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America’s Cup World Series: la veillée d’armes

Du 6 au 14 août, neuf équipages représentant huit syndicats issus de sept nations s’affronteront à bord des AC45, catamarans à aile rigide, pour les America’s Cup World Series-Cascais, l’événement d’ouverture de la 34e America’s Cup.

Ce week-end, les Cascais AC World Series Preliminaries se composent de deux événements : le Cascais AC Open et l’AC 500 Speed Trial. Samedi, trois courses en flotte de 20 minutes chacune sont programmées, suivies d’une épreuve de vitesse sur une distance de 500 mètres. Dimanche, les équipes disputeront la quatrième course en flotte, d’une durée approximative de 40 minutes.

Les prévisions météo annoncent pour samedi un vent de Nord-Ouest autour de 15 nœuds, forcissant dans l’après-midi. Aujourd’hui et demain vendredi, les équipes poursuivent leurs entrainements en flotte sur des parcours mouillés par le comité de course.

Du neuf !
Un vent nouveau souffle sur le plus vieux trophée sportif au monde et, sans aucun doute, cette révolution réside avant tout dans l’avènement de ces AC45, ces multicoques dotés d’un « turbo » comme le décrivait Loïck Peyron (Energy Team – FRA), cette aile rigide de 85 mètres carrés, qui change la donne. Ces purs sangs ne se laissent donc pas dompter si facilement et chaque équipe avance ses pions.

Les trois gros
Les écuries d’ORACLE Racing (USA), Emirates Team New Zealand (NZ) et Artemis Racing (SUE) imposent leur supériorité. Le Defender américain engage deux équipages dans la course, l’un mené par le quadruple vainqueur de l’America’s Cup Russell Coutts et l’autre par le prodige James Spithill, barreur notamment du trimaran « ailé » USA17 lors de la victoire de la 33e édition à Valence. Chez les Kiwis, l’incontournable Dean Barker, disciple de Russell Coutts lors de la victoire néo-zélandaise de 2000, est l’un des meilleurs match-racers au monde et mène efficacement l’AC45 à la fougère. Terry Hutchinson, aux commandes du catamaran suédois, brille aussi bien en TP52 qu’en Extrême 40. L’Americain a aussi une belle expérience de la Cup. Il était, rappelons-le, le tacticien de « Deano » Barker lors de la victoire d’Emirates Team New Zealand dans la Louis Vuitton Cup 2007. Ajoutez à ce casting d’enfer, une mécanique bien huilée et, surtout, des entrainements en quantité à bord des AC45 puisque ces trois équipes ont reçu leur AC45 en mars dernier.

Les « french » experts
L’hexagone est représenté par deux équipes à Cascais, Aleph et Energy Team. Ces deux syndicats recherchent encore une grande partie de leur budget mais ne manquent pas d’arguments. Comme le rappelait Bertrand Pacé, le skipper d’Aleph, « La France a une longue histoire dans le multicoque. » Cet atout indéniable pèse dans la balance des tricolores. Alain Gautier barre Aleph et ses compétences en matière de trimarans océaniques ou de Décision 35 (catamaran de laç) ne sont plus à prouver. Aux commandes d’Energy Team, c’est Loïck Peyron qui a régaté sur à peu près tout ce que la planète voile compte de supports à une, deux ou trois coques. De part et d’autre, l’humilité est de rigueur et l’apprentissage prime mais personne ne semble totalement dépassé par la bête. « L’aile ouvre beaucoup plus de possibilités, cela change du réglage d’une voile normale avec une gestion de la puissance qui est étonnante, » commente Bertrand. « Néanmoins, l’AC45 reste un bateau à voiles et c’est une régate où il faut partir dans le timing et aller vite. L’enjeu du moment est d’établir rapidement le gennaker après les empannages et c’est très physique mais globalement les AC45 restent des bateaux compréhensibles et accessibles. » De son côté, Loïck confirme que : « L’aile est la grande différence, c’est ce qui donne cette incroyable puissance à gérer mais c’est un multicoque et, si nous avons encore beaucoup à apprendre, nous ne sommes pas perdus. »

Des « rookies » en forme olympique
Ces nouveaux bateaux font entrer d’autres profils dans le circuit ; des marins issus de l’olympisme et de la voile légère ayant la culture de la vitesse et de la précision sur de petits parcours. La légende vivante Mitch Booth, avec ses dix titres de Champion du Monde (Tornado, Hobbie et F18) et ses deux médailles olympiques en Tornado, officie pour China Team. Le britannique Chris Darker, Champion du Monde et médaillé en 49er apporte son savoir faire à Team Korea. Et le slovène Vasilij Zbogar, double médaillé en Laser, prend les commandes du catamaran espagnol de Green Comm Racing. Tous trois se sont entourés de fines lames de la voile légère comme du Match Racing et ces équipes qui apportent fraicheur et enthousiasme à Cascais, espèrent bien perturber un peu la hiérarchie.

Ils ont dit :

Bertrand Pacé (FRA), skipper, Aleph (FRA) : « La France a une longue histoire dans le multicoque. Nous avons les bons marins comme les bons designers et le « multi » est très populaire dans notre pays. C’est une chance que l’America’s Cup se dispute sur ce support.  Nous commençons à prendre la mesure du bateau mais nous avons encore beaucoup à apprendre. Notre objectif ici à Cascais est de terminer derrière les « gros » et je pense que nous pouvons y arriver si nous progressons bien individuellement et collectivement. Nous faisons tourner l’équipage pour avoir sept personnes performantes (pour un team de 5 en course). A bord, je rège l’aile et comme le régleur est proche du barreur (Alain Gautier), je tactique aussi. L’aile ouvre beaucoup plus de possibilités, cela change du réglage d’une voile normale avec une gestion de la puissance qui est étonnante. Je commence à avoir les sensations de vitesse et de glisse et à comprendre comment gérer la puissance de l’aile. Néanmoins, l’AC45 reste un bateau à voiles et c’est une régate où il faut partir dans le timing et aller vite. L’enjeu du moment est d’établir rapidement le gennaker après les empannages et c’est très physique mais globalement les AC45 restent des bateaux compréhensibles et accessibles. »

Terry Hutchinson (USA), skipper, Artemis Racing (SUE) : « Nous avons une nouvelle équipe et nous apprenons beaucoup de nous-mêmes, de ces catamarans et du multicoque en général. Au fur et à mesure que la compétition avancera, le niveau de performance augmentera et la hiérarchie du classement risque d’évoluer. »

Mitch Booth (AUS), skipper, China Team (CHN) : «  C’est vraiment un immense plaisir, la première fois que nous essayons de relier l’Orient et l’Occident. C’est souvent un sacré défi mais quand vous arrivez à ce que les choses fonctionnent et prennent, c’est très gratifiant. Nous apprenons à communiquer très rapidement à bord et nous nous régalons tous les jours. »

Dean Barker (NZL), skipper, Emirates Team New Zealand (NZL) : « Ces dernières années, notre équipe s’est vraiment concentrée sur le monocoque, obtenant quelques bons résultats. La transition vers le multicoque est très intéressante. C’est un nouveau jeu pour beaucoup d’entre nous et nous avons encore beaucoup à apprendre. »

Loïck Peyron (FRA), skipper, Energy Team (FRA) : « Vous préférez forcément une aile qui vous apporte un effet « turbo » plutôt qu’une voile normale. Ces bateaux sont très intéressants et les bons outils pour le jeu que nous voulons jouer.  J’adore apprendre et depuis que nous sommes ici à Cascais, nous prenons un réel plaisir à apprendre tous les jours de nouvelles choses. L’aile est la grande différence, c’est ce qui donne cette incroyable puissance à contrôler mais c’est un multicoque et nous ne sommes pas perdus. Les designers ont accompli un travail de dingues. Ces bateaux demeurent globalement faciles à gérer même si parfois les formes rendent les choses un peu instables mais ils sont parfaits pour régater partout. »

Vasilij Zbogar (SLO), skipper, Green Comm Racing (ESP) : « Je les frappe quand ils regardent ce que je fais à la barre (rires). Nous avons réalisé le premier jour qu’à bord de ces bateaux, chacun doit se comporter en skipper, cette machine se mène en équipe. »

Chris Draper (GBR), skipper, Team Korea (KOR) : « Nous sommes très excités. Ces bateaux nous offrent un superbe terrain de jeu. La présence de l’aile permet de niveler les équipes même si nous ne nous faisons pas de fausses illusions. Prenons déjà le départ de la course et régatons, nous verrons bien. »

James Spithill (AUS), skipper, ORACLE Racing Spithill (USA) : « Favori est un terme intéressant mais quand vous regardez le niveau des marins présents ici et à quel point chacun progresse vite, cela vous donne une bonne idée de ce qui va se passer sur l’eau. »

Russell Coutts (NZ), skipper, ORACLE Racing Coutts (USA) : « Nous nous sommes entrainés autant que nous pouvions et je pense que nous sommes prêts. Nous nous concentrons sur la course maintenant et nous avons nos chances de l’emporter. C’est satisfaisant d’aborder comme cela la compétition. »

Crédit Photo: © ACEA (2011) / Photo Gilles Martin-Raget

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– CP –

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