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Transat Jacques Vabre: Gris-gris à la mode Brazil

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13/11/2007 –

Franck Cammas et Stève Ravussin (Groupama 2) ont le doublé à portée d’étraves. Les garçons ayant décidé d’être prudents vue leur confortable avance (283 milles au classement de 16 heures), il faudrait un vrai « mauvais coup du sort » pour leur ôter la victoire dans cette 8ème édition. Et comme on ne voit personne « planter » des aiguilles dans une poupée de vert vêtue, ils devraient entrer, demain en milieu de journée, en grand vainqueur dans la baie de tous les Saints. Derrière, les prières et autres dons à Eole fusent de toutes parts, mais le verdict est encore loin de tomber dans la classe IMOCA. La tête de course est enfin passée sous la barre symbolique des 2 000 milles, avec un Ecover III (Golding/Dubois) plus fringant que jamais. Crêpes Whaou ! (Escoffier/Fauconnier) a slalomé entre les îles du Cap Vert et plonge vers un Pot au Noir qui, après avoir malmené la flotte de la Classe ORMA, attend tout ce joli petit monde avec sa bonhomie habituelle. Les fiers marins de la Class40 n’en sont pas encore là, mais saluent eux aussi l’arrivée du vrai alizé. Ils vont pouvoir allonger un peu la foulée. Ils ont encore plus de 600 milles avant de rejoindre l’archipel du Cap Vert.

En 2003, suite au report du départ en raison d’une forte dépression Atlantique, les multicoques avaient tiré tout droit vers Salvador de Bahia, soit le parcours emprunté cette année. En 11 jours, 23 heures et 10 minutes, Franck Cammas et Stève Ravussin avaient remporté la mise sur Groupama premier du nom. Ce même duo s’apprête à effacer des tablettes ce temps de référence. Groupama, deuxième du nom, est peut être bien parti pour passer sous la barre des dix jours. Pour ce faire, il doit franchir la ligne avant demain mercredi 13 heures. Derrière, Gitana 11 (Lemonchois/Guichard) a fait un beau planté ce matin et va jouer lui aussi la carte de la « prudence ». Fort de ses 125 milles d’avance sur Banque Populaire (Bidégorry/Ravussin) à 16 heures, il va surtout s’appliquer à gérer celle-ci, aller « chercher » Groupama 2 relevant du domaine de l’utopie.

Imoca : Une troisième partie d’échec

On peut dire aujourd’hui que la partie d’échec dans la Classe IMOCA, entamée au passage des Canaries, est en train de rendre son verdict. « Il n’y a plus rien de fondamental à jouer, explique Michel Desjoyeaux (Foncia) lors de la vacation de midi. Maintenant c’est tout droit, avec réglage et vitesse ».

Si la première partie, entre le Havre et les Canaries, a été remportée par le duo Marc Guillemot/Charles Caudrelier (Safran), celle-ci est à mettre sur le compte du duo Mike Golding/Bruno Dubois (Ecover III). Dans cet alizé qui n’avait que le nom, ils ont scotché tout le monde. « Je pense qu’ils avaient un spi mieux adapté que nous pour ce type de vent. Les nôtres sont taillés max pour descendre dans la brise, le sien doit être plus petit, offrant un meilleur angle de descente dans la force de vent que nous avons eu ». Une manière comme une autre de masquer une légitime déception, puisque le « gauchiste » Michel Desjoyeaux n’a, à l’évidence, pas été récompensé de son option le long des côtes africaines, tout comme Cheminées Poujolat (Stamm/Cariou).

Cette troisième partie qui vient de débuter avec le passage au Cap-Vert est capitale pour la victoire finale et pourra être jugée à la sortie du Pot au Noir, soit d’ici trois à quatre jours selon la « vélocité / méchanceté » de celui-ci. Après, ce sera tout droit jusqu’à Bahia, avec une navigation au près-bon plein dans l’alizé du sud-est qui ne laissera guère d’opportunité. Un retard supérieur à 30 milles pourrait être du coup rédhibitoire .

50 pieds, les IMOCA ouvrent la route
Crêpes Whaou ! est sorti de l’archipel du Cap Vert après être passé entre Maio et Santiago. Il se recalle actuellement vers l’ouest pour sortir du triangle encore un pétoleux dans lequel ils sont et pour trouver le meilleur passage pour franchir le Pot au Noir. Le trimaran rouge et jaune ne profitera pas du balisage de la zone du Pot au Noir qu’effectueront les Imoca, en effet, il continue de leur ouvrir la route. En revanche, Laiterie de Saint Malo, à plus de 300 milles de là, file enfin vers le Cap Vert qu’il devrait atteindre cette nuit et ainsi se caller en fonction de l’expérience de ses prédécesseurs. Le reste de la flotte s’étale sur près de 1000 milles entre Croisières A Caseneuve et DZ Energy.com.

« Nous sommes enfin sortis du Cap Vert » soufflait Karine Fauconnier (Crêpes Whaou !) à la vacation du milieu de journée. «On a tiré des bords dramatiques dans des vents mollissants, on était un peu énervé d’être là. Avec des empannages tous les cinq minutes pour trouver le bon angle de vent, c’était une vraie galère. A présent, on va pouvoir enfin avaler les milles dans ce que j’appellerai des bébés alizés, parce que ça souffle à 15/18 nœuds et que les vrais alizés sont plus forts. C’est comme les poissons volants, ils sont minuscules en ce moment. Nous filons à une moyenne de 18 nœuds, c’est pas mal, on devrait arriver dans cinq jours, enfin, on espère, sinon, on manquera un peu de tout. Le Pot au noir, notre dernière barrière avant Bahia a l’air franchissable, pas très étendu. Jusqu’ici, on peut dire que cette transat aura été lente, mais clémente ».
Crêpes Whaou ! qui devance les Imoca ne profitera pas de leur expérience du Pot au Noir pour baliser la zone trouver le bon passage, contrairement aux autres 50 pieds de la flotte. Mais la route est directe et derrière le Pot au Noir, Franck-Yves Escoffier et Karine Fauconnier vont pouvoir bénéficier enfin de vrais alizés. Ceux de l’hémisphère sud, de secteur Est à Sud Est, générés par l’anticyclone de Sainte Hélène qui, lui, n’est pas aux abonnés absents.

40 pieds
La flotte Classe40 de cette 8e édition de la Transat Jacques Vabre poursuit sa descente vers le Cap Vert dans un flux de nord-est qui devrait finir par s’appeler « vrai alizé » d’ici 24 heures. En attendant, le jeu des empannages continue. Côté classement, le tandem Giovanni Soldini et Pietro d’Ali n’a pas été localisé au pointage (ni à 12h, ni à 16 h) et toute la question est de savoir si « Telecom Italia  » a concédé ou non, son leadership au duo Dominic Vittet et Thierry Chabagny à bord de « Atao Audio System« , auteur d’un joli coup le long des côtes africaines.

Ils ont dit

Foncia – Michel Desjoyeaux (6ème au classement de 12h00)
« Les problèmes de vent sont maintenant réglés, c’est tout droit vent arrière, il n’y a plus de coups tordus, plus de variations de vent jusqu’au Pot au Noir, c’est de la vitesse pure désormais. On est à 10/12 noeuds avec des surfs de 14 noeuds. C’est assez contraignant car notre spi ne comprend pas toujours ce qui lui arrive. Concernant la vitesse d’Ecover III, je pense qu il n’a pas le même spi que nous, il en a un plus adapté que nous, moins grand en surface. VM Matériaux en a un comme ça aussi et il aurait pu tirer son épingle du jeu avec. Sur l’écart qu’il a creusé, on ne comprend pas, je pense qu’il a une bonne vitesse et qu’il y a eu aussi des anomalies météo. Pour les prochaines heures, on a simplifié le travail météo puisqu’on a presque plus de gas-oil donc l’ordinateur est éteint. La route est assez simple, on va dans l’Ouest avec 1 ou 2 empannages à faire d’ici au Pot au Noir. Puis Cap au Sud ensuite. »

VM Matériaux – Jean Le Cam (7ème au classement de 12h00)
« Le vent est très instable, très variable avec des bascules très instables aussi. La direction oscille beaucoup. Nous sommes toujours au milieu de l’Archipel du Cap Vert, on aperçoit vaguement les îles. Concernant notre positionnement Ouest, pour l’instant ça ne semble pas être très favorable pour nous. Mais il y aura encore des coups à jouer après. C’est pas très reposant mais par contre très intéressant. Y a rien de fait, ça joue et on est joueur. La transat est épuisante mais franchement passionnante. On arrête pas de barrer comme en compet’. On fait des quarts de 3 heures variables. Sur le passage du Pot au Noir, je n’en sais, on verra. »

Class40
A.ST Groupe – Marc Emig (5ème au classement de 12h00)

« On est entre 2 fronts, avec Chocolats Monbana et Deep blue qui sont à vue depuis 2 heures maintenant. On a des conditions assez faibles de Nord / Nord-Est et on marche à 8,5 noeuds. On joue au chat et à la souris avec l’anticyclone. Très au large c’est nul, à la côte c’est nul aussi. Y a pas beaucoup d’options possibles, la situation va s’éclaircir quand cet anticyclone va enfin remonter, on aura alors un vent de Nord-Est plus soutenu. Depuis ce matin on a fait pas moins de 12 empannages, mais les conditions sont clémentes donc on arrive quand même à se reposer. »

ORMA
BROSSARD – Yvan Bourgnon (4ème au classement de 12h00)
«C’est la première fois que l’on a des conditions de vitesse comme ça. On a traversé plus vite le Pot au Noir qu’à faire Madère et le Cap Vert. Ca fait plaisir de voir enfin de vrais alizés à 30 nœuds. Ce matin, j’ai compris pourquoi j’étais parti sur cette course. Ces bateaux sont fait pour le vent. Jusque là, ce n’était pas trop ça. Maintenant, ça ne va être que du bonheur.  Sinon, Groupama a vraiment fait un sans faute. Je n’ai rien à en dire. Félicitation à eux ! Depuis le Cap Finisterre, on est les uns derrière les autres. Pour le moment on fait notre course. C’est génial, surtout dans des conditions comme aujourd’hui !».

GROUPAMA 2 – Stève Ravussin (1er au classement de 12h00)
«On est à 500 milles de Bahia. On devrait arriver demain. Pour le moment on navigue en faisant bien attention. Il y a beaucoup de grains. On a de l’avance mais on n’a pas encore gagné. La course n’est pas finie. On fait nos quarts, on fait gaffe aux grains et on reste prudent.  Il y a toujours une personne dehors.».

GROUPAMA 2 – Franck Cammas (1er au classement de 12h00)
«On est content. Il faut être à l’affût mais on fatigue un peu. Nous faisons tout pour faire avancer le bateau au mieux et être attentif en terme de sécurité. Mais les vents changent beaucoup.  Il y a beaucoup de grains, on n’arrive pas trop à se reposer. On attend un moment de calme pour dormir un peu. Depuis le début, on se relaye. Actuellement, on est toujours deux sur le pont pour chaque manœuvre. Mais en ce moment, il y en a toutes les demi-heures. Donc celui qui doit dormir ne peut pas se reposer».

BANQUE POPULAIRE – Pascal Bidégorry (3ème au classement de 12h00)
«On marche à 29 nœuds, c’est sportif ! Les conditions sont très agréables, avec une mer relativement plate. On est un peu vent de travers.  Le bateau est fait pour naviguer à ces allures. On est aussi là pour trouver des moments comme ceux là. Ca fait du bien de vivre des moments pareil.  En ce qui concerne Franck et Stève, je pense que ça s’est joué aux Canaries. Je pense qu’ils n’ont pas eu beaucoup de stress dans les derniers jours. Quand j’ai vu que l’on avait le safran cassé, je me suis dit que j’étais foutu. Quand on s’est arrêté au Cap Vert j’étais plus en train de regarder Brossard et Sopra, plutôt que d’imaginer que l’on pouvait revenir au contact avec Gitana. Je crois que l’on a pas eu trop de réussite. Les conditions de course ont peut-être facilité l’avancée de Groupama. Je regrette un peu car on a un bateau qui a bien progressé. J’aurai bien aimé qu’on puisse jouer plus avec. Ce n’est pas une histoire de classement.»

Photo: CLASS 40 – Lord Jiminy – © MOCHET Marcel / AFP

– CP –

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