, le long de la ZEA. Je vais avancer au près, ce ne sera pas très rigolo, mais 30 nœuds au près, ça se fait. Je suis moins handicapé dans ces navigations engagées, le bateau est mieux dans la baston que dans la molle.

CLASSEMENT à 15h00 Heure Française

1. Yannick Bestaven, Maître CoQ IV, à 10 314 milles de l’arrivée
2. Charlie Dalin, Apivia, à 84.91 milles du leader
3. Thomas Ruyant, LinkedOut, à 163 milles du leader
4. Boris Herrmann, SeaExplorer – Yacht Club de Monaco, à 302.94 milles du leader
5. Jean Le Cam, Yes We Cam!, à 368.87 milles du leader

Crédit Photo : JM Liot

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