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VG2020 : Petits soucis et gros tracas

Coup de tonnerre sur la flotte du Vendée Globe : Alex Thomson fait face à d’importants problèmes structurels sur son HUGO BOSS. Le Britannique, hier en 2ème position, 40 milles dans le tableau arrière de Thomas Ruyant, a décéléré considérablement, laissant filer ses adversaires pour réparer une lisse longitudinale à l’avant du bateau, et accuse déjà 200 milles de retard. Dans le même temps, Thomas Ruyant montait au mât pour réparer ses problèmes de drisses. En plus d’une météo stratégiquement compliquée, les skippers bricolent et opèrent des contrôles draconiens sur leurs IMOCA… Le grand Sud n’est plus si loin.

Opération stratification

Bien lui en a pris de faire un tour complet du bateau avant d’attaquer les océans australs. Alex Thomson a donc repéré une lisse longitudinale (renfort structurel) probablement décollée et qui aurait pu à terme créer d’autres dégâts plus conséquents. Ross Daniel, directeur technique de l’écurie Alex Thomson Racing expliquait ce midi : « Alex a maintenant mis le bateau dans une position sûre pour gérer l’état de la mer afin de réduire les mouvements à bord pendant qu’il effectue la réparation. Il a tout le matériel nécessaire à bord, un plan détaillé à suivre et une équipe d’ingénieurs ultra qualifiée qui le conseille. Nous sommes donc confiants dans sa capacité à mener à bien la réparation. » Atelier ponçage, collage des tissus carbone et stratification pour le skipper d’HUGO BOSS qui se voit contraint de passer son tour dans le couloir ouvert à la tête de flotte, mais dont la porte pourrait bien commencer à grincer voire se refermer complètement. Alex Thomson, comme ses poursuivants directs (le groupe emmené par Kevin Escoffier sur PRB) à moins d’une journée de sa position, devra composer avec des petits airs et perdre beaucoup de terrain sur Thomas Ruyant et Charlie Dalin : 200 milles déjà à 16h. A moins qu’il ne reparte rapidement…

Ruyant hallucinant !

Privé depuis le départ du Vendée Globe de l’une de ces deux drisses qui lui servent à envoyer en tête de mât ses voiles de portant, le skipper de LinkedOut cherchait depuis plusieurs jours le bon moment pour monter dans son mât de 28 mètres de haut et effectuer d’importantes réparations avant l’entrée dans le grand Sud. La drisse de secours s’est rompue hier soir, le Dunkerquois n’a donc eu d’autre choix que de grimper. Dans une mer désordonnée, alors que le bateau continuait de progresser sous voiles, Thomas Ruyant a escaladé l’immense tube de carbone pour réparer… sans jamais s’arrêter. Les deux IMOCA de tête, LinkedOut et Apivia, bord à bord à 10 milles d’écart, poursuivent une bataille endiablée dans un petit front froid sous l’anticyclone de Sainte-Hélène qui leur demandera une attention de tous les instants et un nombre de manœuvres incalculable…

Marier compétition et prudence pour durer

La flotte du 9ème Vendée Globe s’étire sur plus de 3000 milles, Jérémie Beyou, 32ème, allongeant la foulée dans le sud des Canaries. A entendre les skippers en vacation ou à lire les messages envoyés du bord, quel que soit l’âge du bateau ou son positionnement sur l’échiquier atlantique, chaque jour apporte son lot de bricoles et de réparations. Hier, c’était une girouette pour Sébastien Simon, aujourd’hui une stratification sur une pièce du puits de foils pour Armel Tripon, toute la semaine la refonte totale de la grand-voile du Japonais Kojiro Shiraishi… Des petits ou gros tracas pour tous sans exception, foiler ou pas. Armel Tripon, le sage et philosophe skipper de L’Occitane en Provence en parle mieux que quiconque : « Le bateau ne demande qu’à accélérer, les polaires sont construites dans ce sens-là, les équipes et architectes poussent pour aller vite. Maintenant c’est à chaque marin de naviguer en son âme et conscience. ».

Ils ont dit

Fabrice Amedeo, Newrest-Art & Fenêtres

Ça fait quelques jours que je regarde comment se présente le Pot au Noir et je suis persuadé qu’il faut passer autour de 29° Ouest pour s’en sortir facilement. J’ai organisé ma trajectoire pour être là-dessus, j’ai même fait un recalage dans l’Ouest de 20 milles pour assurer le coup. Je pense que c’est vraiment par-là que ça va se jouer. Ce n’est pas une science exacte mais à priori, il ne fait que 80 milles d’épaisseur donc ça ne devrait pas être trop long à traverser. Je suis content car tant que j’étais derrière, j’avais l’impression d’être seul et pas en course. Le fait de retrouver de la proximité avec les concurrents, me fait beaucoup de bien. Ça marque mon retour dans la course. 

Charlie Dalin, Apivia

J’espère que le problème d’Alex (Thomson) n’est pas trop grave et que l’étendue des dégâts est limitée. J’espère surtout que cela ne signifie pas pour lui la fin du Vendée Globe. On fait une belle course avec lui, et le trio que nous composons est très stimulant.

Le programme de la journée ? C’est toujours du vent faible. On va travailler dans ce trou de souris, cette toute petite zone de vent, avec l’objectif de rester dedans. Il faut éviter les bas-côtés. Je vais m’efforcer de rester là et pour cela, je vais beaucoup surveiller la météo qui n’est pas très bien modélisée. Les informations changent beaucoup selon les fichiers, mais malgré ça, il faut essayer de rester dans cette zone, au milieu du couloir. On y est pour un moment : on va subir ce phénomène pendant plusieurs jours et à un moment donné, il n’y aura plus le choix : il faudra se résoudre à traverser une zone de vents faibles pour rejoindre l’autoroute du Sud 

Armel Tripon, L’Occitane en Provence

Je viens d’apprendre pour le problème structurel d’Alex Thomson. C’est un sport mécanique donc forcément, il va y avoir des problèmes, ces bateaux sont encore inconnus, on a peu navigué avec pendant longtemps à des fortes vitesses. On va découvrir des choses au fur et à mesure. Pourtant on navigue tous sagement, on ne tire pas sur les bateaux comme on aurait dû. Il y a plein de situations où on ne sait pas comment le bateau va réagir sur la longueur et c’est vrai qu’avec les foils, ça amène de nouvelles contraintes de charge, on ne maîtrise pas tout. C’est une nouvelle manière de naviguer. Le bateau ne demande qu’à accélérer, les polaires sont construites dans ce sens-là, les équipes et architectes poussent pour aller vite. Maintenant c’est à chaque marin de naviguer en son âme et conscience. J’ai pas mal de petits soucis à régler, les problèmes apparaissent avant que je puisse les détecter. Je fais un tour de la structure régulièrement, après que le bateau ait été soumis à des efforts. Hier j’ai passé pas mal de temps à faire du composite sur une pièce du puits de foil qui s’était arraché avec l’effort donc il a fallu poncer, meuler, coller, c’était une journée à l’atelier ! 

CLASSEMENT 15:00 Heure française

1. Thomas Ruyant (LinkedOut)  à 19 676,8 milles de l’arrivée
2. Charlie Dalin (Apivia) à 24,24 milles du leader
3. Alex Thomson (HUGO BOSS) à 171,42 milles du leader
4. Jean Le Cam (Yes We Cam!) à 278,53 milles du leader
5. Kevin Escoffier (PRB) à 293,65 milles du leader

Crédit Photo : Pierre Bouras

Tags sur NauticNews : Vendée GlobeVG2020

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