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VG2020 : un nouveau trio en tête de flotte

Depuis le passage du skipper Finlandais, Ari Huusela, à la longitude du Cap de Bonne-Espérance ce midi, les 27 IMOCA encore en course naviguent désormais tous dans l’océan Indien sur une grande guirlande de 3 700 milles. Et si ce 9e Vendée Globe n’est pas parti pour battre des records de vitesse (Le Cléac’h et Thomson étaient déjà à la longitude de la Nouvelle Zélande lors du Vendée Globe 2016 au 34e jour de course), l’intensité de la régate, elle, bat son plein : les dés sont relancés en tête et de sacrées bagarres se déroulent à tous les étages.

Yannick Bestaven à l’attaque !

« On est sorti de ce régime de vents forts donc j’en ai profité pour attaquer. Depuis 48 heures, je navigue à 100% du potentiel du bateau » expliquait ce matin à la vacation le skipper de Maître CoQ, gai comme un pinson, revenu comme une balle à 10 milles de Thomas Ruyant. Charlie Dalin, en tête depuis le 23 novembre dernier, voit donc trembler son trône, après avoir considérablement ralenti dans une zone de vents faibles. Il avait 285 milles d’avance il y a 3 jours, il n’en a plus que 80 ! « Je ne suis pas de nature à me plaindre mais entre le coup de vent que je suis seul à m’être pris et maintenant la pétole que je suis seul à me prendre, ça commence un peu à me peser. Ça suffit ! » pestait le Havrais ce matin.

Des chasseurs sachant chasser

Ça revient par derrière car il y a plus de vent, et ça ralentit par devant :  c’est le principe de l’élastique qui se détend et qui engendre un regroupement. Les 11 premiers monocoques de 18,28 m se tiennent en 500 milles de Dalin à Sorel et dans cette troupe aux abois se déroule un incroyable duel entre deux bateaux à dérives « droites ». Groupe APICIL, 4e, et Yes We Cam!, 5e, lancés en 2007 et préparés aux petits oignons dans l’écurie de Jean Le Cam, ne se lâchent plus d’une semelle, les skippers conversant même à la VHF. Belle bagarre également entre Isabelle Joschke et Boris Herrmann séparés de 6 milles au pointage, Isa affichant la deuxième meilleure vitesse moyenne ces dernière 24h : 18,6 nœuds contre 18,8 nœuds pour Yannick Bestaven. Pour ce groupe de chasseurs, c’est le moment de tout donner pour ne pas se faire rattraper par l’anticyclone des Mascareignes qui s’étend et monter dans le train de la dépression qui arrive d’Australie !

Pelotons et chasse-patates de Bonne-Espérance aux Kerguelen

Derrière le duel auquel se livrent Romain Attanasio (qui a déchiré son grand gennaker ce matin) et Clarisse Crémer, deux solitaires naviguent bien seuls loin des camarades de jeu : Armel Tripon sur L’Occitane En Provence au nord des Kerguelen et Alan Roura au nord de l’archipel Crozet. En chasse-patates, les deux hommes tentent de recoller aux échappés laissant derrière eux 12 bateaux au grand large de Madagascar et de l’Afrique du Sud batailler dans des zones de vents faibles et irréguliers. La nuit dernière, Sébastien Destremau et Jérémie Beyou se sont croisés de très près et ont échangé quelques mots. Le skipper de Charal retrouve enfin les joies de la régate autour du globe ! Pour tous, la navigation vers l’Est rime avec décalage horaire déroutant : « Le décalage de l’heure solaire se fait extrêmement rapidement. On change d’heure solaire pratiquement toutes les heures. L’aube arrive vers 21 heures TU ! C’est assez déroutant » confie Charlie Dalin, l’homme de tête, donc le plus à l’Est de la flotte du 9e Vendée Globe.

Ils ont dit

Charlie Dalin, Apivia

Hier, j’ai vu mon avance fondre à vue d’œil. J’ai traversé une zone de molle. Cela faisait un moment que je l’avais repérée sur les cartes et je ne savais pas trop comment l’aborder. L’éviter faisait faire un énorme détour. Sur le papier, j’avais moins de 8 nœuds de vent dedans. J’ai eu des phases à 3 nœuds. Là, j’ai retrouvé du vent, 25 nœuds, rafales à 30, j’ai fait du 26/27 nœuds pendant une heure. Mais quand j’avance trop, je me retrouve dans des zones où il y a moins de vent. J’ai dû attendre que le vent me rattrape à nouveau pour redémarrer. J’avance en même temps que le vent rentre. Derrière, c’est plus établi avec un angle un peu meilleur. Je pense que l’hémorragie est un peu stabilisée, mais elle n’est pas complètement jugulée, il y a des chances pour que je continue à perdre quelques milles encore quelques temps. C’est comme ça ! J’espère que c’est le dernier épisode. Ça va bien finir par se stabiliser. Je fais mon maximum pour aller vite mais malheureusement, je me fais rattraper par mes poursuivants et ça va encore continuer un peu.

Yannick Bestaven, Maître CoQ IV

Ça va la mer est plutôt bien rangée, j’ai une vingtaine de nœuds avec parfois des passages de grains. Les conditions sont un peu irrégulières mais ça va. On est sorti de ce régime de vents forts donc j’en ai profité pour attaquer. Depuis 48 heures, je navigue plutôt à 100% du potentiel du bateau. Je peux le faire car le bateau est en parfait état et puis je peux aller vite et me reposer en même temps donc c’est plutôt chouette. Je navigue avec le maximum de toile que le bateau peut supporter à cette allure, donc j’ai un petit gennaker et une grand-voile avec un ris ou pas. Avant, la mer était vraiment en mauvais état, on plantait dans les vagues, donc on ne pouvait pas aller vite, maintenant on peut être à fond et ça fait plaisir. Je me suis cogné un petit peu partout dans le bateau, c’était très inconfortable. J’ai pris des coups aux cervicales, à la tête, au dos, car le bateau sautait dans tous les sens. C’était physiquement et moralement dur, mais le bonhomme s’en est bien sorti.

Jérémie Beyou, Charal

J’ai eu une bonne journée hier, j’ai enfin réussi à recoller au peloton. Ça fait du bien de voir du monde autour. Je viens d’avoir Sébastien Destremau à la VHF, c’était sympa de parler avec quelqu’un de vive voix aussi. C’est l’objectif que je m’étais fixé avant le départ. Avant Bonne-Espérance, je voulais faire la jonction avec le groupe de devant. Premier objectif rempli. C’était important pour moi. Et puis avoir trouvé les ressources pour faire avancer le bateau correctement jusque-là. Ce sont des petites victoires, il faut en profiter… Bon après : 24 jours pour aller à Bonne-Espérance… ça fait beaucoup ! La météo n’a pas été clémente avec nous. Néanmoins on y est. J’espère que la suite sera plus simple quand même. Jusqu’à ce matin, les conditions de mer et de vent étaient assez violentes. J’ai hâte de me retrouver tranquille devant un front pour pouvoir faire avancer le bateau plus facilement. On est train de se croiser avec Seb. Il est à trois milles de moi juste devant, mais je n’arrive pas à le garder en visu avec la mer qui épouse le ciel. Je vais aussi placer un empannage dans pas longtemps, on va être sur la même trajectoire. 

CLASSEMENT à 15h00 Heure Française

1. Charlie Dalin, Apivia, à 13 710.6 milles de l’arrivée
2. Thomas Ruyant, LinkedOut, à 81.48 milles du leader
3. Yannick Bestaven, Maître CoQ IV, à 97.38 milles du leader
4. Jean Le Cam, Yes We Cam!, à 222.23 milles du leader
5. Damien Seguin, Groupe APICIL, à 230.37 milles du leader

Crédit Photo : Yannick Bestaven

Tags sur NauticNews : Vendée GlobeVG2020

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