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Transat Jacques Vabre 2017 : ils sont tenaces!

Tenaces les marins de cette 13e Transat Jacques Vabre ! Comme Lalou Roucayrol et Alex Pella (Arkema), qui l’ont emporté au lever du jour en Multi50 et pulvérisent le record de l’épreuve de leur classe. A l’image aussi d’un St Michel-Virbac qui ne lâche rien et continue sa démonstration en approche des côtes brésiliennes. Tenaces encore ces skippers Imoca enfermés dans le Pot au noir qui n’en finit pas de jouer avec leurs nerfs. Et que dire des Class40 qui continuent de livrer sans fléchir la régate la plus acharnée et indécise toutes classes confondues ? 11 jours déjà que les skippers ont quitté le port du Havre. A fond de train ou à bout de souffle, il faut vraiment être tenace.

Multi50 : Les deux font la paire
– Arkema remporte la 13e Transat Jacques Vabre en Multi50. Il boucle le parcours en 10 jours, 19 heures, 14 minutes et 19 secondes et devance de 07 heures et 37 minutes FenêtréA-Mix Buffet.

– La satisfaction du travail bien fait, c’est ce qu’on lisait dans les premières déclarations de Lalou Roucayrol et Alex Pella. Un peu comme Thomas Coville et Jean-Luc Nélias, le binôme formé par le Médocain et le Catalan a visiblement fonctionné à merveille. Complicité dans la performance, même envie de pousser le bateau très fort dès le départ, résistance à la fatigue et à l’humidité sur ce Multi50, sans doute le plus inconfortable de la flotte…

Troisième, Réauté Chocolat s’apprête à compléter le podium. Armel Tripon et Vincent Barnaud sont attendus demain matin à Salvador de Bahia.

Imoca : Le podium se dessine clairement
Toujours en tête à moins de 800 milles de l’arrivée, St Michel-Virbac a porté son avance à 80 milles sur SMA. Troisième, Des Voiles et Vous ! peut respirer. Il complète ce podium provisoire et s’avouait ce midi soulagé de voir Malizia II rattrapé par le Pot au noir. Quatrièmes, Boris Herrman et Thomas Ruyant viennent tout juste de redémarrer à 8 nœuds et accusent désormais un retard de 170 milles…

L’infortune du Pot
La zone de convergence intertropicale est descendue de plusieurs degrés de latitude depuis 36 heures et a refermé son étau sur plusieurs concurrents malchanceux. C’est particulièrement vrai pour les bateaux positionnés à l’ouest, là où se trouvait en théorie la brèche il y a deux jours. Rien ne va plus donc pour Malizia II mais aussi Bureau Vallée 2, relégué en 7e position et Generali qui voit revenir dans son sillage La Fabrique. « On n’a pas avancé de la nuit confessait Isabelle Joschke à la vacation. On arrive à rester calme mais il faut qu’on arrive à trouver la sortie »… Bastide Otio et Initiatives-Cœur sont les deux bateaux qui font la meilleure opération dans cette histoire, remis clairement dans le match pour attaquer l’alizé du sud-est.

Class40 : Option et compression
Du nouveau en Class40. La tête de course commence à entrevoir les prémices du Pot au noir. Phil Sharp et Pablo Santurde, Imery Clean Energy, ont clairement choisi de se décaler vers l’ouest en empannant alors que V and B et Aïna Enfance et Avenir filent plein sud, espérant que le Pot au noir y sera plus maigre. Derrière, les poursuivants immédiats recollent. V and B n’est plus qu’à 45 milles et Région Normandie Junior Senior by Evernex à 70. La question reste entière de savoir si l’élastique jouera dans les deux sens à la sortie du Pot au noir, espérée pour dimanche. La Zone de convergence intertropicale s’étend actuellement sur 500 milles Nord-Sud… « Un Pot au noir historique, nous dit-on ! » s’exclamait Arthur Le Vaillant à la vacation qui ne se départit jamais de sa bonne humeur. Une qualité qui compte lorsqu’il faut aligner les heures de barre par 35° C.

Remorquage : Depuis 9 h 50 ce matin, Lionel Lemonchois et Bernard Stamm sont en sécurité, à bord de Prince de Bretagne remorqué par lepatrouilleur de la marine brésilien venu à leur secours. Le convoi avance à petite vitesse vers Salvador de Bahia qu’ils devraient rallier dans la nuit.

Escale : Eärendil (Catherine Pourre et Benoît Hochart) est arrivé à Mindelo pour réparer sa ferrure de safran. Il a retrouvé sur les pontons de la petite marina Ciela Village de Thierry Bouchard et Oliver Krauss, toujours sur place suite à son abandon.

Ils ont dit
Lalou Roucayrol, skipper de Arkema
« Il y a deux ans, je me suis arrêté à Salvador de Bahia car j’avais le bateau coupé en deux et on a du faire de la stratification pour repartir sur Itajai et finir la course. On a franchement mérité cette victoire, on a fait une belle course, je suis vraiment content. On a mis du charbon tout le temps, on a été vite. Ca a été la bagarre du début jusqu’à la fin. On a fait un départ magnifique, c’est dingue, c’est la première fois qu’on navigue ensemble. J’étais rassuré de partir avec Alex, ça m’a soulagé qu’il soit d’accord de partir avec moi. Une Transat Jacques Vabre, c’est un engagement, tu navigues toujours à 110% des polaires, c’est sport. »

Alex Pella, co-skipper de Arkema
« C’est génial le Mutli50 ! C’est une belle expérience, ce sont des super-bateaux, j’ai compris le mode d’emploi au fur et à mesure. J’étais heureux d’être là, ce bateau a un potentiel énorme. On n’a jamais eu de problème de vitesse. Ca me rassure pour Lalou pour la Route du Rhum. Par contre, c’est vraiment inconfortable ! Nous n’avons eu aucun souci technique majeur, la préparation était parfaite, un grand merci à l’équipe technique. On s’est super bien entendu avec Lalou, tous les ingrédients étaient là. »

Olivier Cardin, Région Normandie Junior Senior by Evernex (Class40)
« Ça va chaudement. On a un petit 10 nœuds de vent aux alentours de l’est-nord-est. Ça mollit petit à petit. On fait route au 200. Les premiers commencent à rentrer dans le Pot, Imerys Clean Energy, V and B et Aïna Enfance et Avenir se sont un peu arrêtés. On est content, il y a eu des hauts et des bas. Il nous manque le spi lourd qui est déchiré, donc on avait fait une route trop ouest pour compenser cela, et sous le Cap Vert, on était dans le dévent. Là, on est content, on marche bien. A bord on est bien organisé, on se repose. Le Pot est très large, les premiers rentrent dedans. Jusqu’à la nuit de samedi à dimanche, on sera dedans. Deux jours et demi à souffrir car il commence à faire vraiment vraiment chaud. On a descendu le J1 qui était abimé pour faire quelques points de couture. Rien que de faire ça, tu dégoulines. Le mieux, c’est de s’allonger et dormir ! Mais on boit beaucoup, le dessalinisateur marche bien et ça roule. »

Justine Mettraux, co-skipper de TeamWork 40 (Class40)
« Faut qu’on fasse un point de classement, on est revenu sur l’avant de la course, il y a du boulot on commence à avoir des grains. On est bien occupé. Les grains refroidissent l’atmosphère, le ciel est couvert donc c’est plus vivable. On a vu que le Pot au noir allait être compliqué, on s’est bien battu hier et cette nuit pour revenir. Hier matin, premier grain, ça redémarre derrière, mais il faut faire attention aux nuages, devant ça s’est arrêté, c’est l’ambiance Pot au noir. On va essayer d’être réactif sur les changements de voiles. Bertrand a pas de mal de doc sur son ordi donc on étudie tout ça… On descend vers le sud, c’est tout ce qu’on dit. »

Arthur Le Vaillant, skipper d’Aïna, Enfance et Avenir (Class40)
« Ça va très bien. On est en pleine bataille à l’entrée du Pot avec les sargasses et le vent changeant. Le ciel est bleu pour la première fois depuis très longtemps. Donc, c’est crème solaire. Petite douche pour Aymeric qui est tout nu devant moi ! Et des nuages. On est resté un peu bloqué ce matin, on est à 7 nœuds, à la lutte avec V and B et l’Anglais un peu décalé sous le vent. C’est une régate géniale, et c’est pas fini parce qu’il y a les autres qui reviennent derrière. On mange du chocolat apporté par un copain et ça met du jus. C’est dur ? Oui, mais c’est comme tout dans la vie, c’est une question d’envie, d’adrénaline, on parle beaucoup avec Aymeric, on est à l’écoute l’un de l’autre pour toujours garder du jus. Ce Pot au noir est paraît-il un des plus beaux de l’histoire ! Il va jouer avec nos nerfs une bonne trentaine d’heures. »

Bernard Stamm, co-skipper de Prince de Bretagne (Ultime)
« Le hauban a lâché, on sait pas trop où. On était en mode approche, pas très rapide donc. C’est tombé sous le vent, doucement, le mât n’était pas cassé, on a réussi à récupérer à peu près tout. Le seul truc qu’on a laissé dans l’eau, c’est le gennaker pour qu’il freine la dérive. Ce matin, le patrouilleur est arrivé. Il y a eu un peu de tâtonnements avant de passer la remorque. Les marins avaient un souci de moteur sur le zodiac, mais ça s’est bien passé. Maintenant, on est à 10 nœuds vers Bahia, on en a encore pour 7 heures environ. Les dégâts sont mineurs, toutes les voiles sont réutilisables flotteur et bras n’ont rien, il n’y a que l’électronique qui a ramassé. Nous, on a n’a pas eu le temps de se lamenter sur notre sort. Il fallait aller vite, on a actionné. Maintenant il nous tarde l’apéro Si tu nous avais dit hier qu’on aurait mis une journée de plus… »

FenêtréA – Mix Buffet : « Il était temps que le bateau arrive »
Ce jeudi, à 16h26 (heure de Paris), le Multi50 FenêtréA – Mix Buffet a franchi la ligne d’arrivée de la 13e Transat Jacques Vabre, bouclant ainsi les 4 350 milles du parcours entre Le Havre et Salvador de Bahia en deuxième position, 7h37 après Arkema, le grand vainqueur de l’épreuve dans sa catégorie, avec lequel il s’est livré à un incroyable mano a mano avant de cumuler les pépins techniques. En effet, peu avant l’entrée dans le Pot-au-Noir, Erwan Le Roux et Vincent Riou ont tapé un OFNI qui a explosé la dérive du bateau avant d’être confrontés à une avarie de drisse de gennaker et une foule de petits soucis qui se sont cumulés les uns après les autres. Malgré ce contexte, les deux hommes se sont battus comme des diables pour finir la course avec un trimaran entier. Alors certes, le marin Morbihannais n’a pas décroché la quatrième victoire sur la Route du Café qui l’aurait fait rentrer encore un peu plus dans l’histoire de la course, mais il garde toutefois le plaisir d’avoir vécu une très belle transat avec Vincent et de partager la joie de Lalou Roucayrol et Alex Pella.

Dans quel état d’esprit bouclez-vous cette 13e édition de la Transat Jacques Vabre ?
« Clairement, on est très content d’arriver. Il était grand temps que le bateau touche terre car il a beaucoup souffert pendant cette Route du Café. On sait parfaitement où on a perdu la course. C’était juste avant le Pot-au-Noir. Vincent a crié « attention un bidon ! », et à peine deux minutes plus tard, la dérive s’est ouverte en chou-fleur. Ça a été un peu dur pour le moral surtout qu’ensuite, le Pot-au-Noir nous est tombé dessus comme jamais. Dès lors, on a vu Arkema revenir sur nous comme une fusée surtout qu’on a assez mal géré la sortie. Ainsi, après avoir compté 100 milles de retard, il est repassé devant avec 20 milles d’avance qui se sont ensuite transformés en 50, d’autant qu’entre-temps notre drisse de gennaker a cassé. La descente aux enfers a commencé. Même avec la meilleure volonté du monde, quand on cumule ce genre de pépins, on ne peut pas lutter. On a terminé la course avec la seule idée d’arriver. Au final, on ne finit pas si loin de Lalou et Alex mais, comme je l’ai déjà dit, il était temps que ça se termine. »

Ça a dû être dur à accepter, surtout après un si joli début de course…
« C’est sûr. On est parti prudemment, à notre image, en se disant qu’on allait voir qui allait imposer le rythme. On s’est ainsi accroché à la roue d’Arkema mais rapidement, c’est devenu compliqué parce qu’il a mis du gros charbon. On a donc fait notre course et mis les gaz un peu plus tard, au moment qui nous paraissait le mieux pour nous. Après le front, on a bien géré l’anticyclone et la bascule du vent, ce qui fait qu’on a empanné en tête. Ensuite, dans la molle au large de la Mauritanie, on a gardé un écart en latéral en sachant que c’était un avantage pour nous, ce qui a été le cas. Après, évidemment, tout est devenu compliqué avec tous les soucis que l’on a rencontrés. »

Quel sentiment domine à l’arrivée ?
« Comme je suis un compétiteur, évidemment je n’aime pas perdre mais Lalou est devenu un ami et quitte à me faire battre par quelqu’un, je ne pouvais pas espérer mieux que lui. Je suis sincèrement content pour lui et tout le team Arkema. Ces dernières années, ils ont fait un super taf. Cette victoire sur une grande course, cela fait un moment qu’ils couraient après. Ils n’ont jamais rien lâché et cette première place, ils ne l’ont pas volée. »

Vincent, comment avez-vous vécu cette Transat Jacques Vabre en compagnie d’Erwan Le Roux ?
« Je termine cette transat avec le sentiment du travail bien fait car je pense qu’avec Erwan, on a correctement fait le job. On s’est tenu à ce qu’on avait dit avant le départ : on ne s’est pas mis en surchauffe, on a mené le bateau rapidement sans prendre de risques inconsidérés et on a fait de belles trajectoires. Maintenant, il y a des paramètres qui sont particuliers à notre sport. La casse matérielle fait partie du jeu. La chance aussi dans un système comme le Pot-au-Noir. Quoi qu’il en soit, on a vécu une belle histoire humaine. On a su rester conforme à notre plan, ce qui n’est pas toujours facile, surtout dans l’adversité. Finir deuxième, ce n’est évidemment pas ce qu’on espérait mais il faut savoir accepter de ne pas gagner à tous les coups. Lorsque l’on prend un départ de course telle qu’une Transat Jacques Vabre, on vient chercher de la confrontation et de la difficulté ».

Classement le 16/11/17 – 16h06

Class40
1 – Imerys Clean Energy
2 – Aïna Enfance & Avenir
3 – V and B

Multi50
1 – Arkema
2 – FenêtréA – Mix Buffet
3 – Réauté Chocolat

Imoca
1 – St Michel – Virbac
2 – SMA
3 – Malizia II

Ultime
1 – Sodebo Ultim’
2 – Maxi Edmond de Rothschild
3 – Prince de Bretagne

Crédit Photo : Jean-Marie Liot / ALeA / TJV17
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– CP –

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