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VG2020 : Thomas Ruyant (LinkedOut), leader qui s’affirme

Thomas Ruyant (LinkedOut) a pris la tête du Vendée Globe depuis vendredi soir. Avec 32,43 milles d’avance sur Alex Thomson (HUGO BOSS), le nordiste ouvre la voie dans l’anticyclone de Sainte-Hélène. Charlie Dalin (Apivia) complète ce trio qui fonce avec l’espoir de profiter au mieux d’une option météo qui ne sourira pas à tout le monde…

Thomas Ruyant a glissé en tête du Vendée Globe la nuit dernière, dans la descente qui mène au contournement de l’anticyclone de Sainte-Hélène. Le skipper de LinkedOut devance désormais Alex Thomson, qui a tenu le haut de la rampe sans discontinuer depuis dimanche dernier, et qui a vu son avance fondre progressivement le long des côtes brésiliennes. 32,43 milles séparaient le skipper britannique du leader nordiste au classement de 18 heures ce samedi, le Normand Charlie Dalin (Apivia) complétant le trio de tête (+67,79 milles).

Le trident, même, serait-on tenté d’écrire tant les écarts longitudinaux ont joué un rôle dans la répartition des positions. Du plus à l’Ouest, Alex Thomson, au plus à l’Est, Thomas Ruyant, l’écart latéral était encore cet après-midi d’environ 80 milles. Et, entre les deux, et bien qu’il ait doucement abattu, Charlie Dalin garde une position centrale, à 35,4 milles du skipper anglais et une bonne soixantaine de la route orientale de Thomas Ruyant.

LinkedOut : 511,4 milles en 24 heures

Joint ce matin, le Dunkerquois se félicitait d’avoir été bien servi : « Mon décalage vers l’Est s’est fait naturellement : je cherchais à avoir un angle rapide, à avoir une bonne pression tout le temps. Alex (Thomson) a été plus lent que nous pendant longtemps, il a peut-être eu moins de vent sur cette première partie de l’Atlantique Sud. Là nous avons tous les trois des vitesses proches ». Bien joué : Thomas Ruyant a signé une moyenne de 511,4 milles sur 24 heures dans la journée d’hier, sur une moyenne donc de 21,2 nœuds. Une performance proche du record établi par Alex Thomson en IMOCA, établi à 536,81 milles en 24 heures.

Les trois leaders ont manifestement pris leur parti de jouer à chat en s’enfonçant dans le trou de souris qu’un front froid ménage dans l’anticyclone de Sainte-Hélène, et qui va leur permettre de couper le fromage en deux. Là, ils trouvent encore un vent modéré de Nord-Est d’une quinzaine de nœuds qui leur permet de maintenir des vitesses élevées à une centaine de degrés du vent. LinkedOut, HUGO BOSS et Apivia vont préserver leurs angles optimums par rapport au vent, qui adonnera progressivement en début de semaine. Les concurrents navigueront alors plein vent arrière dans un couloir étroit, les obligeant à empanner régulièrement. On verra alors qui aura le mieux intégré ce passage stratégique classique dans la réflexion du design global de son bateau… et qui aura eu la bonne idée éventuellement de glisser un spi dans son paquetage…

Le groupe de chasse à la conquête de l’option

Il est encore un peu trop tôt, en termes météo, pour savoir qui pourra profiter de l’interstice qui, progressivement, va être comblé par l’anticyclone revenu du Sud. Le front froid laissera-t-il passer trois, six, dix bateaux ? En tout cas, le trio a fait le break : 4e, Jean Le Cam (Yes We Cam!) concède 308,64 milles de retard. Sixième de la flotte, Louis Burton (Bureau Vallée 2, +364,83 milles) a ménagé ses options : « Il faut essayer de garder un rythme appuyé parce que plus ça va aller, plus ce sera compliqué (de passer). Sur le timing, ce serait bien de prendre le couloir de la dépression parce que tu peux partir avec cette dépression vers Bonne-Espérance. Sinon, l’anticyclone se reforme dans l’Ouest, et il faudra alors faire le tour de la bordure anticyclonique. Ce n’est pas simple quand l’anticyclone est en formation… Bon, la météo n’est jamais très précise dans ces zones, et pour nous, c’est un coup de poker. On va plein Sud, et on affine au fur et à mesure par rapport à l’anticyclone pour ne pas se faire piéger trop près du centre ».

9e de ce Vendée Globe, Sam Davies (Initiatives-Cœur) poursuit sa brillante épopée. Si elle est la plus au nord du groupe de suiveurs, la navigatrice anglaise vient de conclure une session de 24 heures à 18,9 nœuds de moyenne, qui lui permet de nourrir encore l’espérance de ne pas avoir à faire le tour de Sainte-Hélène par le Sud. De la même manière, Sébastien Simon (ARKEA PAPREC), 10e, tente de tracer sa route en attendant d’avoir fini de bricoler sa girouette, qui l’a lâché. Privé de cet élément électronique, le Vendéen avance vite, mais à tâtons. « Le bateau bouge beaucoup et j’essaye de brancher de tous petits fils de un millimètre de diamètre, ce n’est pas simple, a-t-il raconté à la vacation du Vendée Live, l’émission quotidienne du Vendée Globe (12h30 pour la version française, 13h30 pour la version internationale). Le front froid qui coupe actuellement l’anticyclone en deux va en effet permettre au groupe de tête de s’insérer dans ce trou de souris. Ils seront peut-être les seuls à pouvoir s’y engager car, derrière, l’anticyclone va se reformer en une seule et même grosse bulle. Le reste de la flotte pourra être contraint de contourner la zone de hautes pressions par l’ouest puis le sud. Dans les 48 heures qui viennent les positionnements des uns et des autres vont être clés. Avoir la vitesse peut permettre d’ouvrir le champ des possibles ».

Les galères d’Isabelle Joschke

Vendredi soir, Isabelle Joschke a eu la très désagréable surprise de voir la poulie d’écoute du gennaker s’arracher, puis d’assister à l’arrachage par ladite écoute du système de balcon arrière et ses filières. Brutal, le phénomène l’a ménagée physiquement, et le bateau n’a pas perdu en performance. Cependant, il manque un élément de sécurité à l’arrière de son MACSF. En attendant des heures plus stables, la Franco-Allemande a opéré une réparation de fortune. Elle en a également profité pour réparer… une pénalité de deux heures suite à une rupture accidentelle du plomb de son hélice d’arbre.

Kojiro, c’est reparti ?

Il aura fallu près d’une semaine à Kojiro Shiraishi, les bons conseils de la terre et une patience infinie pour achever les réparations de sa grand-voile. Si sa vitesse était encore relative cet après-midi, le skipper japonais de DMG Mori Global One a commencé à s’éloigner des côtes de l’archipel du Cap-Vert.

La zone des glaces inchangée

Ce samedi sonnait également une première échéance de sécurité. La direction de course avait encore la possibilité de modifier la première partie de la Zone d’Exclusion Antarctique, qui prémunit la flotte de toute rencontre avec des icebergs. Une dernière session de vérification sur les photos satellites, validée ce matin, a permis de réconforter la direction de course et de garder telle quelle la description de la Zone d’Exclusion Antarctique dans sa version 1. Au fil des jours, Jacques Caraës, la direction de course dans son ensemble et CLS, fournisseur officiel du Vendée Globe, scruteront les images satellites pour s’assurer que la route est sûre… pour ce qui est discernable en tout cas.

Ils ont dit

Louis Burton, Bureau Vallée 2

Malgré les complexités occasionnelles, les pénalités, les réparations à faire, je me marre, je suis sur un bon rythme. Bureau Vallée 2 est un bateau hyper sensible parce qu’il est très léger. Il réagit au moindre petit réglage. J’ai de la bonne bouffe à bord, je dors bien, c’est le bonheur, tous les ingrédients sont réunis pour attaquer au maximum.

Thomas Ruyant, LinkedOut

J’ai plusieurs options pour dormir. Là, je suis sur un gros matelas qui est à 20 cm du sol, bien épais, assez large, fait sur-mesure pour moi. J’ai aussi mon gros siège baquet central incliné, qui est bien pour les petites siestes. Après, j’ai un pouf, dans certaines conditions, c’est pas mal, je peux le mettre un peu partout dans le bateau. C’est vrai que l’on fait des rêves bizarres en mer. Parfois, je pars très loin, je rêve beaucoup ! Ce n’est d’ailleurs pas très agréable, un peu du genre cauchemar. Mais tout va bien hein ! Je ne me réveille pas en panique ni en sueur. Je ne suis pas beaucoup en contact avec la terre. J’ai eu quelques rendez-vous partenaires depuis le départ. J’écris pas mal sur Whatsapp, mais j’évite de passer mon temps là-dessus, ce n’est pas mon truc, ce n’est pas ma façon de faire ma course. Après avoir raccroché, je vais aller dormir encore ! Je vais d’abord border un « chouil’ » et aller dormir !

Maxime Sorel, V and B-Mayenne

Je suis dans un vent assez serré depuis plus de 24 heures, aux alentours des 70-80°. J’ai l’impression que les copains de devant glissent un peu plus. Cela devient un peu monotone, je n’ai pas l’habitude. Nous allons être sur le même bord pendant plusieurs jours, avec pas beaucoup de réglages, pas de changement de voiles. C’est la première fois que ça m’arrive d’être aussi longtemps sur le même bord. La descente de l’Atlantique Sud va se faire sur le même angle, assez serré. Ce n’est pas hyper rapide du coup pour moi. Mon bateau n’est pas super puissant, ce sont clairement des conditions pour les foilers, mais cela fait partie du jeu.

Je pense que c’est une étape à franchir sur le Vendée Globe ! Je me rends bien compte de la durée de l’épreuve. Moi, j’adore la régate au contact, j’adore manœuvrer, presque j’adore quand c’est dur. Ce n’est pas la partie du Vendée Globe que je préfère, c’est un peu monotone. J’aime avoir des nouvelles de la terre, j’échange avec plein de gens, cela me permet de divaguer un peu, de sortir la tête du bateau. Je lis des news qui n’ont rien avoir avec la course, des petits articles, je ne suis pas un marin solitaire pur. Mais je me cale bien sur les rythmes que le bateau m’impose, je suis bien. Il me reste du pain des Sables d’Olonne ! Je mange des graines, un peu de charcuterie pour les protéines et puis pas mal de compotes. Pour l’eau, c’est compliqué, je ne bois pas assez. C’est la première fois aussi que je fais une course où il y a besoin d’un dessalinisateur. J’ai l’impression de moins boire parce que l’eau est moins bonne. J’ai moins envie de boire, je me force à boire une eau que je n’apprécie pas trop, environ 2,5 à 3 litres.

CLASSEMENT

18:00 (Heure française)  
 
1. Thomas Ruyant (LinkedOut), à 19 943.9 milles de l’arrivée
2. Alex Thomson (HUGO BOSS), à 32.43 milles du leader
3. Charlie Dalin (Apivia), à 67.79 milles du leader
4. Jean Le Cam (Yes We Cam!), à 308.64 milles
5. Kevin Escoffier (PRB), à 349.78 milles

Crédit Photo : Pierre Bouras

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